L'État possède désormais 90% du capital d'EDF. Un seuil important qui va permettre aux pouvoirs publics d'enclencher la sortie de l'énergéticien de la Bourse de Paris. À moins que la justice s'en mêle…
L’État possède maintenant 90% du capital d’EDF
Amorcée le 22 novembre dernier, l'offre publique d'achat (OPA) menée par l'État pour renationaliser EDF a franchi un cap décisif. Dans un communiqué, le ministère de l'Économie a en effet annoncé que « l'État a franchi le 19 janvier 2023 le seuil de 90,00 % du capital et des droits de vote théoriques de la société EDF », ce qui va lui permettre de forcer les actionnaires restants à céder leurs parts au prix de 12 euros l'action. À terme, il s'agit de sortir l'énergéticien de la Bourse afin que l'État (qui possédait 84% du capital de l'entreprise) ait les pleins pouvoirs sur l'activité du groupe. Mais un grain de sable pourrait tout faire capoter ou, du moins, retarder l'échéance.
Une procédure judiciaire plane autour de la renationalisation
Des petits actionnaires, composés majoritairement de salariés et d'anciens salariés d'EDF, ont déposé des recours en justice. Ils estiment que le prix d'achat proposé par le gouvernement est trop faible, car il a été calculé en fonction des résultats du groupe. Or, ces derniers intègrent l'Arenh, un mécanisme qui oblige EDF à vendre son électricité à bas prix à des fournisseurs du marché privé. Cela représente des recettes en moins pour l'entreprise, qui par ailleurs souffre du poids monumental de sa dette (60 milliards d'euros). L'Arenh doit d'ailleurs prendre fin le 31 décembre 2025, le gouvernement travaille sur un autre dispositif.
EDF, maître d'œuvre des futurs EPR
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a décidé le 7 décembre dernier de repousser sa décision concernant l'OPA qui devait prendre fin le 22 décembre. L'AMF attend le jugement de la cour d'appel de Paris sur la demande de sursis déposée par le groupe d'actionnaires minoritaires. La renationalisation d'EDF est stratégique pour l'État, qui a décidé de relancer la construction de réacteurs nucléaires : 6 EPR doivent voir le jour, avec une option pour 8 autres. Pour y parvenir, l'exécutif a besoin d'une EDF 100% publique.