Le 7 août 2025, le marché des semi-conducteurs a tremblé. Donald Trump a publiquement demandé la démission de Lip-Bu Tan, le PDG d’Intel, invoquant des « conflits d’intérêts » liés à ses activités passées en Chine. L’annonce a immédiatement secoué les milieux politiques, économiques et industriels, relançant le débat sur les liens entre grandes entreprises technologiques et sécurité nationale.
Intel sous le feu : Donald Trump exige la démission de son PDG

Donald Trump et Intel : une collision frontale
Le message est tombé sur Truth Social comme un coup de semonce : « Le PDG d'INTEL est en proie à de graves CONFLITS d'intérêts et doit démissionner immédiatement. Il n'y a pas d'autre solution à ce problème ». Derrière ces mots, un chef d’État qui cible personnellement un dirigeant d’une entreprise stratégique, fait rare dans l’histoire industrielle américaine.
Cette sortie intervient dans un contexte où Trump menace d’imposer des droits de douane de 100% sur les semi-conducteurs en provenance de Chine. Intel, déjà sous pression face à Nvidia et aux géants taïwanais comme TSMC, se retrouve ainsi au centre d’un conflit à la fois politique et économique.
Les zones d’ombre de Lip-Bu Tan
Lip-Bu Tan n’est pas un inconnu des arcanes technologiques. Ancien président exécutif de Cadence Design Systems, il a dirigé l’entreprise lors de l’amende record de 140 millions de dollars (environ 128 millions d’euros) infligée en 2012 pour violation des sanctions américaines contre la Chine.
Mais c’est surtout son rôle de fondateur de Walden International qui cristallise les attaques. Ce fonds de capital-risque a investi dans plus de 200 entreprises chinoises, dont certaines, selon un rapport du Congrès américain de 2024, sont directement liées à l’Armée populaire de libération. Le sénateur républicain Tom Cotton n’a pas mâché ses mots dans une lettre adressée au président du conseil d’Intel, affirmant que Tan avait « mis en danger la sécurité nationale ».
Face à l'ordre de Donald Trump, Intel essaie de rassurer
Face aux accusations, le ton d’Intel est resté institutionnel : « Nous restons profondément engagés envers la sécurité nationale des États-Unis et nos investissements sont alignés avec l’agenda America First ». Le groupe met en avant ses projets massifs sur le sol américain, notamment une usine en Ohio et des extensions en Arizona, financées en partie par le Chips and Science Act à hauteur de 8,5 milliards de dollars (environ 7,75 milliards d’euros). Ce positionnement patriotique n’a pas empêché l’action de chuter de 3% à la clôture du 7 août 2025, signe d’une inquiétude palpable des marchés.
Les semi-conducteurs, un secteur déjà fragilisé aux États-Unis
Au-delà du cas Tan, l’épisode met en lumière la vulnérabilité actuelle d’Intel. Baisse des ventes, pertes dans la division fonderie, annulation de projets en Europe, retard dans l’IA face à Nvidia : l’entreprise est engagée dans une restructuration drastique, avec réduction de 15% de ses effectifs mondiaux.
Donald Trump a d’ailleurs enfoncé le clou la veille de son attaque frontale, lors d’un événement avec Tim Cook (Apple), en déclarant qu’« Intel vient de se faire plumer ».
Quand politique et industrie se confondent
Cet affrontement s’inscrit dans une logique plus large : celle d’un bras de fer stratégique entre Washington et Pékin pour le contrôle des technologies clés. Les semi-conducteurs sont au cœur de cette rivalité, et tout dirigeant soupçonné de collusion avec la Chine devient une cible potentielle.
Le cas Lip-Bu Tan, par ses ramifications industrielles et ses connexions passées, illustre la manière dont le leadership d’une entreprise peut devenir un enjeu politique majeur. Dans cette bataille, les cartes ne sont pas uniquement entre les mains des actionnaires, mais aussi dans celles des gouvernements et des services de renseignement.
