Droits de douane : Macron met la pression sur la Chine

Droits de douane: la menace politique face au déséquilibre commercial avec la Chine

Le 7 décembre 2025, à l’issue de sa visite d’État en Chine, Emmanuel Macron a averti que l’Union européenne pourrait imposer des droits de douane contre les importations chinoises si le déficit commercial ne se résorbait pas rapidement. Cette sortie marque un tournant dans la relation économique entre la France et la Chine, sur fond de déséquilibre croissant des échanges, d’excédent commercial chinois record et de craintes pour l’industrie européenne.

La France durcit donc son discours, et ce durcissement passe désormais par la menace explicite de droits de douane. Emmanuel Macron a confirmé que l’Union européenne pourrait agir « dans les tout prochains mois » si aucun rééquilibrage n’était engagé par Pékin. « Je leur ai dit que, s’ils ne réagissaient pas, nous, Européens, serions contraints de prendre des mesures fortes, comme par exemple des droits de douane sur les produits chinois », a déclaré le président français. Ainsi, au-delà du simple avertissement diplomatique, la France inscrit clairement la question du commerce dans un rapport de forces assumé.

Cette menace de droits de douane intervient dans un contexte de déséquilibre massif. L’excédent commercial de la Chine vis-à-vis de l’Union européenne dépasse désormais les 300 milliards d’euros sur 2024. Dans ce cadre, Emmanuel Macron a estimé que la pression exercée par les exportations chinoises venait frapper « le cœur du modèle industriel et d’innovation européen », notamment dans la machine-outil et l’automobile. Dès lors, la question des droits de douane devient un levier assumé pour protéger l’appareil productif européen.

Quelle mécanique du déséquilibre commercial entre l’Europe et la Chine ?

Le discours français sur les droits de douane s’appuie sur une réalité chiffrée de plus en plus difficile à ignorer. En 2025, l’excédent commercial chinois a franchi un seuil inédit. L’excédent cumulé atteint désormais environ 990 milliards d’euros sur onze mois. Cette envolée est portée par le retour à la croissance des exportations chinoises, en hausse de 5,9% en novembre 2025 sur un an. Cette dynamique renforce mécaniquement la pression sur les marchés européens et alimente la tentation des droits de douane.

Pour la France et ses partenaires européens, l’enjeu dépasse le simple solde des échanges. Il s’agit aussi d’une question de modèle économique. Emmanuel Macron a averti que cette situation plaçait l’Europe « entre les États-Unis et la Chine », une position jugée dangereuse pour l’industrie. Dans ce contexte, les droits de douane sont présentés comme un outil de correction des distorsions de commerce, au même titre que les mesures déjà engagées par Washington contre certaines importations chinoises.

Commerce France-Chine : des échanges dynamiques mais déséquilibrés

Malgré la montée des tensions autour des droits de douane, les échanges commerciaux entre la France et la Chine continuent de progresser. Entre janvier et octobre 2025, le commerce bilatéral a atteint environ 63 milliards d’euros, après conversion des 68,8 milliards de dollars annoncés par les autorités chinoises. Cette progression annuelle de 4,1% montre que, malgré les crispations diplomatiques, l’interdépendance économique entre les deux pays reste forte.

Cependant, cette dynamique ne suffit pas à compenser le déséquilibre global. La France demeure structurellement déficitaire dans ses échanges avec la Chine, ce qui nourrit le débat sur les droits de douane comme instrument de rééquilibrage du commerce. Pour Emmanuel Macron, l’objectif est double. D’une part, pousser Pékin à stimuler sa demande intérieure. D’autre part, encourager une augmentation des investissements chinois en Europe. Autrement dit, les droits de douane ne sont pas uniquement conçus comme une barrière, mais aussi comme un moyen de forcer une renégociation du cadre des échanges.