L’horloge de l’Apocalypse s’est encore rapprochée de minuit, marquant un nouveau record de proximité avec l’anéantissement supposé de l’humanité. Ce mardi 28 janvier 2025, les scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists ont annoncé un nouvel ajustement, plaçant désormais l’aiguille à 89 secondes de la catastrophe. Une avancée minime, mais lourde de sens. Faut-il voir là un simple symbole ou le signe que nous avons franchi une ligne rouge ?
L’horloge de l’Apocalypse avance : sommes-nous à l’aube de la fin du monde ?

Depuis sa création en 1947, l’horloge de l’Apocalypse mesure la proximité de l’humanité avec sa propre destruction. Son évolution est dictée par un comité de scientifiques et d’experts internationaux qui évaluent les menaces globales pesant sur notre civilisation. À l’origine, elle symbolisait le risque d’une guerre nucléaire entre les grandes puissances. Aujourd’hui, son spectre s’est élargi aux bouleversements climatiques, à la montée des tensions géopolitiques et aux dérives technologiques. Ce 28 janvier 2025, l’alerte a de nouveau retenti. Le Bulletin of the Atomic Scientists a avancé l’aiguille d’une seconde, un ajustement infime en apparence, mais qui reflète une aggravation des dangers menaçant l’humanité.
L’horloge de l’Apocalypse, un baromètre du danger mondial
Créée par les scientifiques du projet Manhattan, dont Albert Einstein, l’horloge de l’Apocalypse a été conçue pour matérialiser le degré de menace pesant sur le monde. Depuis 1947, elle oscille au gré des crises et des sursauts d’espoir. Chaque avancée traduit un renforcement des périls, chaque recul symbolise une période de relative détente.
En 1947, à son lancement, l’horloge était positionnée à sept minutes de minuit, reflétant la montée des tensions entre les États-Unis et l’Union soviétique dans les premières années de la guerre froide. En 1962, lors de la crise des missiles de Cuba, le monde a frôlé l’affrontement nucléaire, précipitant l’aiguille à trois minutes de la catastrophe. En 1991, la fin de la guerre froide et la signature d’accords de désarmement ont permis un recul inédit, éloignant l’horloge à dix-sept minutes de minuit, son niveau le plus sécurisant jamais atteint. Mais cette embellie a été de courte durée. Depuis les années 2000, les tensions mondiales ont repris, accentuées par des menaces multiples. En 2020, les scientifiques ont placé l’horloge à 100 secondes de minuit, notamment en raison de l’effondrement des traités de désarmement et de la pandémie de COVID-19. En 2023, elle s’est encore rapprochée du seuil critique, fixée à 90 secondes, en raison de la guerre en Ukraine et des dérèglements climatiques.
Aujourd’hui, avec seulement 89 secondes avant minuit, le monde n’a jamais été aussi proche du chaos.
Un monde en crise, des dangers qui s’accumulent
L’ajustement de 2025 ne doit rien au hasard. Les scientifiques justifient leur décision par la montée en intensité de plusieurs menaces existentielles.
Le risque nucléaire est plus inquiétant que jamais. Le conflit en Ukraine continue de faire peser une ombre lourde sur l’équilibre géopolitique mondial. L’année dernière, Vladimir Poutine a annoncé un abaissement du seuil d’utilisation de l’arme nucléaire, une décision perçue comme un avertissement à l’Occident. À cela s’ajoutent des tensions croissantes dans d’autres régions du globe, notamment autour de Taïwan, où la Chine affiche des velléités de plus en plus agressives, et au Moyen-Orient, où l’instabilité persistante pourrait dégénérer à tout moment.
Le climat est un autre facteur aggravant. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, confirmant une tendance alarmante. Les catastrophes naturelles se multiplient, les sécheresses s’intensifient et les incendies deviennent hors de contrôle. Malgré la progression des énergies renouvelables, les efforts pour contenir le réchauffement climatique restent insuffisants. L’accord de Paris, signé en 2015, semble de plus en plus déconnecté de la réalité d’un monde qui tarde à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. D’autant plus que les Etats-Unis sont sortis de l’accord sur décision de Donald Trump.
Les nouvelles technologies, elles aussi, sont perçues comme une menace grandissante. L’intelligence artificielle se développe à une vitesse qui dépasse largement les capacités de régulation des États. Les applications militaires de l’IA, encore balbutiantes, inquiètent les experts qui redoutent des armes autonomes échappant au contrôle humain. En parallèle, la désinformation alimentée par des algorithmes de plus en plus sophistiqués fragilise les démocraties et brouille la distinction entre vérité et mensonge.
Apocalypse : sommes-nous condamnés ou existe-t-il un espoir ?
Le constat est alarmant, mais l’horloge n’est pas une fatalité. Les scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists insistent sur le fait qu’elle constitue un avertissement et non une prophétie irrévocable. Il est encore possible de reculer l’aiguille, à condition que des mesures concrètes soient prises rapidement.
La priorité absolue reste la question nucléaire. Un retour aux négociations sur le contrôle des armements, notamment entre les États-Unis, la Russie et la Chine, serait un premier pas essentiel. La guerre en Ukraine doit trouver une issue diplomatique pour éviter un dérapage irréversible. Au-delà de l’arsenal militaire, la lutte contre le réchauffement climatique exige un effort collectif sans précédent. Une accélération de la transition énergétique, accompagnée de réformes structurelles, pourrait éviter un emballement incontrôlé du climat.
Les nouvelles technologies doivent être encadrées avec fermeté. L’intelligence artificielle, en particulier, ne peut continuer à évoluer sans garde-fous. L’Union européenne et les États-Unis travaillent actuellement sur des régulations visant à limiter les dérives, mais le chemin est encore long.
L’horloge de l’Apocalypse n’a jamais été aussi proche de minuit, mais elle a déjà reculé dans le passé. Il appartient aux dirigeants du monde de décider si elle continuera d’avancer ou si un sursaut sera enfin amorcé. L’histoire a prouvé que des périodes de tensions extrêmes pouvaient être suivies de phases de détente. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : avons-nous encore le temps d’éviter la catastrophe ?