Diesel, fuel domestique : dépêchez vous de faire le plein !!

Face à une hausse inquiétante des prix du carburant sur son marché intérieur, la Russie a suspendu ses exportations de gazole et d’essence. Cette décision chamboule l’équilibre mondial.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 22 septembre 2023 à 16h01
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16 % les exportations de gazole russes représentent 16 % de l'approvisionnement par voies maritimes

Pour une durée indéterminée, la Russie coupe ses exportations de gazole

La Russie, grande pourvoyeuse d'essence et de gazole, a annoncé jeudi 21 septembre 2023 la suspension de ses exportations vers toutes les destinations à l'exception de quatre anciennes républiques soviétiques : la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizistan. Selon le gouvernement russe, cette décision vise à « soulager son marché intérieur, où les prix du carburant flambent ». Cela est en grande partie dû à la demande croissante des consommateurs russes, aux travaux de réparation en cours dans les raffineries, aux complications logistiques liées aux transports ferroviaires et aux attaques de drones ukrainiens sur les infrastructures pétrolières et énergétiques russes. Naturellement, la Russie fait le choix de la préférence nationale. En augmentant l'offre sur son marché intérieur, elle espère entraîner une réduction des prix pour les consommateurs russes. Il est également important de rappeler que, face aux tensions de son marché intérieur, la Russie avait déjà, dès septembre 2023, réduit de 30 % ses exportations par rapport au mois d'août. Si l'on peut comprendre le choix de la Russie, celui-ci suscite de nombreuses inquiétudes sur l'équilibre du marché mondial. D'autant plus que, comme l'a souligné Edward Moya d'Oanda, aucune date de retour des exportations russes n'a été donnée par le Kremlin.

Selon Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, « les exportations russes de diesel représentent 1 million de barils par jour, soit 16 % de l'approvisionnement par voie maritime, tandis que la part d'essence est beaucoup plus faible, environ 3% ». Les changements politiques de la guerre en Ukraine ont réorienté les clients traditionnels de la Russie, dont bien évidemment l'Europe, vers d'autres pays producteurs comme les États-Unis et la Chine, en plus des pays du Golfe.

La Chine et l'Arabie saoudite se frottent les mains

La suspension des exportations russes a immédiatement perturbé le marché mondial. Les prix du gazole ont augmenté, le contrat de référence du gazole européen atteignant 980 dollars la tonne, proche de son record annuel. Face à cette tension, l'Occident, qui souhaitait, rappelons-le, mettre à genoux l'économie russe, est plus que préoccupé. En effet, selon Phil Flynn, de Price Futures Group, le « marché est très inquiet », soulignant que l'hémisphère nord s'apprête à entrer dans l'hiver. De ce fait, il y aura un pic de consommation de gazole. Si la Chine et les États-Unis ont augmenté leurs exportations vers l'Europe, leurs capacités ne permettent pas d'équilibrer l'offre et la demande. En effet, les États-Unis, eux aussi, ont une capacité d'exportation limitée. Leur marché intérieur est également sous tension suite à une augmentation de 11 % par rapport à l'année précédente sur leur territoire national. À cela s'ajoute une diminution aux États-Unis du nombre de raffineries en activité depuis la crise sanitaire de 2019.

Même si la Chine a déjà triplé ses exportations de gazole cette année, celle-ci s'est engagée, avec l'Arabie saoudite, à limiter le nombre de barils sur le marché. De surcroît, outre la politique du robinet que les pays producteurs n'hésitent pas à utiliser pour faire flamber les prix du pétrole, la décision de la Russie ajoute, de facto, une pression supplémentaire sur le marché mondial. Pour Stephen Schork, du Schork Group, les pays producteurs n'ont aucun intérêt à continuer sur cette lancée. Selon lui, cela « tuerait la demande et encouragerait la transition vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques ». Néanmoins, beaucoup de Français n'ont pas les moyens de se tourner vers ces solutions alternatives. Les pays producteurs le savent. Le marché mondial est en surchauffe. L'Arabie saoudite et la Chine tirent les ficelles et la situation semble sans issue.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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