En septembre 2022, la mer Baltique est devenue le théâtre d’un des plus grands relâchements de méthane jamais enregistrés, suite à des explosions qui ont endommagé les gazoducs Nord Stream, essentiels pour le transport du gaz naturel russe vers l’Europe. Des études récentes publiées dans les prestigieuses revues Nature et Nature Communications ont dévoilé que les quantités de méthane émises étaient plus que le double des premières évaluations.
Gazoducs Nord Stream : les fuites de méthane largement sous-estimées

Un impact colossal sur l’environnement
Dans trois études publiées le 15 janvier 2025 dans les revues Nature et Nature communications, les chercheurs ont ajusté les chiffres relatifs aux fuites de méthane de 2022, révélant que près de 465 000 tonnes de ce gaz à effet de serre ont été libérées. Cette quantité représente plus du double des estimations initiales, ce qui met en relief l'ampleur de l'impact environnemental de cet événement. Le méthane, étant un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone, a ainsi contribué à l'accélération du changement climatique sur un laps de temps très court.
Les émissions dues aux fuites équivalent à environ 30 % des émissions annuelles de méthane d'origine humaine de l'Allemagne, ou encore à 0,1 % des émissions mondiales. Cette comparaison avec les données nationales et mondiales aide à comprendre l'impact monumental de cet incident isolé sur les efforts globaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L'utilisation de données diversifiées
Pour parvenir à ces résultats surprenants, l'équipe de recherche a utilisé une combinaison de données atmosphériques, des images satellitaires, ainsi que des observations marines et aériennes. Cette approche multidisciplinaire a permis une estimation plus précise des émissions de méthane, montrant l'importance de l'utilisation des technologies modernes dans la surveillance environnementale.
Les scientifiques ont également mis en œuvre des simulations pour modéliser les taux d'émission de méthane à partir des ruptures des pipelines. Ces modèles ont été vérifiés et affinés grâce à des comparaisons avec des estimations d'émissions obtenues par des méthodes directes, illustrant la synergie entre différentes approches scientifiques pour affronter les défis écologiques.
Les origines des explosions
Les explosions ayant endommagé les gazoducs sont largement attribuées à des actes de sabotage en contexte de tensions géopolitiques exacerbées par le conflit en Ukraine. Cette dimension géopolitique ajoute une couche de complexité à la gestion et à la prévention de tels incidents à l'avenir.
La nécessité de comprendre pleinement les implications de telles émissions massives est capitale. Les chercheurs insistent sur l'importance d'une approche globale pour la mitigation des sources de méthane anthropogénique, en soulignant que des incidents comme ceux du Nord Stream peuvent contrecarrer les efforts internationaux visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.