Le Salon du Bourget 2025 se révèle, cette année, un marqueur puissant des défis économiques qui traversent l’industrie aéronautique : saturation de la production civile, relocalisations stratégiques, boom des drones… Une conférence clé pour décrypter les trajectoires financières et industrielles du secteur.
Le Salon du Bourget 2025, révélateur des flux d’investissements et de la militarisation économique

Le 20 juin 2025, la 55ᵉ édition du Salon du Bourget clôturait ses portes, offrant un prisme unique sur les dynamiques financières mondiales. Entre commandes massives d’Airbus, manœuvres stratégiques autour des drones, et montée des investissements privés, l’économie de la défense et de l’aéronautique se structure autour de nouvelles priorités.
Airbus : saturation des cadences et rentabilité encadrée
Airbus a dominé les prises de commandes avec 143 commandes fermes et 102 engagements d’achat, pour une valeur estimée à 20 milliards de dollars, selon Les Échos.
L’objectif industriel est clair : passer de 60 à 75 A320 produits par mois d’ici à 2027. Une cadence vitale pour suivre le rythme d’un carnet de commandes déjà saturé jusqu’à la prochaine décennie.
Boeing : absent et sous pression
L’absence du géant américain Boeing, qui n’a formulé aucune annonce à la suite du crash d’un Dreamliner d’Air India, a été particulièrement remarquée. Ce silence stratégique laisse Airbus seul en scène mais soulève des interrogations sur la confiance du marché et la stabilité du concurrent américain.
Drones : un nouveau pôle d’investissement stratégique
Le Salon a mis en évidence la montée des drones militaires comme pilier économique. Le portugais Tekever a annoncé un investissement de 100 millions d’euros en France, incluant la création d'une usine et la promesse de 100 emplois qualifiés.
La même source souligne que la Direction générale de l’armement (DGA) a signé plusieurs accords pour stimuler la production locale de drones MALE à bas coût, orientée vers l’innovation et la souveraineté technologique.
Relocalisation et externalités industrielles
Ces annonces dessinent une stratégie de relocalisation européenne. L’installation de Tekever participe à un écosystème de production de haute valeur, avec effet de levier sur les PME françaises (composites, avionique, batteries).
De son côté, Safran a révélé le lancement du moteur M88 T-REX, une nouvelle version haute poussée du moteur du Rafale, qui soutiendra la future norme de combat combiné homme-machine.
Un recentrage des dépenses publiques et privées
Les États européens reconfigurent leurs priorités : le réarmement pousse à une réallocation budgétaire massive. Les investissements publics dopent les programmes d’armement, tandis que les flux privés ciblent les filières jugées critiques (IA embarquée, propulsion hybride, électronique de guerre).
Perspectives macroéconomiques : un secteur à part entière
La militarisation progressive des commandes aéronautiques, à l’image de l’essor du KC-390 d’Embraer ou du radar GlobalEye de Saab, réaffirme la position de l’Europe comme hub industriel stratégique.
Avec sept pays européens engagés sur le KC-390 et une coopération bilatérale France-Suède sur les systèmes radar et antiaériens, les investissements se transforment en leviers de souveraineté.
Au-delà du spectacle aérien, le Salon du Bourget 2025 révèle un basculement économique majeur : industrialisation de la défense, saturation de la production civile, nouvelles chaînes de valeur, et souveraineté stratégique. Un tournant où l’économie ne suit plus l’innovation, mais l’anticipe, dans un monde où la guerre redéfinit l’investissement.