Face à la baisse de ses ventes, Volkswagen a annoncé, ce jeudi 12 septembre, mettre fin à son contrat de garantie de l’emploi, en vigueur depuis plus de 30 ans. Une annonce qui s’inscrit dans le cadre du plan de restructuration que prépare le constructeur automobile allemand. Celui-ci envisage en effet de fermer plusieurs de ses usines, mettant les emplois de plus de cent mille de ses salariés sur la sellette.
Automobile : Volkswagen rompt le tabou des licenciements
Volkswagen prépare un plan de licenciement massif
Ce n'était plus qu'une question de temps. Après l'avoir évoqué à plusieurs reprises, Volkswagen a officiellement annoncé la résiliation de son contrat de garantie de l'emploi, en vigueur depuis plus de 30 ans en Allemagne. Cette décision historique s'inscrit dans le cadre du plan de restructuration du constructeur automobile, plan dans lequel Volkswagen envisage de fermer deux de ses usines sur le sol allemand. Près de la moitié des salariés de Volkswagen étaient jusqu'alors couverts par cette protection, soit 120 000 (de la marque VW elle-même) sur les 300 000 employés du groupe automobile. Initialement, le contrat de garantie de l'emploi du constructeur devait expirer en 2029. Volkswagen justifie cette décision par la nécessité de réduire drastiquement ses coûts afin de faire face à la crise du marché automobile européen, crise qui se confirme depuis plusieurs mois.
L’entreprise se trouve en difficulté sur plusieurs fronts. D'une part, elle subit une baisse de ses ventes en Chine, son principal marché, et d'autre part, elle fait face à une concurrence accrue des constructeurs chinois dans le secteur des véhicules électriques. Selon une note interne du groupe, « avec les coûts actuels, il ne sera pas possible à Volkswagen de maintenir l'emploi dans sa structure actuelle ». En plus des licenciements massifs envisagés à partir de mi-2025, la direction n’exclut pas la fermeture de deux usines en Allemagne, ce qui serait une première dans l’histoire du constructeur.
Début de la crise de l'industrie automobile
La fin de la garantie de l'emploi chez Volkswagen n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans un contexte généralisé de crise pour l’industrie automobile européenne. L'annonce de la suppression de son plan de garantie de l'emploi arrive moins d'une semaine après le cri d'alarme lancé par Luca de Meo, PDG de Renault, concernant les amendes prévues par l'exécutif européen. Ces amendes, qui pourraient s'élever à 15 milliards d'euros selon ce dernier entre dans le cadre de l'interdiction de vente de véhicules thermiques neufs en 2035, et seront appliquées dès 2025 à tous les constructeurs qui ne respecteraient pas les objectifs de décarbonation fixés dans le cadre du calendrier de la Commission européenne. Conséquence : les constructeurs, qui ont déjà vu leurs ventes baisser de 10,8 % sur le segment électrique en l'espace d'une seule année, seront contraints de la réduire leur production pour échapper aux sanctions de l'exécutif européen.
Plus récemment encore, lundi 9 septembre 2024, c'est l'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, qui a remis un rapport sur la compétitivité économique de l'UE à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accordant un volet tout particulier accordé à l'industrie automobile. Dans ce rapport, Mario Draghi n'a pas manqué de pointer du doigt la dépendance de l'Europe à la Chine pour les composants nécessaires à la transition énergétique, notamment les batteries, ni de critiquer les mesures protectionnistes de l'UE envers les véhicules électriques chinois.
Volkswagen n'est pas la première victime du manque de stratégie européenne. Audi a, elle aussi, fait part de son intention de fermer les portes de son usine de Bruxelles. Autrement dit, l'industrie automobile, véritable fleuron du Vieux Continent, n'est pas seulement en perte de vitesse, celle-ci est en chute libre, une chute qui met pas moins de 14 millions de salariés en danger. En définitive, celle-ci qui affiche déjà un lourd retard par rapport à ses concurrents, pourrait bien disparaître si l'Union européenne ne revoit pas de fond en comble sa stratégie, ainsi que son calendrier en vue de l'interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs, confirmée pour 2035.