Mi-octobre le premier ministre, Sébastien LECORNU a annoncé qu’il allait suspendre la réforme des retraites de 2023 jusqu’aux élections présidentielles pour répondre à la demande du parti socialiste et éviter la dissolution du gouvernement (un des critères importants).
L’arrêt de la retraite à 64 ans entraînera des répercussions financières bien plus importantes qu’annoncées

Cette suspension aurait lieu à la fois sur le décalage de la mesure d’âge qui resterait à 62 ans et 9 mois et sur l’augmentation du nombre de trimestres qui restera à 170 trimestres.
Rappelons, comme l’avait dit Olivier Dussopt, ministre du Travail qui était en charge de la réforme au Parlement, que la loi qui a été adoptée après le rejet des deux motions de censure (une déposée par la Nupes, une déposée par le RN) avait fait l’objet, dans un premier temps, de quatre mois de concertation puis de 175 heures de débat à l’Assemblée et au Sénat.
La réforme initiale de 2023 n’empêchait pas un déficit prévu de 15 Mds d’euros en 2035, et de 30 Mds en 2045. Il faut rappeler qu’elle était initialement prévue à 65 ans, reculée sous la pression syndicale et des partis de gauche.
Pour faire passer « la pilule », mettre sur pause ne coûterait que 3 milliards d’euros annonçait le PS, repris par Lecornu lors de son intervention télévisée. Il s’agirait du coût pour 2027 d’une suspension de la réforme des retraites pour l’ensemble des régimes.
Mais concrètement, une suspension à 63 ans du relèvement de l’âge légal de départ à la retraite coûterait 500 millions d’euros en 2026, 3 milliards d’euros en 2027 et 5,8 milliards d’euros en 2035, rappelle Bruno Chrétien, Président de l’Institut de la protection sociale (IPS), en se basant sur les projections réalisées par la Cour des comptes en février dernier, avant le lancement de l’infructueux «conclave» sur les retraites. Et le chiffre de 5,8 milliards d’euros ne concerne que le système de retraite.
Le COR a donné une autre version sur le déficit présumé :
Selon son rapport, même avec la réforme adoptée en 2023, notre système de retraite file vers un déficit de 0.4% du PIB en 2035 et même 0.8% du PIB en 2045.
Cela veut dire 15 Mds € (en 2024) de déficit en 2035 et 30 Mds en 2045. Cela représente 465 Mds de déficit cumulé d’ici 2045. Rien que d’ici 2030, c’est près de 75 Mds € de déficit cumulé même avec la réforme. Sans la réforme c’est normalement 25Mds € qu’il faudrait ajouter.
La proposition retenue est de mettre sur pause l’âge d’ouverture des droits, qui serait stoppé à 62 ans et 9 mois, et la durée de cotisation à 170 trimestres.
Au total, c'est 5,8 Mds € d’économies pour le système de retraites, et à 16,5 Mds € pour l’ensemble des finances publiques 2035 auxquels on s'apprête à renoncer.
Ce sont les chiffres annoncés par l’administration publique. Ce qui est toujours oublié ce sont
les pertes du non-emploi des seniors devant partir en retraite et des nouveaux retraités à payer.
En 2026, il y aura 815.587 salariés du privé qui partiront plus tôt entre le 1er octobre 2026 et fin d’année 2027.
Perte de salaire :
Avec un salaire annuel moyen de 46.493€ par an, cela représente :
652.470 X 46493 : 4 (3 mois de 2026) + 1 an en 2027 à 30.325.287.710
Soit un total sur un an et 3 mois de :
37.919.109.637€ de salaire en moins.
Perte de charges sociales salariés :
Charges en plus sur les nouveaux retraités : soit 8.3%, ou 6.6% ou 3,8% + 0,5% (CRDS) sur les retraites soit un taux moyen de 7.1%
Charges sur salaires : 23.1%
En ne prenant que le taux médian + la CRDS, 6.6 + 0.5 cela donne un taux de 7.1% à déduire des charges sur salaire 23,1 – 7.1 = 16%
Soit 37.919.109.637 X 16%
= 6.067.057.542€ de charges sociales salariées perdues.
Perte de Charges sociales employeurs :
Au Smic = 25 à 30%
Salaire moyen : 40 à 42%
Salaire plus élevé : 42 à 45%
652.470 salariés à 37,3% de salaire moyen de 46.493€
= 11.315.062.316€
Perte de TVA… :
Perte de taxes, TVA sur les achats non réalisés (cause moins de pouvoir d’achat) un montant de 5.560 Mds d’€.
Perte d’impôts :
Différence entre salaire et retraite :
3.04 Mds d’€.
Soit un montant global perdu de :
Salaires : 37.919.109.637€
Charges sur salaires salariés : 6.067.057.542€
Charges sociales employeurs : 11.315.062.316€
TVA perdue : 5.560.000.000€
Impôts perdus : 3.040.000.000€
TOTAL : 63.901.229.495€ (soit près de 64 Mds d’euros)
Il est possible de rajouter les fonctionnaires partant en retraite
C’est différent des salariés du privé car l’état paie les salaires, les charges, puis lorsque ceux-ci partent en retraite, il paie les pensions d’où beaucoup moins de pertes dans l’économie.
136.700 salariés sont partis en retraite en 2024 avec un salaire moyen de 3366€ par mois et une prime équivalente à environ un 13ème mois, les charges payées par l’état sont en moyenne à 44% du salaire brut.
La retraite se monte à 75 à 80 % du salaire, c’est-à-dire que l’état y gagne financièrement lorsque ces agents partent en retraite.
Par-contre, cela fait une perte de pouvoir d’achat de 20 à 25 % soit :
136.700 X 3366€ = 460.132.200€ X 22.5% = 103.529.745€
Suite au gel de la réforme des retraites de 2023, ce n’est pas 3,5 Mds comme annoncé mais 64.004.759.240€ soit un peu plus de 64 Milliards de perdus dans l’économie française entre le 3ème trimestre 2026 et fin de l’année 2027.
Nous sommes donc très très loin des chiffres annoncés car l’état ne prend en compte que les retraites payées en plus par les caisses.
NOTA : Il serait même possible de tenir compte des pensions de réversion (213.000 en 2024) pendant cette période. (54% de la pension de la personne disparue).
