Jacques Delors avait raison, le programme Mitterrand a été le fossoyeur de la France

Jacques Delors est décédé le 27 décembre 2023, l’année de ses 98 ans. A gauche comme à droite, les réactions se sont multipliées pour saluer l’engagement européen de l’ancien Président de la Commission européenne. C’est un éloquent hommage qui fût rendu au bâtisseur de l’Europe.

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Par Daniel Moinier Publié le 17 janvier 2024 à 5h00
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10%Sous Mitterrand, le SMIC a augmenté de 10%.

Comme l’a dit le Président, ce fût un inépuisable artisan de notre Europe, avec un engagement, un idéal, une droiture qui nous inspirerons toujours. Toute sa vie a été mise au service de la paix et de la solidarité européenne, a précisé Elisabeth Borne la première ministre.

C’est également le Chancelier Olaf Scholz qui le désigne comme grand visionnaire, architecte de l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ce fût l’œuvre de sa vie, une union européenne unie, dynamique et prospère. C’est également Ursula von der Leyen Présidente de la commission européenne, qui précise que cet Europe a façonné des générations entières d’européens dont la mienne. Tandis que Charles Michel, président du Conseil européen s’incline devant un grand français et grand européen, entré dans l’histoire comme un bâtisseur de notre Europe.

Il n’a rejoint le Parti socialiste qu’en 1974. François Mitterrand lui ayant annoncé : « Vous vous êtes aperçu un peu tard, qu’on ne peut pas uniquement changer les choses par l’économie et le social. Vous avez découvert, un peu tard, qu’il fallait aussi le politique ».

Il a longtemps privilégié des formes de militantisme autres que les partis pour tenter de changer la société française. Mais avec Mitterrand, il s’est senti mal à l’aise car il était hostile à la logique des courants structurants le PS, tout en ne jamais essayé de créer le sien. Il avait une réticence à affronter le suffrage universel et un sentiment d’étrangeté à l’égard du PS et des ordonnances passées qui n’étaient pas dans sa vision économique.

Pourtant, voulant faire évoluer la société, il a accepté de participer au premier gouvernement Mauroy de 1981 à 1983, comme ministre de l’Economie. En tant que social-démocrate il ne s’y est pas senti à l’aise et ce ne fût pas une réussite. Ce qui l’a gêné, c’est d’être forcé de s’appuyer sur le keynésianisme pour gérer l’économie. C’est-à-dire que la croissance est accélérée par l’élévation de la dépense publique et privée. Mais aussi qu’il faut des nationalisations pour souder les salariés, la société. Pour ce faire le Smic est relevé de 10%, les prestations sociales de 25%, la retraite passe de 65 à 60 ans, etc... Mais la croissance n’est pas au rendez-vous ! Alors c’est le déficit qui trinque, il passe de 2 à 4% du PIB. La banque de France doit vendre la moitié de ses réserves de devises pour sauver le franc. Malgré cela, Il a fallu trois dévaluations du franc en moins d’un an pour essayer de contenir la débâcle !!

Ce passage en politique a tout de même servi de tremplin à Jacques Delors pour se diriger vers l’Europe. Mitterrand et Kohl sont d’accord pour lui confier le destin de l’Europe. Catholique de progrès, son rêve c’est d’organiser l’Europe suivant un projet qui ne sera pas celui de Jean Monnet, mais plutôt celui d’Adenauer, de De Gaspen, ou de Schuman, qui rêvent d’une Europe de l’harmonie, d’un marché unique entraînant une solidarité entre les peuples pour certains qui se sont haïs pendant des siècles.

Jacques Delors est tout de même plus orienté vers une Europe sociale permettant le partage entre les peuples : Une Europe avec une chartre sociale et une monnaie unique : l’Euro. Ce modèle est accepté lors du traité de Maastricht. La France de Mitterrand-Chirac et les pays d’Europe concernés ont signé pour une Europe jacobine, bureaucratique, centralisée loin de leur vision. Il a aussi introduit la déconcentration dans une sorte de décentralisation à la française.

En 2002, l’euro sera en circulation, la Banque Centrale Européenne de la monnaie, avec Trichet, Mario Drahi puis Christine Lagarde, sert surtout comme outil de gestion et de la dette des états.

Actuellement les libéraux demandent la rupture avec l’Europe de Jacques Delors : Avec retour au marché commun et une concurrence institutionnelle entre les états membres, une disparition du droit européen, la fin des politiques financées sur budget européen, avec droits individuels et libres transactions.

L’Europe et ses ressortissants ne pourront s’en sortir qu’en ayant une politique commune concernant les temps de travail et d’activité.

L’Europe est vieillissante, les naissances manquent de plus en plus, c’est-à-dire que sans modification du taux d’activité déjà bas, elles vont encore diminuer. Résultat, une baisse de rentabilité des entreprises, administrations, augmentation des coûts de travail, du social pour compenser. C’est une mort programmée de l’Europe, suivi d’incompréhension du peuple, révoltes…

En augmentant les temps d’emploi, minimum 40 heures semaine et peu de départs en retraite à 65 ans, les besoins d’emplois seront couverts sans faire appel à l’immigration. Ce serait des coûts de travail plus faibles avec plus de compétitivité, des rentrées bien plus importantes pour toutes les caisses et leur sauvetage, plus d’encours pour les banques et des facilités de prêts. Et surtout des comptes positifs des états permettant de diminuer l’endettement et de pouvoir répondre plus facilement aux besoins de toutes les administrations et par ricochet, au peuple.

Compte tenu d’une augmentation de la durée de vie (environ 7 heures de plus par jour), il sera obligatoire, pour conserver une gestion pérenne positive d’Etablir la durée d’activité proportionnelle à la durée de vie des retraités.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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