Bruno Le Maire estime que « tout est gratuit, pour tous »

Dans une tribune accordée au Journal Du Dimanche, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a plaidé pour une refonte profonde du modèle social français, arguant de la nécessité de passer d’un État-providence à un État protecteur. Une déclaration qui fait écho à l’annonce de plusieurs années d’austérité sur fond de déficit et de dette qui dérapent.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 18 mars 2024 à 9h40
etat-providence, chomage, dépenses, austérité, economie, gratuit
45%La tranche d'imposition la plus élevée est à 45% en France.

Bruno Le Maire : adieu État-providence, bonjour État protecteur

Le ministre, le 17 mars 2024, a vivement critiqué le modèle social actuel français. En particulier, pour son incapacité à contrôler les dépenses publiques, qu'il décrit comme une « machine à empiler de nouvelles dépenses publiques, sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité ». La dette française ne cesse d’augmenter, franchissant le seuil symbolique des 3.000 milliards d’euros et le déficit a dépassé les 5% du PIB en 2023.

Ainsi, Bruno Le Maire insiste sur l'idée que « la gratuité de tout, pour tous, tout le temps » est un modèle intenable. Si ce n’est que rien n’est gratuit en France : ce sont les contribuables, par l’impôt, et notamment la TVA, qui payent ce qui paraît ensuite gratuit. Et qui paye aussi le salaire dudit Bruno Le Maire, et ce depuis le début de sa carrière.

L’État-providence au défi de la baisse de la population active

Reste que Bruno Le Maire a identifié un problème : dans son entretien avec le JDD, il rappelle que lors de la création de l’État-providence en 1945, la situation démographique était différente. Il y avait alors, « peu de prestations et beaucoup de cotisants. Près de quatre-vingts ans plus tard, il a beaucoup de prestations et moins de cotisants. Comment cela peut-il tenir ? » Il appelle à un débat national pour redéfinir les contours d'un État protecteur, en terminer avec l’État-providence, et « reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable ».

Première étape : l’austérité. Le gouvernement a annoncé 10 milliards d’euros d’économies sur le budget 2024 et, surtout, 20 milliards pour le budget 2025, soit près de deux fois plus que ce qui avait été annoncé précédemment. Mais, évidemment, ça ne va pas s’arrêter là !

Les chômeurs dans le collimateur du gouvernement

Parmi les dispositifs que le gouvernement juge trop avantageux : l’assurance-chômage et son régime. Ce dernier est depuis plusieurs années la cible de l’exécutif qui a réduit la durée d’indemnisation et serré la vis sur les droits des demandeurs d’emploi. Mais ce ne serait que le début.

« La meilleure rémunération, la formation, la valorisation des filières qui embauchent, une meilleure orientation sont des politiques que nous mettons déjà en œuvre. Ajoutons-y une nouvelle réforme de l'assurance chômage : nous avons encore une durée d'indemnisation parmi les plus généreuses en Europe. Cette générosité se paie au prix fort : un taux de chômage encore au-dessus de celui de nos principaux partenaires économiques. » Les chômeurs actuels et futurs sont donc prévenus...

Néanmoins, au-delà de ce coup de gueule sur le JDD, Bruno Le Maire n’a pas donné de nouvelles pistes pour mettre ferme à ce « mirage de la gratuité universelle », comme il l’appelle. Peut-être pour ne pas se mettre un peu plus à dos les électeurs à quelques mois des élections européennes et alors que le RN caracole en tête des sondages ?

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Bruno Le Maire estime que « tout est gratuit, pour tous »»

Laisser un commentaire

* Champs requis