Selon une étude Altares et GSC, publiée en exclusivité par Le Figaro, plus de 55 000 entrepreneurs ont perdu leur travail l'an passé suite à la liquidation de leur société.
45 ans en moyenne
Alors que l’entrepreneuriat et la perte d’activité des dirigeants se trouvent au coeur des propositions de candidats à l’élection présidentielle, l’association GSC et Altares dévoilent les premiers chiffres de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs sur l’année 2016.
En dépit d’un recul de 7,6% du nombre de liquidations judiciaires prononcées, plus de 55 000 entrepreneurs ont perdu leur emploi en 2016.
Si l’âge médian de ces dirigeants varie peu autour de 45 ans, la part des quinquas à tendance à légèrement augmenter. Les dirigeants âgés de plus de 50 ans représentent ainsi 34,5 % des entrepreneurs concernés en 2016. Pour Daniel Thébault, Président de l’Association GSC, « cette donnée nous révèle la fragilité en apparence paradoxale de chefs d’entreprises plus expérimentés que l’on croit donc mieux armés face aux difficultés. La réalité c’est que le risque n’est pas toujours prévisible et s’impose bien souvent à vous indépendamment de vos compétences et qualités d’entrepreneur. ».
« Les entrepreneurs créent leur business pour réussir ; le chômage n’est alors pas une option envisagée. Lorsque la perte d’emploi intervient, en particulier subie après une liquidation judiciaire, le dirigeant garde encore confiance en sa capacité à enchainer une nouvelle activité, fût-elle salariée. Pourtant, si le rebond est probable pour les 4 800 jeunes chefs d’entreprises dans cette situation en 2016, cela peut s’avérer plus incertain pour les dirigeants de plus de 50 ans, trois fois plus nombreux » commente Charles Battista, Directeur des relations externes Altares.
Les artisans-commerçants et gérants de TPE en première ligne
Les artisans-commerçants et gérants de TPE se montrent les plus impactés par la perte d’emploi sur liquidation judiciaire. 75 % des entrepreneurs concernés employaient ainsi moins de trois salariés et 14 % en comptaient entre trois et cinq. Le statut juridique adopté par ces entrepreneurs est celui d’artisan-commerçant dans 15,3 % des cas et SARL (société à responsabilité limitée) dans 64,6 %. La progression de perte d’emplois se révèle la plus forte (+26,7%) parmi les SAS (société par actions simplifiée), donnée qui s’explique par l’augmentation du nombre de créations sous ce statut.
Confirmation de la plus forte fragilité des dirigeants de petites structures, pour 88,6 % des entreprises touchées, le chiffre d’affaires était non connu ou inférieur à 500 000 €. Des pertes d’emploi conséquentes pour les secteurs du bâtiment et du commerce.
L’amélioration de la conjoncture a permis une meilleure résistance des entreprises en particulier pour celles orientées BtoB, mais les activités à destination du consommateur affichent leurs fragilités. Les entrepreneurs du bâtiment (24,8 %) et du commerce (23,1 %) concentrent à eux seuls près de la moitié des pertes d’emploi.
Si à la faveur de la reprise de l’immobilier, les artisans du bâtiment retrouvent de l’activité, les commerçants en situation de perte d’emploi sont en revanche aussi nombreux en 2016 qu’en 2015 dans l’habillement au détail (plus de 1400) et plus nombreux dans les magasins multi-rayons (+ 6 %).
Parmi les autres activités, les pertes d’emploi de dirigeants se stabilisent à des niveaux élevés dans la restauration rapide (2200) ou les débits de boisson (1100) et augmentent fortement pour les taxis (+ 54 %), les auto-écoles (+ 20 %) mais aussi les activités juridiques (+ 23 %) ou encore les infirmiers (+ 21 %).
La majorité des régions françaises s’inscrit en amélioration par rapport à 2015 ; sept sur treize présentent un nombre de liquidations judiciaires en baisse de plus de 10 %. Pour autant la réalité des territoires apparait plus contrastée. Les pertes d’emploi de dirigeants ont ainsi augmenté en Corse (+ 23 %), en Haute-Marne (+ 31,9%), dans les Hautes Alpes (+ 22,9%) dans l’Indre (+ 18 %) ou en Guadeloupe (+ 6 %).