Facebook : ne payez surtout pas l’abonnement anti-pub !

Depuis novembre 2023, une nouvelle stratégie commerciale de Facebook et Instagram, sous l’égide de leur maison-mère Meta, fait débat en Europe. La firme propose désormais un abonnement payant pour supprimer les publicités et arrêter le pistage des données personnelles. Cette nouvelle offre, présentée comme une réponse aux pressions réglementaires européennes, est pourtant loin d’être satisfaisante. En y regardant de plus près, ce modèle s’avère trompeur, inutile et potentiellement en infraction avec les lois européennes sur la protection des données.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 19 novembre 2024 à 7h30
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arnaque, site, internet, vente, facebook, publicité, alerte - © Economie Matin
95 EUROSL'abonnement anti-pub de Facebook coûte plus de 95 euros par an.

Les utilisateurs de Facebook et Instagram ont tout intérêt à ne pas céder à Meta et à ne pas payer cet abonnement. Car, dans la réalité, il y a une option gratuite et cachée qui a les mêmes effets avec peu d’effets négatifs.

Publicité ciblée : l’abonnement payant de Facebook pour la supprimer ?

Meta propose depuis la mi-novembre 2024 aux utilisateurs européens une offre payante censée répondre à leurs préoccupations en matière de vie privée. Voici les détails de cette offre :

Tarifs :

  • 7,99 euros par mois pour les utilisateurs sur mobile (soit plus de 95 euros par an).
  • 5,99 euros par mois pour les utilisateurs sur ordinateur.
  • 5 euros supplémentaires pour chaque compte lié au même utilisateur.

Bénéfices revendiqués :

  • Suppression de toutes les publicités sur Facebook et Instagram.
  • Cessation du pistage des données personnelles liées à l’utilisateur.
  • Expérience sans interruption, avec une navigation fluide.

Ces mesures interviennent après des années de critiques et d’enquêtes menées par l’Union européenne. En vertu du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), Meta est tenu de demander un consentement explicite et éclairé avant de collecter et utiliser les données personnelles des utilisateurs. Après des violations répétées et des sanctions importantes, Meta a cherché à contourner ces obligations par une solution payante.

Bien que Meta se présente comme respectueux de la réglementation, sa nouvelle stratégie repose sur une manipulation implicite des choix des utilisateurs. L’abonnement payant est présenté comme la seule véritable solution pour protéger ses données, occultant délibérément l’option gratuite pourtant imposée par l’UE. Et, pourtant, elle existe.

Pourquoi il ne faut pas payer Facebook ?

Contre la publicité ciblée, une solution gratuite existe mais est cachée

Meta a été contraint par les régulateurs européens de proposer une alternative gratuite permettant d’arrêter le pistage. Cette option, appelée "publicités moins personnalisées", est intégrée aux paramètres mais n’est pas clairement mise en avant.

  • Accessibilité limitée : Les utilisateurs doivent naviguer dans des menus complexes pour trouver l’option.
  • Punition implicite : Ceux qui optent pour cette alternative sont confrontés à des désagréments, tels que des blocages de navigation de 5 secondes imposés par Meta pour les dissuader.

Une stratégie commerciale trompeuse ?

Meta profite de la méconnaissance des règles européennes par une grande partie de ses utilisateurs. Voici comment :

  • Désinformation : Les messages affichés lors de l’inscription ou de la connexion omettent systématiquement de mentionner l’existence de l’option gratuite.
  • Peur instillée : En insistant sur la valeur de l’abonnement, Meta cherche à faire croire que la gratuité est synonyme de perte de contrôle sur les données personnelles.

Une option payante qui pourrait être illégale

Selon le RGPD, le consentement à la collecte de données doit être :

  • Libre : L’utilisateur doit pouvoir refuser sans conséquence négative.
  • Éclairé : Les options doivent être présentées de manière transparente et compréhensible.

En imposant des pénalités comme des blocages ou en masquant l’option gratuite, Meta pourrait être en infraction avec ces principes, ouvrant la voie à de nouvelles sanctions juridiques.

La véritable solution : comment refuser le pistage de Facebook et Instagram totalement gratuitement ?

Pour éviter de payer inutilement, il est crucial de connaître et de suivre les démarches permettant de désactiver les publicités ciblées. Voici un guide détaillé pour configurer vos paramètres :

Étape Mobile (application) Ordinateur (navigateur)
Accéder aux paramètres Menu → Paramètres et confidentialité → Paramètres Paramètres → Préférences publicitaires
Choisir l’expérience publicitaire Espace Comptes → Préférences publicitaires → Expérience publicitaire Cliquez sur l’option "Publicités moins personnalisées"
Valider l’option gratuite Activez "Publicités moins personnalisées" Idem.

Résultat attendu :

  • Vos données personnelles ne seront plus collectées à des fins publicitaires.
  • Les publicités affichées seront génériques, sans lien avec vos activités ou centres d’intérêt.

Il est également possible, sur un navigateur d’ordinateur ou sur mobile, de cliquer sur ce lien (en étant connecté à son compte Meta) https://accountscenter.facebook.com/ad_preferences/ad_settings/ad_experience qui renvoie directement à l’option pour ne plus avoir de publicités ciblées. Il faut choisir la deuxième option, qui est donc gratuite.

Conséquences cachées de l’option gratuite anti-publicité de Facebook

Meta cherche à décourager les utilisateurs d’opter pour l’option gratuite. Voici les principales conséquences imposées par la plateforme :

  1. Blocages temporaires : Navigation interrompue pendant quelques secondes lors de l’utilisation.
  2. Absence de fluidité : Chargement plus lent des contenus sur le fil d’actualité.
  3. Publicités moins attractives : Affichage de publicités standardisées, souvent moins pertinentes pour les utilisateurs.

La publicité ciblée représente plus de 90 % des revenus de Meta, soit plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. En Europe, cette activité est particulièrement stratégique, la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) générant environ 23 % du chiffre d’affaires global de l’entreprise. On comprend mieux que Facebook ne soit pas très enclin à ce que ses utilisateurs refusent de se faire pister.

Pourquoi Meta pousse l’abonnement ?

  • Rentabilité réduite : Les publicités non ciblées sont vendues à des tarifs bien inférieurs.
  • Réduction des coûts juridiques : L’abonnement est une tentative de satisfaire les régulateurs tout en maintenant des revenus stables.

Abonnement payant vs. Option gratuite

Critères Abonnement payant Option gratuite
Coût mensuel 7,99 euros / mois (mobile) Gratuit
Type de publicité Aucune publicité Publicités standardisées
Collecte de données Aucune Aucune
Impact utilisateur Navigation fluide, aucune interruption Blocages et ralentissements possibles
Avantages supplémentaires Aucun Aucun

Accepter de payer pour protéger ses données personnelles crée un précédent dangereux. Si ce modèle venait à se généraliser, la vie privée deviendrait un luxe inaccessible pour une partie de la population. Cela accentuerait encore les inégalités numériques.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Facebook : ne payez surtout pas l’abonnement anti-pub !»

  • Merci pour votre article très instructif ! Je me demande simplement pourquoi Meta a pu choisir d’embrouiller les utilisateurs avec des offres payantes alors qu’une solution gratuite est en fait envisageable. Est-ce uniquement une question de profit ? Cela me laisse perplexe. J’imagine qu’il serait sage pour nous, utilisateurs, de bien fouiller dans les paramètres avant de se laisser séduire par l’option payante. Quelle stratégie complexe !

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