À force de vouloir maquiller la réalité économique sous des effets statistiques, la France s’est réveillée brutalement confrontée à un nouveau drame du chômage. Ce que les réformes voulaient habiller en réussite administrative apparaît désormais pour ce qu’il est : une explosion sans précédent du nombre de demandeurs d’emploi, avec des conséquences encore largement sous-estimées.
Chômage : alerte générale, +12,8 % de chômeurs en un an !

Ce 28 avril 2025, la DARES a dévoilé des chiffres qui claquent comme un coup de tonnerre : au premier trimestre 2025, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégories A, B et C atteint désormais 5 738 100 personnes en France métropolitaine. Parmi eux, 3 408 100 sont totalement privés d’emploi. Sous l'effet combiné de la réforme du RSA et du changement des règles d'actualisation, l’illusion d’un marché du travail robuste vole en éclats.
Le grand bond du chômage en catégorie A : un séisme social
Le premier fait marquant est l'envolée spectaculaire du nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité. La catégorie A, celle qui recense les chômeurs les plus exposés, enregistre une hausse de 8,7 % sur un trimestre, soit +273 100 personnes supplémentaires. Sur un an, la progression atteint 12,8 %, une envolée inédite depuis la crise financière de 2008.
Cette hausse est largement artificielle, arguent certains. La réforme du RSA, imposant l’inscription automatique des bénéficiaires et des jeunes des missions locales, fausserait la lecture. Mais ce raisonnement ressemble à une tentative de minimiser l’impact : même corrigé de ces effets, le nombre de demandeurs d’emploi progresse encore de +0,8 %. Un signal inquiétant, d’autant plus que le ralentissement des sorties du chômage, désormais bloquées par l’exigence de signature d'un contrat d’engagement, enfonce un peu plus le clou.
Activité réduite en berne : les catégories B et C tanguent aussi
Le bilan est tout aussi sombre du côté des catégories B et C, qui regroupent les personnes exerçant une activité réduite. La catégorie B, correspondant aux travailleurs précaires ayant moins de 78 heures de travail par mois, chute de -2,4 %. La catégorie C, pour les actifs à temps partiel long, recule de -0,4 %.
Ces baisses, loin d’être rassurantes, traduisent une autre réalité : de plus en plus de personnes basculent vers l'inactivité totale. Le nombre d'inscrits en catégories B et C n’a jamais été aussi bas depuis plusieurs années. Les travailleurs précaires ne parviennent plus à accumuler suffisamment d'heures pour maintenir un lien minimum avec l’emploi. Une situation qui, à terme, risque de fragiliser durablement le tissu social.
Les oubliés : catégories D, E, et la bombe à retardement F et G
Dans les catégories D et E, qui rassemblent les demandeurs d’emploi en formation, en arrêt de maladie, ou déjà en emploi mais cherchant une meilleure situation, les évolutions sont en trompe-l’œil. La catégorie D progresse légèrement de +1,1 %, tandis que la catégorie E recule de -1,6 %. Là encore, peu de quoi se réjouir.
La grande nouveauté vient de la création des catégories F et G, introduites en janvier 2025 pour accueillir les bénéficiaires du RSA éloignés de l’emploi et les jeunes en attente d'orientation. Déjà, 26 600 personnes sont inscrites en catégorie F et 809 300 en catégorie G. Ce nouveau stock massif de personnes encore non comptabilisées dans les chiffres classiques du chômage annonce une explosion prochaine du nombre total d'inscrits.
L’explosion du chômage chez les jeunes : un massacre générationnel
La situation des jeunes mérite une mention particulière tant elle est dramatique. Pour les moins de 25 ans, le nombre d’inscrits en catégories A, B, C a bondi de +20,9 % en seulement un trimestre, et de +25,8 % sur un an. Plus saisissant encore, la catégorie A seule grimpe de +34,3 % pour les jeunes. Jamais une génération n'avait été aussi brutalement exclue du marché du travail. Les effets de la réforme, censés améliorer l’insertion des jeunes, semblent pour l’instant aboutir à leur enregistrement massif comme inactifs en quête d’un hypothétique emploi.
À la lecture des chiffres sur les entrées et sorties de France Travail, l’illusion d'une amélioration se dissipe rapidement. Les sorties pour reprise d’emploi chutent de -1,9 % sur un trimestre et de -17,6 % sur un an. Moins de reprises d'activité, plus de réinscriptions, et une ancienneté moyenne d'inscription qui demeure très élevée : 607 jours.
Le chômage s'installe durablement, se sédimente, rendant la réinsertion toujours plus difficile. La proportion de demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an reste dramatiquement haute, malgré une très légère baisse, à 42,2 %.
Chômage : vers un nouveau cycle de crise sociale ?
Si certains responsables politiques tenteront sans doute de relativiser la brutalité des chiffres en invoquant des effets techniques liés aux réformes, la dynamique sous-jacente du marché du travail ne trompe pas. L’augmentation structurelle des sans-emplois, la paupérisation accélérée des jeunes et la création de poches massives d’inemployabilité condamnent à court terme l’objectif de plein emploi.
Tableau récapitulatif des effectifs France Travail au 1ᵉʳ trimestre 2025
| Catégorie | Effectif | Évolution trimestrielle | Évolution annuelle |
|---|---|---|---|
| A (sans emploi) | 3 408 100 | +8,7 % | +12,8 % |
| B (activité réduite courte) | 813 300 | -2,4 % | -3,9 % |
| C (activité réduite longue) | 1 516 700 | -0,4 % | -0,5 % |
| D (formation, maladie) | 352 600 | +1,1 % | -1,2 % |
| E (emploi fragile) | 404 000 | -1,6 % | +0,1 % |
| F (parcours social) | 26 600 | n.c. | n.c. |
| G (en attente d’orientation) | 809 300 | n.c. | n.c. |
(Source : DARES, publication du 28 avril 2025)
