À partir de fin 2025, l’accès aux indemnités chômage des jeunes va être sensiblement assoupli, dans le cadre de la refonte de l’France Travail et des accords sur l’Assurance‑chômage. Ce changement intervient alors que le chômage reste une réalité marquante pour les jeunes, et pourrait offrir un filet de sécurité renforcé à cette catégorie de demandeurs d’emploi.
Chômage : cette réforme va indemniser plus tôt

Adoptée mi-octobre 2025, la réforme de l’assurance-chômage marque un tournant pour les jeunes actifs. En abaissant la durée minimale de travail exigée pour ouvrir des droits, le gouvernement veut répondre à une précarité persistante et faciliter l’accès aux indemnités dans un marché du travail fragmenté.
Une réforme d’octobre 2025 centrée sur les jeunes actifs
Le 15 octobre 2025, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le texte assouplissant les règles d’accès à l’assurance-chômage pour les jeunes. Cette mesure, issue des discussions entre partenaires sociaux et validée par le ministère du Travail, vise avant tout à réduire les délais d’indemnisation des primo-entrants : ces jeunes actifs qui, faute de durée suffisante de cotisation, restaient jusque-là sans aide après la fin d’un contrat.
Concrètement, la réforme abaisse la durée minimale d’affiliation exigée pour ouvrir un droit à l’allocation chômage : au lieu de six mois de travail sur les vingt-quatre derniers, il suffira désormais d’en avoir effectué cinq. Ce changement, qui peut sembler modeste sur le papier, est en réalité structurant pour des milliers de jeunes salariés ou alternants. Il permettra d’éviter de nombreux « trous de droits », ces périodes sans ressources entre deux emplois.
Selon les estimations de France Travail, près de 100 000 jeunes pourraient bénéficier de cet élargissement dès 2026. Les profils les plus concernés sont ceux qui enchaînent les contrats courts : intérimaires, apprentis, saisonniers, ou jeunes diplômés en première insertion.
Réparer une inégalité de départ dans l’assurance-chômage
En modifiant le critère de durée d’activité, la réforme entend corriger une inégalité de fond : les jeunes cotisent proportionnellement moins longtemps que les salariés installés, mais sont davantage exposés aux périodes d’inactivité. Dans les faits, près d’un jeune sur quatre ne remplissait pas les conditions d’accès à l’assurance-chômage avant cette réforme, selon les chiffres de la Dares.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a justifié la mesure par « la nécessité de mieux accompagner les débuts de carrière », en précisant que « le chômage des jeunes ne peut pas être combattu uniquement par l’incitation à l’emploi ; il faut aussi renforcer la protection pendant les transitions ».
Les syndicats, notamment la CFDT et la CFTC, ont salué un « pas en avant » après plusieurs années de durcissement des règles d’indemnisation. Du côté du patronat, le Medef y voit un geste social équilibré : il ne modifie pas le mode de calcul des allocations ni leur durée, limitant ainsi le risque d’alourdissement du budget de l’assurance-chômage.
Une entrée en vigueur progressive sous la houlette de France Travail
L’application de cette réforme repose sur un calendrier précis. Le décret d’exécution, attendu pour la fin du mois de novembre 2025, précisera les modalités d’éligibilité et les dates d’ouverture de droits. L’entrée en vigueur effective est prévue dans les semaines qui suivront sa publication au Journal officiel.
France Travail, qui pilote désormais l’ensemble du dispositif, prépare la mise à jour de ses outils de simulation et de ses systèmes d’information. Les jeunes concernés pourront vérifier leur éligibilité via leur espace personnel dès la fin de l’année. L’organisme public doit aussi renforcer sa communication auprès des structures d’accompagnement : missions locales, agences régionales de l’emploi et réseaux étudiants. Objectif : informer le plus en amont possible les jeunes qui alternent études, stages et emplois précaires, afin qu’ils puissent anticiper leurs droits.
Un impact économique et social à mesurer
Si le coût budgétaire de la mesure reste limité, estimé à moins de 200 millions d’euros par an, ses effets économiques pourraient être plus larges. En offrant un filet de sécurité plus tôt, le gouvernement espère fluidifier les transitions entre formation et emploi. Les économistes du ministère y voient un moyen de réduire la pression sur les aides d’urgence comme la Garantie Jeunes ou l’allocation RSA pour les moins de 25 ans.
Dans un marché de l’emploi où les contrats de courte durée représentent plus d’un tiers des embauches des 18-29 ans, cet assouplissement pourrait aussi inciter les jeunes à accepter davantage de missions temporaires sans craindre de se retrouver sans revenu. D’autres observateurs redoutent toutefois un effet pervers : en réduisant la durée d’affiliation, certains employeurs pourraient être tentés d’accroître le recours aux CDD de très courte durée. De leur côté, certains jeunes pourraient être tentés de travailler un peu moins en début de carrière.
Le gouvernement assure qu’un bilan d’étape sera réalisé à l’automne 2026 pour évaluer l’impact réel de la réforme, notamment sur le taux de chômage des jeunes, qui s’établissait à 16,8 % au deuxième trimestre 2025 selon l’Insee.
Une réforme présentée comme un signal politique fort
En ciblant les jeunes, l’exécutif envoie un message d’équité générationnelle, dans un contexte où les inégalités de revenus entre actifs se creusent. Le dispositif s’inscrit dans la feuille de route du plan « France Travail Jeunes », qui vise à favoriser la sécurisation des débuts de carrière et à prévenir le non-recours aux aides publiques.
Les syndicats réclament toutefois un suivi précis de l’application, craignant que la simplification annoncée ne masque des disparités régionales dans la gestion des dossiers. Une vigilance partagée par la Cour des comptes, qui a déjà souligné la difficulté de mesurer l’efficacité réelle des précédentes réformes de l’assurance-chômage.
