L’intelligence artificielle prépare une vague de licenciements sans précédent

Aux États-Unis, l’intelligence artificielle s’impose comme une révolution économique aux conséquences inédites. Selon un rapport sénatorial publié le 6 octobre 2025, près de 100 millions d’emplois pourraient disparaître dans la prochaine décennie. Un chiffre vertigineux qui interroge la solidité du marché du travail américain face à la montée de l’automatisation.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 9 octobre 2025 15h30
L’intelligence artificielle prépare une vague de licenciements sans précédent
L’intelligence artificielle prépare une vague de licenciements sans précédent - © Economie Matin
97 millionsSelon un rapport du Sénat américain, l’intelligence artificielle pourrait remplacer jusqu’à 97 millions d’emplois dans la prochaine décennie.

Depuis Washington, le débat s’intensifie sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Un document du Sénat américain, conduit par le sénateur Bernie Sanders, affirme que les technologies d’IA et d’automatisation pourraient remplacer jusqu’à 97 millions d’emplois dans les dix prochaines années. Publié le 6 octobre 2025, le rapport The Big Tech Oligarchs’ War Against Workers met en garde contre une transformation du travail d’une ampleur inédite dans l’histoire industrielle moderne.

Un rapport alarmiste sur les dérives de l’intelligence artificielle et de l’automatisation

L’étude, menée par le HELP Committee du Sénat, s’appuie sur un modèle conçu à partir de ChatGPT. En croisant des descriptions de postes fédéraux, les chercheurs du bureau du sénateur ont évalué le degré d’exposition de chaque métier à l’automatisation. Près de 97 millions d’emplois pourraient être supprimés ou profondément transformés d’ici 2035. Selon le rapport, certaines professions sont particulièrement vulnérables. « 89 % des emplois de fast-food et de comptoirs », 64 % des comptables et 47 % des conducteurs de camions pourraient être remplacés par des systèmes d’IA ou de robotique, précise le document officiel.

Sur les 20 métiers les plus exposés, 15 pourraient perdre plus de la moitié de leurs effectifs en dix ans. L’évaluation repose sur une hypothèse : que les outils génératifs, à l’image de ChatGPT ou Gemini, soient intégrés à grande échelle dans les entreprises américaines. Dans un communiqué, le bureau du sénateur Sanders résume l’alerte : «L’intelligence artificielle pourrait remplacer jusqu’à 97 millions d’emplois en dix ans.». L’élu du Vermont, connu pour son positionnement à gauche, y voit la preuve que « les géants de la tech livrent une guerre sociale » aux travailleurs américains.

Les signaux concrets d’un ralentissement du marché de l’emploi

L’intelligence artificielle prépare une vague de licenciements sans précédent

Au-delà des projections, certains indicateurs montrent déjà les premiers effets de l’intelligence artificielle sur l’économie réelle. Selon Le Monde, le cabinet PwC a réduit ses embauches de jeunes diplômés à 1 300 postes en 2025, contre 1 500 l’année précédente. Une baisse que l’entreprise relie directement à l’intégration de nouveaux outils d’automatisation dans ses processus internes. « Les offres d’emploi pour les professions exposées à l’IA progressent moins vite que pour celles moins exposées, et cet écart se creuse », analyse Marco Amitrano, dirigeant de PwC UK, cité par Le Monde. Ces tendances confirment que les métiers intellectuels ou administratifs – comptabilité, assistance juridique, conseil – ne sont plus à l’abri.

L’intelligence artificielle agit ainsi comme un facteur d’accélération des inégalités entre secteurs. D’un côté, les entreprises technologiques, comme OpenAI, Anthropic ou Google DeepMind, voient exploser la demande en ingénieurs spécialisés ; de l’autre, les industries traditionnelles réduisent leurs recrutements. Cette dynamique pourrait provoquer une « hémorragie de compétences » si aucune mesure de redistribution n’est adoptée. « Amazon, détenue par Jeff Bezos, a déjà licencié 27 000 employés depuis 2022. L’entreprise compte désormais plus d’un million de robots dans ses entrepôts. Et bientôt, ces robots seront plus nombreux que les travailleurs humains dans les sites d’Amazon », a ainsi indiqué Bernie Sanders.

Vers une régulation du travail face à l’intelligence artificielle ?

Pour Bernie Sanders, la réponse doit être politique. Il propose l’instauration d’une « taxe sur les robots », ou taxe sur l’automatisation, afin de financer la reconversion et la sécurité sociale des travailleurs déplacés. « Nous devons envisager une taxe sur les robots afin de garantir que les travailleurs partagent les bénéfices générés par l’intelligence artificielle », a-t-il déclaré, cité par Business Insider. L’idée, déjà évoquée par Bill Gates en 2017, refait surface avec force à mesure que l’IA pénètre tous les secteurs, du transport à la finance. Le rapport sénatorial souligne également l’absence de garde-fous fédéraux. Les États-Unis, contrairement à l’Union européenne, ne disposent d’aucun cadre réglementaire national sur l’usage de l’intelligence artificielle en entreprise. Cette asymétrie pourrait accentuer la concurrence entre États, certains favorisant la dérégulation pour attirer les investissements technologiques.

La publication du rapport lie désormais la question de l’IA à celle du pouvoir économique. Dans le sillage du document, plusieurs sénateurs démocrates, dont Mark Kelly (Arizona), appellent à un plan fédéral de transition vers les métiers de la donnée et de la maintenance algorithmique. À court terme, la tension monte dans l’opinion. La perspective de 100 millions d’emplois menacés alimente une peur du déclassement inédit depuis la crise industrielle des années 1980. L’intelligence artificielle, en bouleversant les équilibres du travail, devient désormais un sujet central de la campagne présidentielle à venir.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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