Où en est La Chine, sa place et son évolution dans le monde, à fin 2023 ?

Depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir, la Chine s’est fortement développée avec en résultante l’élévation de son niveau de vie. En parallèle elle a développé une ambition mondiale de plus en plus ressentie dans tous les pays du monde.

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Par Daniel Moinier Publié le 27 septembre 2023 à 5h30
Chine Place Monde Economie Yuan Moinier
20%la Chine pèse près de 20% du PIB mondial.

Un nombre de plus en plus important d’observateurs regardent cette forte expansion chinoise en craignant les prises de risques exponentiels pour atteindre ses objectifs.

Son but premier : Supplanter les Etats-Unis pour devenir la première puissance mondiale.

Pour y arriver, elle a mis tout en œuvre du point de vue économique pour dépasser les Etats-Unis aux environs de 2028-2030. Années qui « pourraient » voir son PIB dépasser celui des USA ?

En deuxième, elle tisse sa toile mondiale en s’implantant et investissant dans un maximum de pays directement par des injections massives de yuans, d’aides aux gouvernements, par des rachats de sociétés, en injectant des fonds dans des industries stratégiques, principalement Africaines. Elle va bientôt être impliquée dans les ¾ des pays africains.

Auparavant et surtout depuis 1999 avec le « Go Out Policy », la stratégie adoptée vise à encourager les entreprises locales à investir à l’international. La hausse des investissements a été possible par l’accumulation des réserves de change permettant d’acquérir des actifs à l’étranger.

L’autre cible : une volonté de doter les entreprises chinoises d’une expérience internationale pour pouvoir concurrencer les entreprises étrangères entrant sur le territoire depuis la « Open door policy » et aussi par les engagements pris lors de l’accession à l’OMC.

Autre support important : La SASAC : « State-Owned Supervision Administration Commission » créée en 2003 pour superviser les plus importantes entreprises et soutenir leurs prises de participations à l’étranger.

Pour l’intérieur, les autorités centrales chinoises ont mis en place des réglementions sur les investissements étrangers avec rationalisation des procédures d’approbation.

Les quatre cibles principales d’investissements à l’étranger sont :

L’énergie (34,3%)

Les transports (22,9%)

L’immobilier (8,7%)

Les minerais et la métallurgie (6,3%)

Les divertissements et le Tourisme (3%)

Pour plus de détails voir le tableau complet de la répartition des investissements étrangers

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Entre 2000 et 2019, rien qu’en Europe les montants investis se chiffrent à 178,4 Milliards d’euros.

Depuis 2018, leurs parts ont sensiblement diminué et même chuté : moins 40% en 2018, -11% en 2019 et moins encore en 2000.

Seuls les investissements dans le secteur des technologies de l’information et de la communication ont assez bien résisté, – 11.1%.

Ci-dessous : total des investissements mondiaux par année dans le monde en pourcentage

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Tableau des principaux investissements chinois dans le monde

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Après « l’annexion » des pays industrialisés et l‘invasion de l’Afrique, la Chine s’est senti des ailes pour pousser ses pions mondialement, en passant d’une transition de puissance vers l’émergence d’une bipolarité durablement asymétrique, débouchant possiblement vers une nouvelle guerre froide…

Mais les Etats-Unis, malgré leur fort endettement ont encore une économie en pleine essor avec des leaders mondiaux qui ne vont pas facilement se laisser détrôner.

Pour Taiwan, le scénario de la guerre le plus probable :

Depuis 2021 Pékin a multiplié les alertes autour de cette île devenue démocratique en 1996, qui a pour nom officiel : La République de Chine par opposition à la République populaire de Chine. Le gouvernement chinois cherche à interdire aux bateaux de guerre des pays tiers, de traverser sans autorisation le détroit de Taiwan, ce bras de mer de 150 kms qui sépare les deux Chine.

Le fera-t-elle ? Lorsqu’elle se sentira supérieure militairement et économiquement ou si les Américains interviennent ? Le coût d’une telle intervention en vaut-il la peine ?

De plus elle domine déjà physiquement la zone par le nombre de ses bateaux et de son armement.

Depuis la pandémie les cartes ont été redistribuées. La Chine a modifié sa stratégie extérieure en accordant une priorité au Sud afin de gagner à sa cause son combat contre le Nord et elle a en visé, l’Occident démocratique et capitaliste.

Avec le covid, un autre changement important est apparu, la panne de l’immobilier-construction.

Après covid, même si les consommateurs ont repris le chemin des dépenses, la consommation n’est plus celle qu’elle était. Des fissures sont apparues dans la production avec la baisse des cadences.

Côté manufacturier, l’indicateur est retombé vers une contraction de l’activité et maintenant du côté des services.

La panne de l’immobilier-construction est la principale raison du faux redémarrage de l’économie chinoise. Il ne faut pas se laisser abuser par les bons chiffres de croissance sur la première partie de l’année. Débarrassés des restrictions sanitaires, les consommateurs ont repris le chemin des magasins, des restaurants, des cinémas et autres lieux de loisirs. Les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont de ce fait rebondi début 2023. Première alerte cependant, elle coince à nouveau. Entravées dans leur bon fonctionnement, les entreprises ont également pu accélérer leurs cadences de production en sortie de crise, mais là aussi, des premières fissures sont apparues à l’amorce de l’été. Ces couacs se retrouvent dans l’évolution des PMI. Côté manufacturier, l’indicateur est retombé dans la zone annonçant une contraction de l’activité et il s’en rapproche du côté des services.

