Épargne : le taux du Livret A sous les 2% dès août ?

L’été n’a pas encore commencé que l’épargne réglementée s’apprête à subir un sérieux coup de froid. Derrière la mécanique des taux, une réalité s’installe, et elle n’a rien de rassurant pour les millions de Français qui placent leur confiance dans le Livret A.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 18 avril 2025 6h01
livret-h-hopital-le-gouvernement-votre-epargne
livret-h-hopital-le-gouvernement-votre-epargne - © Economie Matin
2,4%Depuis le 1ᵉʳ février, le taux a été abaissé à 2,4 %

À partir du 1ᵉʳ août 2025, le taux du Livret A, pierre angulaire de l’épargne des Français, pourrait être sévèrement révisé à la baisse. Un choc prévisible ? Oui, si l’on observe la courbe descendante de l’inflation et des taux interbancaires. Ce virage n’est pas qu’une révision technique : c’est une alerte pour les détenteurs de livrets d’intérêts réglementés.

Epargne : Le taux du Livret A en chute libre à l’été 2025 ?

La mécanique est implacable. Tous les six mois, le taux du Livret A est réévalué par la Banque de France, selon une formule théoriquement immuable : la moyenne entre l’inflation hors tabac et les taux interbancaires (€STR) du semestre écoulé. Cette année, la combinaison des deux indicateurs ne laisse aucune place au doute.

Selon l’Insee, l’inflation s’est figée à des niveaux historiquement bas : « seulement 0,7 % hors tabac en février comme en mars, et 0,8 % attendus en avril », relaye Capital. Sur la même période, les taux interbancaires, déjà en recul, devraient plafonner à 2,46 % selon les anticipations de la Banque de France. Résultat ? Un taux théorique de 1,70 %, bien en dessous des 2,4 % en vigueur depuis le 1ᵉʳ février 2025.

Ce scénario constitue une première depuis février 2022. Et pour les épargnants ? Un manque à gagner de 160,65 euros sur un Livret A rempli au plafond (22 950 euros). Plus qu’un simple ajustement, c’est une érosion.

Baisse des taux : un effet domino sur l’épargne réglementée

Le taux du Livret A n’est pas une île isolée. Il entraîne dans son sillage le LDDS (livret de développement durable et solidaire) et influence fortement les produits d’épargne logement. TF1 Info le rappelle : « Depuis le 1ᵉʳ février, le taux a été abaissé à 2,4 %, de quoi limiter les gains sur une année ». Et cette tendance devrait s’amplifier dès le mois d’août.

La formule de calcul repose, selon le ministère de l’Économie, sur « la moyenne du taux interbancaire de la zone euro » et « la moyenne de l'évolution de l’indice des prix à la consommation, hors tabac, sur le dernier semestre ». Une mécanique bien huilée, mais à double tranchant. Autrement dit : plus l’inflation recule, plus la rémunération s’effondre. Ce qui est perçu comme un soulagement pour le portefeuille des ménages devient un cauchemar pour leur argent placé.

La Banque de France et Bercy : peuvent-ils empêcher l’hémorragie ?

Théoriquement, oui. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, peut suggérer une dérogation à la formule. La décision finale revient à Bercy. Mais la politique budgétaire actuelle laisse peu de place à la générosité.

« Bien entendu, le gouverneur de la Banque de France est aussi autorisé à proposer de déroger à la règle si des circonstances exceptionnelles le justifient », écrit Le Revenu. Mais le contexte est clair : « on imagine mal le gouvernement accepter de soutenir artificiellement la rémunération du Livret, ce qui aurait pour conséquence de renchérir le coût de financement du logement social ».

En février dernier, cette option de maintien du taux avait déjà été écartée. Pourquoi y croire cette fois ? Pour Capital, il n’y a aucune ambiguïté : « François Villeroy de Galhau et Éric Lombard n’ont toutefois pas activé ce levier le 1ᵉʳ février dernier ».

Livret A : un modèle fragilisé pour l’épargne réglementée

Ce n’est plus un simple ajustement technique. C’est une transformation structurelle. La baisse des taux n’est pas ponctuelle, elle s’inscrit dans un cycle où la stabilité économique se paie d’un rendement amoindri. Pour les Français, qui sont 56 millions à détenir un Livret A, c’est une alerte : l’épargne facile n’a plus le vent en poupe.

Ce que certains appellent « placement sans risque » risque justement de ne plus couvrir l’inflation, même minime. En réalité, le Livret A pourrait redevenir ce qu’il était avant l’envolée des prix : une solution transitoire, sécurisante mais faiblement rémunératrice. Sauf que les attentes des épargnants, elles, ont changé. À moins d’un sursaut politique improbable, la messe semble dite. Le taux du Livret A chutera sous les 2% par an cet été. Le modèle reste, mais la promesse s’éteint.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Épargne : le taux du Livret A sous les 2% dès août ?»

Leave a comment

* Required fields