Entreprises en faillite : 65 % des salariés n’y comprennent rien

Alors que l’AGS anticipe près de 67 000 défaillances d’entreprises d’ici à fin 2025, une enquête révèle qu’une majorité de salariés ne sait pas vraiment ce qu’est une faillite, ni vers qui se tourner en cas de difficultés. Un paradoxe alors que les conséquences sur l’emploi sont directes.

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By Grégoire Hernandez Published on 25 août 2025 13h00
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Entreprises en faillite : 65 % des salariés n’y comprennent rien - © Economie Matin
53 %53 % des salariés déclarent ne pas savoir du tout à qui s’adresser pour obtenir de l’aide si leur entreprise rencontrait de graves difficultés financières.

Défaillances d'entreprises : un sujet encore flou pour beaucoup de salariés

À quelques jours de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF 2025), l’Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés (AGS) a dévoilé une étude exclusive menée par Ipsos-BVA. Constat principal : malgré un contexte économique tendu et une hausse attendue des défaillances d’entreprises, les salariés français restent mal informés.
Un chiffre résume la situation : 64 % des salariés ne savent pas précisément ce qu’est une défaillance d’entreprise. Dans les TPE-PME, pourtant les plus exposées, cette méconnaissance grimpe à 70 %. Autre donnée inquiétante : 53 % des salariés déclarent ne pas savoir du tout à qui s’adresser pour obtenir de l’aide si leur entreprise rencontrait de graves difficultés financières.
« Ces données inédites révèlent un décalage entre la réalité économique et la perception qu’en ont les salariés », souligne Antonin Blanckaert, directeur général de l’AGS. « Les salariés restent encore mal préparés dans un contexte de forte accélération des défaillances. »

Le paradoxe est là : les salariés semblent peu attentifs à la santé économique de leur entreprise. Seuls 13 % la placent parmi les éléments essentiels de leur travail, et ce chiffre tombe à 7 % dans les très petites entreprises. À l’inverse, 54 % citent en priorité la rémunération et les avantages sociaux.
Pour autant, la confiance reste forte. 90 % des salariés déclarent faire confiance à leur employeur pour verser le salaire chaque mois. Plus globalement, 82 % se disent confiants dans l’avenir de leur entreprise. Cette confiance, positive dans l’absolu, peut cependant contribuer à une moindre vigilance face aux risques de défaillance.
L’étude révèle aussi des différences selon la taille des structures. Parmi les salariés ayant déjà vécu une faillite, 57 % estiment avoir été bien informés par leur employeur pendant cette période. Mais dans les entreprises de moins de 10 salariés, ce chiffre tombe à 45 %.

Une méconnaissance des dispositifs d’alerte et d’accompagnement

Au-delà des notions générales, c’est l’information sur les outils d’accompagnement qui fait défaut. Seuls 15 % des salariés connaissent précisément l’existence des dispositifs d’alerte précoce ou d’accompagnement des entreprises en difficulté. Dans les micro-entreprises, ils ne sont que 11 %. Pire, 52 % n’en ont aucune connaissance.
Chez ceux qui n’ont jamais vécu de défaillance, à peine 10 % savent « précisément » vers qui se tourner en cas de problème. Et même parmi ceux qui en ont déjà fait l’expérience, seuls 36 % connaissent bien les interlocuteurs possibles.
Lorsqu’on les interroge sur les acteurs identifiés pour les accompagner, les salariés citent en priorité les avocats spécialisés en droit du travail (70 %), suivis des associations d’aide aux salariés en difficulté (64 %) et des représentants du personnel (63 %).

Face à ce constat, l’AGS plaide pour un effort massif d’information et de pédagogie. « Les chiffres témoignent d’un déficit d’information important », explique Christian Nibourel, président de l’AGS. « Nous devons travailler avec l’ensemble de nos partenaires pour faire connaître les dispositifs existants, favoriser le rebond des entreprises, préserver l’emploi lorsque cela est possible et accompagner au mieux les salariés. »
Les attentes exprimées par les salariés sont claires : en cas de faillite, 46 % souhaitent en priorité la protection de leur rémunération, 34 % l’aide à la recherche d’un nouvel emploi, et 33 % une meilleure information sur leurs droits.
En 2024, ce dispositif a déjà soutenu près de 250 000 salariés, pour un montant total avancé supérieur à 2,1 milliards d’euros. Une mission qui risque de s’intensifier : d’ici à la fin de l'année 2025, 67 000 défaillances d’entreprises sont anticipées.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

1 comment on «Entreprises en faillite : 65 % des salariés n’y comprennent rien»

  • En route vers le déclin

    Encore un bel exemple du manque de culture financière des français…la plupart ne comprennent rien mais ont un avis sur tout. Et maintenant voilà les AGS qui nous explique qu’il faut faire de la pédagogie ? Et si on faisait plutôt en sorte que le nombre de faillite diminue, non ? Ce pays n’a plus aucun avenir…

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