Bretton-Woods, un tournant dans l’histoire monétaire

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Par Addison Wiggin Publié le 29 août 2014 à 2h36

C'était en 1944. Pour la première fois de l'histoire moderne, un accord international était signé, régissant la politique monétaire entre différentes nations. C'était, réellement, une chance de créer une monnaie internationale et d'assurer une stabilité monétaire pérenne. Au total, 730 délégués de 44 pays se retrouvèrent pendant trois semaines en juillet de cette année-là dans un hôtel à Bretton Woods, dans le New Hampshire, pour discuter.

Ce fut une rencontre historique. Elle marqua un tournant dans l'histoire monétaire.

De cette rencontre internationale naquirent les accords de Bretton Woods. Leur objectif initial était, au sortir de la Seconde guerre mondiale, la reconstruction au travers de programmes de stabilisation monétaire et de prêts pour les infrastructures des pays ravagés par la guerre. En 1946, le système était complètement opérationnel grâce à la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (la Banque mondiale) et au Fonds monétaire international (FMI), tous deux nouvellement créés.

Une première mondiale

Ce qui rend les accords de Bretton Woods si intéressants pour nous aujourd'hui, c'est que le programme pour une politique monétaire internationale se fondait sur des pays s'étant mis d'accord pour adhérer à un étalon-or mondial. Le FMI fut créé pour corriger les déséquilibres de paiement sur une base temporaire.

Ce système a fonctionné pendant 25 ans. Mais il avait intrinsèquement un point faible : en fixant la monnaie internationale à l'or à 35 $ l'once, il n'a pas pris en compte le changement de la valeur réelle de l'or depuis 1934, lorsque le niveau des 35 $ avait été établi. Le dollar avait perdu beaucoup de son pouvoir d'achat pendant et après la Seconde guerre mondiale.

Ce problème a été décrit par un ancien vice-président de la Réserve fédérale de New York :

"Dès le début, l'or a été le talon d'Achille du système de Bretton Woods. Toutefois, l'engagement sur l'or à durée indéterminée pris par le gouvernement des Etats-Unis sous la législation de Bretton Woods est facilement compréhensible au vu des circonstances extraordinaires de l'époque.

A la fin de la guerre, nos réserves d'or s'élevaient à 20 milliards de dollars, environ 60% des réserves totales officielles d'or. En 1957, les réserves en or des Etats-Unis étaient trois fois plus élevées que les réserves totales de dollars de toutes les banques centrales étrangères. Le dollar s'est posé sur les marchés de change tel un colosse".

En 1971, du fait d'une diminution de plus en plus rapide de leurs réserves d'or, les Etats-Unis affranchirent leur monnaie de l'étalon or, ce qui signa la fin des accords de Bretton Woods.

A certains égards, les idées qui sous-tendent le système monétaire de Bretton Woods ressemblent beaucoup à une ONU économique. La combinaison de la crise mondiale des années 1930 et de la Seconde guerre mondiale a principalement incité un si grand nombre de pays à organiser un sommet économique d'une telle ampleur.

La fin de toute guerre ?

A l'époque, on pensait que les barrières douanières et les coûts élevés étaient à l'origine de la crise mondiale, du moins en partie. En outre, il était fréquent d'utiliser la dévaluation monétaire pour freiner les importations des pays voisins et réduire les déficits de paiements.

Malheureusement, cette pratique conduisit à une déflation chronique, au chômage et à une réduction du commerce international. Les leçons apprises dans les années 1930 (mais par la suite oubliées par bien des pays) permirent à beaucoup de prendre conscience que l'utilisation de la monnaie comme outil économique tactique provoquait invariablement plus de problèmes qu'elle n'en résolvait.

La situation fut bien résumée par Cordell Hull, secrétaire d'Etat américain de 1933 à 1944 :

"Un commerce non entravé va de pair avec la paix ; des tarifs douaniers élevés, des barrières douanières et une concurrence économique injuste, avec la guerre... Si nous pouvions obtenir des flux commerciaux plus libres... pour qu'un pays ne soit plus maladivement jaloux d'un autre et que le niveau de vie de tous les pays puisse augmenter, et par ce moyen éliminer l'insatisfaction économique qui nourrit la guerre, nous pourrions avoir une chance raisonnable de paix durable".

L'hypothèse de Hull selon laquelle la guerre a souvent une racine économique est bien fondée.

Un autre observateur admettait également que les mauvaises relations économiques entre pays "aboutissaient inévitablement en une guerre économique, prélude et catalyseur d'une guerre militaire à une échelle encore plus grande".

Cela ne vous rappelle rien ?

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Addison Wiggin est le Directeur du Daily Reckoning. Addison étudie, commente et écrit sur les marchés depuis plus de dix ans. Diplômé d'un master de philosophie de l'université de St John, il adopte un point de vue global et contrarien sur les marchés américains et mondiaux.  

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