Les droits de douane imposés par Washington font s’effondrer le trafic postal international : en une semaine, les envois vers les États-Unis ont chuté de plus de 80 %, une rupture brutale qui bouleverse l’équilibre du commerce de détail mondial.
Les droits de douane de Donald Trump font plonger le trafic postal

Depuis le 29 août 2025, la suppression de l’exemption dite « de minimis » par l’administration Trump entraîne une flambée des droits de douane appliqués aux petits colis importés. Cette décision bouleverse le trafic postal mondial vers les États-Unis et plonge les opérateurs postaux comme les consommateurs dans l’incertitude.
Les droits de douane bouleversent le trafic postal international
La fin de l’exemption douanière de 800 USD pour les petits colis a provoqué un choc immédiat. Selon l’Union postale universelle (UPU), le trafic postal à destination des États-Unis a chuté de 81 % dès la semaine du 29 août par rapport à la précédente. Cette contraction sans précédent résulte d’une mesure prise par décret présidentiel signé le 30 juillet, puis appliquée un mois plus tard.
En pratique, 88 opérateurs postaux, dont ceux d’Europe et d’Amérique latine, ont suspendu tout ou partie de leurs services vers les États-Unis. Le phénomène concerne autant les postes nationales que les grands réseaux privés, incapables d’absorber les nouvelles obligations fiscales et administratives. L’UPU résume la situation en affirmant que le trafic postal vers les États-Unis est « pratiquement à l’arrêt ».
L’impact des nouveaux droits de douane
Les colis autrefois exemptés se voient désormais appliquer les droits de douane standards d’importation selon leur pays d’origine : environ 15 % pour l’Union européenne, et jusqu’à 50 % pour l’Inde. Dans certains cas, un tarif forfaitaire de 80 à 200 USD peut s’ajouter. Seuls les envois entre particuliers d’une valeur inférieure à 100 USD conservent une exonération partielle.
Pour l’administration Trump, cette décision vise à « mettre fin à une faille catastrophique utilisée, entre autres, pour éviter des droits de douane et envoyer des opioïdes synthétiques ainsi que d'autres produits dangereux ». Mais pour les opérateurs, les contraintes logistiques s’alourdissent : certains transporteurs ou autres acteurs du commerces international sont obligés d'augmenter leurs prix pour y intégrer les droits de douane, avant de les transférer au Bureau des douanes et de la protection des frontières des États-Unis.
Une rupture dans les échanges commerciaux
La mesure n’est pas anodine : en 2024, 1,36 milliard de colis avaient bénéficié de l’exemption de minimis, pour une valeur totale de 64,6 milliards USD. L’importance de ce régime reflétait la vitalité des échanges en ligne, notamment entre petites entreprises et clients américains. Sa disparition menace directement ce segment dynamique du commerce mondial.
L’effet domino se fait déjà sentir. Plusieurs opérateurs en Europe et en Amérique latine, incapables de collecter et de reverser efficacement les droits exigés par Washington, ont cessé leurs envois. Dans les pays exportateurs, les plateformes de vente en ligne enregistrent des baisses de commandes à destination des États-Unis. Les petites structures, pour lesquelles la marge était faible, voient leur compétitivité disparaître presque instantanément.
Les conséquences institutionnelles et économiques à moyen terme
Au-delà de la chute immédiate du trafic postal, cette réforme marque une rupture dans la gouvernance du commerce international. L’UPU, organisation chargée de réguler le courrier transfrontalier, se trouve mise en difficulté. Ses membres dénoncent un transfert unilatéral de charges administratives et financières vers les opérateurs étrangers. Certains pays envisagent déjà des mesures de rétorsion, comme la hausse de leurs propres tarifs postaux pour les envois américains. Une menace qui risque toutefois de n'être jamais mise à exécution. Donald Trump a en effet montré sa capacité à utiliser sa position de force pour obtenir ce qu'il veut, notamment face à la Colombie ou l'Union européenne.
Sur le plan économique, la suppression de l’exemption pourrait accélérer la régionalisation des flux commerciaux. Les entreprises d’e-commerce, qui comptaient sur l’accès direct au marché américain, devront reconfigurer leurs chaînes logistiques. Plusieurs analystes redoutent une hausse des prix pour les consommateurs finaux, liée non seulement aux droits de douane mais aussi aux frais supplémentaires de traitement. Dans un contexte où l’inflation reste un sujet politique sensible aux États-Unis, ce choix pourrait renforcer la tension sur le pouvoir d’achat.