La demande de logement longtemps portée par la forte conjoncture et le dividende démographique a disparu. Depuis 2022 elle est même devenue négative et devrait se réduire encore. Les migrations importantes vers les grandes villes se sont arrêtées à la suite de la baisse d’activité.

En parallèle la construction d’infrastructures est proche de la rupture.
De plus le ralentissement mondial diminue les commandes de biens et produits courants, ce qui amplifie encore les baisses de production.

Ce retrait économique, freine considérablement les équipements d’origine écologique, climatique. Les véhicules électriques pullulent et restent figés encombrant les villes, les poubelles ne sont plus tout le temps vidées…
Les signaux sont donc au rouge, vers un effondrement immobilier, après des décennies de croissance, est-ce la fin du « miracle » économique chinois. Un indice fort ; Les jeunes ne trouvent plus de travail, le dernier indicateur serait de plus de 21% de chômage, ce qui dépasserait le taux français !

LE YUAN nouvelle monnaie ?

La dé-dollarisation du monde fait partie de ces prophéties auxquelles on peine à croire tant elle a été mise en échec au fil des décennies. Avec la fin de Bretton Woods, les États-Unis ont dû admettre qu’ils n’étaient plus en mesure de garantir la « convertibilité or » de leur devise face à la démesure des besoins en dollar du reste du monde. Cette perte d’ancrage du système monétaire a ouvert une longue séquence d’instabilité. Tout paraissait alors se mettre en place pour que le système se fragmente et que les États-Unis perdent peu à peu leur leadership monétaire.

Mais le dollar malgré tous ces aléas s’est montré indéboulonnable.

Même si en 2007, cette confiance a été quelque peu ébréchée lorsque le système financier international s’est grippé, gangréné par des produits titrisés US réputés aussi faibles que les obligations d’état, car regorgeant de produits toxiques. En définitif, c’est le QE qui a réussi à sortir le dollar de son ornière…Tant que l’attractivité et la super liquidité seront en place, le dollar restera indétrônable.

Mais actuellement, c’est dans un contexte très différent que le dollar doit résister.

La Chine a de plus en plus d’arguments à faire valoir :

-Elle est tout près d’être la première puissance commerciale mondiale.

-Son PIB devrait bientôt dépasser celui des Américains en termes nominaux.

- Elle est maintenant premier producteur mondial d’or avec des réserves plus qu’abondantes.

-Son rapprochement avec l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l’Irak, voire de la Turquie, ont ouvert la voie à des transactions pétrolières libellées en yuan, ce qui est une option au rapprochement avec les économies émergentes : Brésil, Bolivie, Argentine... Autre motif qui pousse au rapprochement, la possibilité de s’extraire du système occidental de communication bancaire SWIFT perçu comme une arme de sanction américaine.

Mais les lignes ne bougent pas aussi rapidement que l’on pourrait l’envisager, le yuan ne coche toujours pas. Il lui manque encore la convertibilité de sa monnaie et l’ouverture de son marché qui lui ferait perdre le contrôle de son épargne. Et pour y arriver, il faudra une autre Chine qu’aujourd’hui.

Et la situation actuelle ne va pas activer le processus. Il y a 6,32 millions de chômeurs, beaucoup de cadres ne trouvent pas d’emploi sachant que 11 millions de nouveaux diplômés viennent d’arriver sur le marché. Une situation encore jamais vue.

Autre grand changement, les salaires dans les grandes villes industrielles ont fortement augmenté, diminuant d’autant les marges. Pour maintenir le niveau de son commerce, la Chine a dû se tourner vers l’extérieur pour garantir ses livraisons y compris en installant des usines chez des sous-traitants. Les deux principales associations de pays sont :

La CLMV = 4 pays : Vietnam, Cambodge, Laos, Myanmar (Birmanie),

L’ASEAN = 10 pays : Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Philippines, Brunei, Laos, Birmanie, Cambodge et le « Vietnam » que l’on peut retrouver aussi dans le CLMV.

Avec cette sous-traitance, la Chine perd des emplois mais aussi des rentrées financières.

Pour rétablir ses comptes, elle a envahi l’Afrique, avec des pays aux faibles revenus mais disposant pour beaucoup de réserves minières très importantes.

Depuis 2013, elle a créé en parallèle une nouvelle cible économique, les nouvelles routes de la soie.

Depuis ce projet est devenu central dans la politique économique chinoise. Il concerne plus de 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et représentant près de 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la planète. Les banques et institutions financières chinoises, notamment la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), ont largement été sollicitées pour mettre en place un tel projet.

En conclusion, depuis la fin de la pandémie, la Chine a perdu de sa superbe. Elle est pour la première fois confrontée aux mêmes problèmes que beaucoup de pays européens et pas que. Les Chinois sont décontenancés n’ayant pas connu de récession depuis longtemps.

L’économie chinoise est actuellement confrontée à une vague de fermetures d’entreprises avec même des retraits de sociétés étrangères.

Les investissements se contractent, les exportations et les importations diminuent. La consommation des ménages est en baisse et souvent insuffisante. Les problèmes de surendettement explosent, le chômage grimpe, les recettes publiques sont en pleine hémorragie.

Les trois principaux moteurs de l’économie sont tous en berne : Exportations, consommation et investissements.

La Chine voit pour l’instant s’éloigner la maîtrise du monde et un Yuan qui attendra encore sa possibilité de devenir une devise mondiale.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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1 commentaire on «Où en est La Chine, sa place et son évolution dans le monde, à fin 2023 ?»

  • Bonjour et merci pour ce long texte
    Qui ne m a pas appris grand chose puisque je suis l actulitee economique bien qu ayant quitte ce secteur depuios 2008
    Aglae waldmann

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