Fin du thermique en 2035 : une transition trop coûteuse pour l’UE ?

La date butoir de 2035 pour la fin des voitures thermiques neuves en Europe est fragilisée. Derrière le signal politique, les logiques économiques rattrapent Bruxelles : déséquilibres industriels, dépendance technologique, menace sur l’emploi, concurrence étrangère. Le calendrier pourrait glisser.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
By Rédaction Last modified on 5 décembre 2025 14h59
voitures thermiques
Fin du thermique en 2035 : une transition trop coûteuse pour l’UE ? - © Economie Matin
25Le coût d’achat des véhicules électriques reste supérieur de 25 % en moyenne à celui des thermiques.

Depuis le vote du Parlement européen en 2022 interdisant la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035, les fondements économiques de cette transition sont de plus en plus interrogés. À la lumière des retards industriels, de la faiblesse des infrastructures et d’un tissu productif encore tributaire du moteur à combustion, l’Union européenne envisage un infléchissement stratégique.

L’économie européenne face à une transition accélérée

La stratégie de sortie du thermique repose sur une électrification massive du parc automobile. Mais cette rupture technologique implique des ajustements économiques majeurs. Le modèle d’industrialisation actuel, centré sur la thermique, ne peut pivoter en une décennie sans heurts. Transitions & Énergies constate que « l’industrie européenne n’est pas capable de suivre ce rythme sans mise à niveau massive ». En cause : la dépendance aux fournisseurs asiatiques, le manque de capacités de production locales de batteries, et l’insuffisance d’infrastructures de recharge dans de nombreux États membres.

D’un point de vue budgétaire, les investissements nécessaires se chiffrent en centaines de milliards d’euros, alors que plusieurs pays européens affrontent déjà des déficits publics sous pression. L’UE avait prévu un fonds d’accompagnement de 40 milliards d’euros, mais ce montant reste insuffisant à l’échelle du continent.

L’interdiction du thermique menace l’équilibre de la filière automobile

La chaîne de valeur de l’automobile européenne repose encore largement sur le thermique. En France, en Allemagne ou en Italie, des centaines de milliers d’emplois directs et indirects sont liés à cette technologie. Le basculement forcé vers l’électrique, en l’absence de mesures transitoires adaptées, fait peser un risque systémique sur l’emploi industriel.
Selon AutoJournal, plusieurs constructeurs alertent sur le danger d’un « décrochage compétitif » si l’Europe impose une réglementation plus stricte que ses concurrents. Les États-Unis et la Chine n’ont pas fixé de seuil aussi définitif à 2035, laissant une marge stratégique à leurs industriels.

Par ailleurs, l’approche unique adoptée par Bruxelles — bannissement total du thermique — est jugée trop rigide. AutoPlus rapporte que la Commission envisage désormais de reconnaître des « alternatives compatibles avec la neutralité carbone », comme les moteurs e‑fuels ou hybrides rechargeables, pour desserrer l’étau réglementaire.

Une concurrence mondiale qui s’intensifie

L’économie de l’électrique n’est pas neutre : elle restructure le marché mondial. Les constructeurs chinois, largement subventionnés, inondent le marché européen avec des véhicules à bas coût. L’Europe, à la traîne sur les volumes et la compétitivité-prix, voit sa balance commerciale se déséquilibrer. À ce titre, la stratégie industrielle européenne doit être repensée. GoCar indique que le calendrier initial de réforme — attendue pour le 10 décembre — est repoussé, ce qui confirme les divergences profondes entre ambition écologique et viabilité économique.

Enfin, la demande intérieure reste timide. Le coût d’achat des véhicules électriques reste supérieur de 25 % en moyenne à celui des thermiques. La hausse des taux d’intérêt a rendu les crédits automobiles plus chers, freinant les renouvellements de flottes.

No comment on «Fin du thermique en 2035 : une transition trop coûteuse pour l’UE ?»

Leave a comment

* Required fields