Luis de Guindos : Paquet bancaire de l’UE

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Par La rédaction Modifié le 9 juin 2023 à 12h58
Banque Centrale Bce Fed Eng

Madrid, 9 juin 2023 - CRR3/CRD6 : dernière étape clé pour tirer pleinement les leçons de la crise financière mondiale

Il est grand plaisir de participer à ce séminaire sur les réformes exceptionnelles de Bâle III en Europe. Ces règles ont été élaborées et convenues au niveau international par les banques centrales et les superviseurs bancaires, en réponse aux leçons tirées de la crise financière mondiale. Une leçon importante a été que les banques ont tendance à minimiser leurs risques en utilisant des modèles internes. Le cœur des réformes de 2017 - le plancher de sortie - garantit qu'une limite est établie sur la quantité de risques que les banques peuvent ajuster leur profil de risque en utilisant leurs modèles internes. C'est une réalisation essentielle. Je vais me concentrer aujourd'hui sur le fait que nous devons protéger cette réalisation et continuer à tirer des leçons pour notre cadre bancaire de l'UE, y compris de l'épisode récent de stress bancaire.

Avantages d'une réglementation et d'une supervision solides

L'épisode récent de stress dans les secteurs bancaires américain et suisse nous a rappelé l'importance d'une réglementation et d'une supervision solides. C'était un appel à la vigilance soulignant le mérite de respecter les normes convenues. Il y a de nombreuses leçons à tirer de cet épisode. Je vais me concentrer sur trois d'entre elles en relation avec la finalisation de notre cadre bancaire, le CRR3 et le CRD6.

Premièrement, nous avons vu qu'un cadre réglementaire solide finit par porter ses fruits. Les banques de la zone euro ont été remarquablement résilientes en réponse à la pandémie, à la guerre russe et à l'épisode récent de stress bancaire. Le ratio de fonds propres de catégorie 1 commun des banques importantes s'élève en moyenne à 15,3 %, avec une liquidité bien supérieure aux minima réglementaires. Nous avons également constaté des améliorations dans la diversification des sources de financement et la rentabilité des banques. Dans le même temps, la résilience du secteur bancaire de la zone euro face au dernier épisode de stress ne doit pas conduire à la complaisance.

Deuxièmement, nous avons vu que l'affaiblissement du cadre réglementaire peut créer des risques systémiques. Des poches de vulnérabilité peuvent facilement émerger, en particulier là où les normes ne sont pas appliquées pleinement. Et ces vulnérabilités peuvent rapidement se transformer en risques de stabilité financière plus larges. Dans ce contexte, permettez-moi de commenter le ratio de couverture de liquidité, le LCR. Une certaine attention a été accordée à cet élément du cadre de Bâle et à savoir si le respect du LCR aurait aidé les banques en difficulté. Le LCR ne doit pas être considéré comme un outil isolé pour mesurer et traiter les risques de liquidité et de financement. Au contraire, la turbulence de ce printemps montre que le cadre de Bâle - qui a des piliers réglementaires et de supervision - doit être vu et mis en œuvre dans son intégralité. Par exemple, à la BCE, la vérification des mesures réglementaires telles que le LCR est complétée par une surveillance supplémentaire des risques de liquidité de supervision.

Troisièmement et importante leçon de l'épisode récent est que les problèmes de confiance peuvent se développer et se propager plus rapidement à l'ère numérique. Les retraits bancaires peuvent se produire plus rapidement qu'auparavant. Cela rend encore plus important l'engagement des gestionnaires de banques en faveur de modèles d'entreprise bancaire sains, car ils sont une condition préalable à la confiance. La gestion bancaire est importante pour établir la confiance dans les modèles d'entreprise. Nous avons besoin d'un règlement strict qui permet aux superviseurs de vérifier et de réagir aux problèmes liés à la gestion bancaire.

Priorités pour le paquet bancaire

En venant au sujet d'aujourd'hui, sur quoi devrions-nous nous concentrer pour finaliser le paquet bancaire de l'UE ? Deux priorités clés émergent des apprentissages ci-dessus.

Premièrement, seules des règles solides conduiront à des banques solides. Je suis particulièrement préoccupé par les domaines où les propositions législatives pour le règlement sur les exigences de fonds propres (CRR3) s'écartent de Bâle III - en particulier sur les pondérations des risques pour les prêts aux entreprises non notées. Ces écarts réduisent l'impact du plancher de sortie sur le capital réglementaire requis des banques. En fait, en moyenne, tous les écarts proposés ensemble réduiraient de plus de la moitié l'effet de l'introduction du plancher de sortie sur le capital réglementaire requis des banques, et même réduiraient le capital réglementaire requis pour certaines banques par rapport à la situation actuelle. Il est particulièrement préoccupant que dans certaines propositions, ces écarts soient même suggérés pour être rendus permanents. Affaiblir les garanties fournies par les normes mondiales convenues maintenant enverrait un message préjudiciable non seulement sur la future résilience des banques de l'UE, mais aussi sur l'engagement de l'UE envers les accords internationaux.

Deuxièmement, je vous appelle à donner aux autorités prudentielles le pouvoir et la confiance nécessaires. Seuls des superviseurs solides peuvent mettre en œuvre une supervision solide et exercer l'examen requis. Ici, je suis préoccupé par la réticence à accorder à la BCE un rôle plus fort et plus adéquat en tant que gardien pour s'assurer que seuls des gestionnaires appropriés et expérimentés peuvent occuper des postes de direction dans les banques, en particulier dans les grandes banques. S'assurer que les gestionnaires sont "aptes et propres" pour leur travail est essentiel pour une gouvernance saine et robuste. L'épisode récent de stress bancaire a montré que la culture est importante et que les banques doivent être correctement gérées, sinon la confiance s'érode. De plus, je suis préoccupé que toutes les propositions imposent encore des gels sur les tampons macroprudentiels d'une banque lorsque le plancher de sortie devient contraignant. Cela est censé éviter la double comptabilisation des risques. Mais ici encore, les législateurs devraient faire confiance aux autorités macroprudentielles pour s'assurer que les deux tampons sont calibrés de manière appropriée. Les tampons macroprudentiels répondent aux risques systémiques ou sectoriels, tandis que le plancher de sortie répond aux risques spécifiques à la banque.

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