Noël : comment les Français basculent vers le crédit

À l’approche de Noël, les Français jonglent plus que jamais avec leurs moyens financiers, quitte à s’appuyer sur un crédit pour maintenir la tradition.

Anton Kunin
By Anton Kunin Last modified on 11 décembre 2025 6h03
Les Français craignent de ne pas pouvoir offrir de cadeaux à leurs proches ce Noël.
Les Français craignent de ne pas pouvoir offrir de cadeaux à leurs proches ce Noël. - © Economie Matin
68%Paiement échelonné, crédit renouvelable, découvert... : 68% des répondants ne parviennent pas à identifier correctement les situations de crédit.

Noël : le compte courant reste central mais ne suffit plus pour de nombreux ménages

Selon une étude menée par FLASHS pour Ymanci, 59% des Français déclarent financer leurs achats de Noël uniquement via l’argent disponible sur leur compte courant. Ce résultat montre que la majorité cherche encore à éviter de s’endetter, même si ce choix suppose de resserrer fortement les dépenses. Cependant, les comportements évoluent rapidement, car 41% des personnes interrogées affirment faire appel à au moins une autre solution. Ce chiffre élevé témoigne d’un besoin croissant de compléter le budget par des mécanismes plus flexibles, ce qui confirme que le financement des fêtes devient un véritable défi financier pour de nombreux foyers.

Parmi celles et ceux qui se tournent vers d’autres options, les stratégies sont multiples. Ainsi, 44% mobilisent leur épargne, qu’il s’agisse d’un livret ou d’un compte dédié, ce qui traduit une volonté de maintenir un Noël complet malgré la contrainte budgétaire. De plus, 44% utilisent le paiement en plusieurs fois sans frais, une solution perçue comme pratique pour lisser les dépenses. À travers ces comportements, on observe que les Français, même lorsqu’ils refusent explicitement un crédit, adoptent des modalités de paiement qui rapprochent leurs achats d’une forme d’endettement maîtrisé.

Pour financer leur Noël, une part significative des Français bascule vers le crédit

Une proportion notable de nos concitoyens s’appuie sur des outils assimilables à un crédit au sens strict. Ainsi, 14% des répondants se retrouvent à découvert à l’occasion des fêtes, ce qui constitue un crédit bancaire même si beaucoup ne l’identifient pas comme tel. De plus, 12% optent pour un paiement échelonné supérieur à quatre mensualités, souvent étalé sur six à douze mois. Enfin, 6% ont recours à une réserve d’argent ou à un crédit renouvelable. Mis bout à bout, ces solutions totalisent 32% des usages parmi ceux qui ne se contentent pas du compte courant, ce qui montre que le recours au prêt se banalise au moment de Noël.

Cette montée en puissance du financement différé illustre une transformation profonde de l’économie des fêtes. Alors que les prix augmentent et que le pouvoir d’achat se tend, la perspective de payer plus tard se normalise, notamment pour offrir des cadeaux jugés indispensables. Ainsi, le financement de Noël ne repose plus uniquement sur la trésorerie immédiate, mais sur une combinaison d’arbitrages qui incluent, parfois sans en avoir pleinement conscience, une mécanique de crédit.

Une forte confusion autour du crédit qui fausse les décisions financières

Fait inquiétant que met en avant cette enquête : 68% des répondants ne parviennent pas à identifier correctement les situations de crédit. Ce pourcentage inclut ceux qui commettent au moins une erreur d’identification et ceux qui affirment qu’aucune solution n’est un crédit. Plus préoccupant encore, 73% ne considèrent pas le découvert autorisé comme un crédit, alors qu’il s’agit bien d’un dispositif bancaire assorti d’intérêts potentiels. Ces données soulignent une zone de flou qui peut inciter à des décisions financières risquées, notamment au moment de Noël, période où les achats sont plus nombreux et souvent plus impulsifs.

Cette confusion n’est pas anodine. Elle signifie qu’un grand nombre de Français ont recours à des solutions financières dont ils ne mesurent pas pleinement les conséquences. Ainsi, lorsqu’ils choisissent d’utiliser un paiement échelonné sur plusieurs mois ou une réserve d’argent, certains ne se rendent pas compte qu’ils entrent dans le champ du crédit. Ce manque de clarté, mis en lumière par les chiffres, peut conduire à un endettement plus important que prévu, alors même que l’objectif initial était de maîtriser son budget.

Des motivations émotionnelles qui amplifient la prise de risque

Au-delà des aspects techniques, les motivations qui poussent à utiliser une solution de financement autre que le compte courant sont principalement affectives. D'après ce sondage, 84% de ceux qui adoptent une solution alternative le font pour « faire plaisir à ceux qu’ils aiment, quitte à payer plus tard ». Le poids symbolique de Noël reste donc très fort et dépasse largement les considérations économiques. Dans le même temps, 48% déclarent ne pas vouloir paraître radins ou faire moins que les autres, ce qui crée une pression sociale qui influence le recours au crédit.

Ces chiffres révèlent que l’endettement lié à Noël est souvent motivé par un mélange d’attentes sociales, d’envie de bien faire et de peur de décevoir. Le besoin de maintenir une image ou de préserver l’harmonie familiale conduit parfois à s’engager dans des dépenses supérieures à ce que permet réellement le budget. Ainsi, la dimension émotionnelle s’ajoute aux incertitudes économiques, ce qui complexifie davantage la gestion financière des fêtes.

Les tensions psychologiques autour du prix des cadeaux renforcent l’usage du crédit

L’étude montre que les Français vivent Noël sous une forte pression psychologique. En effet, 59% ont déjà eu peur qu’un cadeau offert soit jugé « pas assez cher ». Cette inquiétude, particulièrement présente au moment des échanges en famille ou entre amis, influence directement la façon de dépenser et peut encourager l’adoption de solutions financières comme le crédit lorsqu’une dépense paraît indispensable. Cette dynamique s’observe surtout dans un contexte où le regard des autres joue un rôle important dans la perception de la générosité.

En parallèle, 71% des personnes interrogées affirment adapter leur budget en fonction de la générosité perçue des autres. Autrement dit, la dépense liée à Noël n’est pas seulement déterminée par les moyens financiers, mais également par les comportements d’autrui. Ce mécanisme entretient une spirale où chacun cherche à s’aligner, parfois au prix d’un effort financier trop important. C’est dans ce contexte que le crédit, sous toutes ses formes, devient un outil permettant de répondre à ces attentes implicites.

Entre règles, Secret Santa et arbitrages : un Noël que beaucoup voudraient plus encadré

Face à ces tensions, une partie des Français exprime le souhait d’un encadrement des dépenses. Ainsi, 32% pensent qu’ils vivraient Noël plus sereinement si un budget commun et raisonnable était fixé. De plus, 21% aimeraient recentrer les cadeaux uniquement sur les enfants, ce qui réduirait mécaniquement la pression financière. Par ailleurs, 19% seraient prêts à offrir moins, mais avec des cadeaux plus symboliques, tandis que 14% envisageraient volontiers un tirage au sort de type Secret Santa.

Ces chiffres montrent qu’une proportion significative de personnes cherche des solutions pour réduire l’emprise financière de Noël et, par extension, limiter le recours au crédit. Cette volonté d’encadrement illustre une tension entre le désir d’offrir et la capacité réelle à financer les fêtes, ce qui pousse certains à revoir progressivement leur rapport aux traditions.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

No comment on «Noël : comment les Français basculent vers le crédit»

Leave a comment

* Required fields