Le 20 janvier 2025, Donald Trump, fraîchement réinvesti à la Maison-Blanche, a relancé sa politique commerciale offensive. Avec des droits de douane revus à la hausse, ciblant des partenaires historiques comme le Canada, le Mexique, l’Union européenne et la Chine, les États-Unis déclarent ouvertement une guerre économique.
Droits de douane : Trump déterre la hache de guerre économique

La stratégie protectionniste de Trump, un pari économique risqué
Dès son premier jour en fonction, Donald Trump a annoncé une série de mesures marquant sa volonté de redéfinir les relations commerciales des États-Unis. À travers une hausse massive des droits de douane, il ambitionne de réduire le déficit commercial du pays, un point central de son discours politique depuis des années. Ce déficit, qui s’élevait à près de 950 milliards de dollars en 2023, est perçu par l’administration Trump comme une faiblesse structurelle. En augmentant les barrières tarifaires, il espère relocaliser la production, stimuler l’emploi manufacturier et forcer les multinationales à investir sur le sol américain.
Les premiers pays ciblés sont le Canada et le Mexique, deux partenaires pourtant liés aux États-Unis par l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), renégocié sous le premier mandat de Trump. Cette volte-face a provoqué l’inquiétude des responsables politiques de ces deux nations. Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères, a exprimé son regret face à ce qu’elle qualifie de trahison des engagements pris par Washington. Les autorités mexicaines, de leur côté, dénoncent une instrumentalisation politique des questions migratoires et de la lutte contre le trafic de fentanyl pour justifier ces surtaxes.
Les nouveaux droits de douane, qui atteignent 25 % sur une large gamme de produits mexicains et canadiens, entreront en vigueur dès le 1er février 2025. De quoi pénaliser lourdement des secteurs clés comme l’automobile, les produits agricoles et les matières premières. En réponse, le peso mexicain et le dollar canadien ont déjà chuté sur les marchés, reflétant la nervosité des investisseurs.
L’Europe, une "petite Chine" pour Donald Trump
Si le Canada et le Mexique sont en première ligne, l’Europe n’est pas épargnée par cette offensive commerciale. Donald Trump a qualifié l’Union européenne de "petite Chine", accusant ses membres de profiter des largesses américaines sans offrir en retour un accès équitable à leurs marchés. Le déficit commercial des États-Unis avec l’UE, qui atteignait 131 milliards de dollars en 2023, est principalement imputé à des exportateurs majeurs comme l’Allemagne, la France, l’Irlande et l’Italie.
Les secteurs automobiles et agroalimentaires concentrent l’essentiel des griefs américains. Trump reproche aux Européens de protéger leurs agriculteurs par des subventions et de restreindre l’importation de produits agricoles américains. Il critique également le succès des constructeurs automobiles allemands aux États-Unis, tout en soulignant que les voitures américaines peinent à s’imposer sur le marché européen. En réponse, Bruxelles a réaffirmé sa détermination à défendre ses intérêts économiques. Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’économie, a prévenu que l’Europe se tiendrait prête à prendre des mesures de rétorsion si ces droits de douane venaient à s’appliquer.
Cependant, les experts divergent sur l’impact réel de ces nouvelles taxes sur l’économie européenne. Si certaines industries, comme les produits de luxe ou les spiritueux, pourraient souffrir, l’effet global pourrait être atténué par l’appréciation du dollar, rendant les exportations américaines moins compétitives. En revanche, les consommateurs américains pourraient être les grands perdants de cette politique, avec une inflation accrue sur de nombreux produits importés.
La Chine, cible de longue date des politiques douanières américaines
Depuis son arrivée en politique, Donald Trump a toujours désigné la Chine comme l’adversaire économique principal des États-Unis. Avec un déficit commercial dépassant 400 milliards de dollars en 2023, Pékin incarne à ses yeux le symbole des déséquilibres du commerce mondial. Sous son premier mandat, il avait déjà instauré des droits de douane punitifs sur une vaste gamme de produits chinois, allant des équipements électroniques aux textiles, dans le cadre de ce qu’il appelait une "réévaluation nécessaire des relations commerciales".
Aujourd’hui, Trump promet d’aller encore plus loin. Il envisage des taxes pouvant atteindre 60 % sur certains produits chinois, tout en affirmant qu’il consultera le président Xi Jinping avant de passer à l’action. Cette prudence apparente masque cependant une stratégie de pression : en menaçant d’instaurer de nouvelles taxes, il espère forcer la Chine à adopter des réformes structurelles, notamment en matière de propriété intellectuelle et de transfert de technologies.
En retour, Pékin a prévenu qu’il ne resterait pas inactif face à ces provocations. Le gouvernement chinois pourrait répondre par des sanctions ciblées sur des produits agricoles américains ou en restreignant l’accès des entreprises américaines à son vaste marché intérieur. De telles mesures risqueraient d’exacerber les tensions géopolitiques entre les deux premières puissances économiques mondiales.
Le futur très incertain du commerce mondial à l’ère Trump
Les annonces de Donald Trump placent l’économie mondiale dans une situation de grande incertitude. En cherchant à rééquilibrer les relations commerciales en faveur des États-Unis, il prend le risque de déclencher une série de représailles qui pourraient ralentir la croissance économique mondiale. Les pays ciblés, qu’ils soient voisins, alliés ou rivaux, s’organisent déjà pour riposter, soit par des taxes similaires, soit en cherchant à diversifier leurs partenaires commerciaux.
Pour les consommateurs américains, les conséquences seront probablement douloureuses. Les surtaxes sur les produits importés entraîneront une augmentation des prix dans des secteurs essentiels, de l’alimentation à l’électronique, tandis que les entreprises locales risquent de perdre des marchés à l’international. En revanche, certaines industries nationales, comme l’acier ou l’énergie, pourraient profiter temporairement de cette politique protectionniste, même si les bénéfices à long terme restent incertains. L’Europe, le Canada, le Mexique et la Chine surveillent désormais de près les actions des États-Unis, tout en préparant des ripostes adaptées.
L’administration Trump mise sur une approche protectionniste pour stimuler l’économie américaine et réduire les déficits commerciaux. Cependant, cette stratégie risque de fragiliser les relations économiques internationales et de perturber l’équilibre commercial mondial. Si certains secteurs américains pourraient tirer profit de cette politique, les tensions qu’elle engendre pourraient bien s’avérer contre-productives à long terme, avec un impact global négatif sur la croissance mondiale.