Les incendies de forêts en France connaissent une évolution contrastée : si la moyenne annuelle a nettement diminué depuis quarante ans, l’été reste particulièrement à risques pour les forêts françaises. Le bilan de l’été 2025, marqué notamment par l’incendie de Ribaute, illustre ces dynamiques à l’échelle nationale et européenne.
Les incendies de forêts baissent sur les 40 dernières années

Chaque été, les incendies rappellent la vulnérabilité des massifs forestiers. En 2025, selon l’Office national des forêts (ONF), plus de 1 700 départs de feu ont été recensés, pour environ 20 000 hectares brûlés. Ce chiffre se situe au-dessus des moyennes récentes, mais reste inférieur aux années record.
Une tendance générale à la baisse sur le long terme
D’après les données de Vie-publique, « la surface forestière brûlée a diminué au cours des dernières décennies en moyenne annuelle ». Dans les années 1980, environ 42 000 hectares brûlaient chaque année. Ce chiffre est tombé à 23 000 hectares dans les années 1990, puis à moins de 20 000 dans les années 2000. Entre 2015 et 2019, la moyenne n’atteignait plus que 7 500 hectares.
Cette évolution traduit l’efficacité accrue des dispositifs de lutte, l’amélioration des moyens aériens et terrestres, et l’organisation renforcée de la prévention. Toutefois, les variations interannuelles restent fortes. L’été 2022 avait marqué un pic exceptionnel avec 72 000 hectares détruits, tandis que 2025, avec environ 20 000 hectares, se rapproche des niveaux constatés deux décennies plus tôt.
Une année 2025 marquée par des contrastes
L’ONF note que plus de 85 % des incendies sont maîtrisés avant de dépasser un hectare, grâce aux interventions rapides des pompiers et à la surveillance accrue. Cependant, certains foyers échappent à ce schéma, comme le montre l’incendie de Ribaute.
Sur le plan national, la surface détruite demeure significative mais reste inférieure aux grandes crises passées. Elle met néanmoins en évidence la sensibilité des forêts méditerranéennes et la nécessité d’adapter les stratégies de gestion à des conditions climatiques variables.
L’exemple de Ribaute, un feu hors norme
Le 5 août 2025, un incendie s’est déclaré à Ribaute, dans l’Aude. En 24 heures, il a parcouru plus de 16 000 hectares, mobilisant plus de 2 000 pompiers et plusieurs avions bombardiers d’eau. Le bilan fait état d’un mort et de plusieurs blessés. Le feu a été déclaré éteint le 28 août.
Cet épisode, l’un des plus importants des cinquante dernières années en France, rappelle que malgré les progrès, des feux d’ampleur exceptionnelle demeurent possibles. Leur intensité dépend souvent de la conjonction entre végétation sèche, vents violents et conditions météorologiques favorables à la propagation.
Comparaisons européennes et perspectives
À l’échelle de l’Union européenne, l’année 2025 est remarquable : plus d’un million d’hectares ont déjà brûlé, soit près de quatre fois la moyenne 2006-2024. L’Espagne, le Portugal et la Grèce concentrent une large part de ces pertes, mais la France figure aussi parmi les pays les plus touchés, avec des estimations allant de 20 000 à 36 000 hectares.
Cette comparaison montre que la situation française, longtemps favorable par rapport à ses voisins méditerranéens, tend à se rapprocher de leurs réalités. Elle souligne aussi que les incendies ne peuvent être interprétés uniquement à l’échelle nationale, mais doivent être analysés dans un cadre plus large, lié à l’évolution des conditions climatiques et environnementales.
Moyens de lutte et gestion continue
La France dispose de moyens importants : 4 000 sapeurs-pompiers spécialisés, 400 militaires de sécurité civile et une flotte aérienne composée de Canadair, Dash et hélicoptères. L’ONF, de son côté, assume la mission de défense des forêts contre les incendies (DFCI), couvrant 80 % des départements. Elle englobe l’entretien des accès, la gestion des points d’eau, la surveillance et la reconstitution après sinistre.
Ces efforts expliquent la tendance à long terme d’une baisse des surfaces détruites. Mais ils rappellent également que la gestion des incendies est un travail continu, où chaque saison peut offrir un visage différent, en fonction des conditions météorologiques et de la pression sur les écosystèmes. Il importe toutefois de ne pas se reposer sur ses (relatifs) lauriers et de continuer à engager des moyens pour éteindre plus de feux, et les éteindre plus vite.
