L’alternance, un investissement créateur de valeur

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Par Rédacteur Modifié le 23 mars 2023 à 10h08
Pexels Andrea Piacquadio 3846262
2 000 et 5 000 eurosun apprenti rapporte directement entre 2 000 et 5 000 euros de plus à la collectivité

Selon une étude du cabinet Asterès, « un apprenti rapporte directement entre 2 000 et 5 000 euros de plus à la collectivité » qu’un autre jeune.

Le succès de l’alternance ne se dément pas. Selon une étude du cabinet de conseil Asterès, il s’agit d’un investissement « créateur de valeur aussi bien pour la société que pour les finances publiques ».

Les premiers bénéficiaires sont bien entendu les apprentis. D’après les chiffres d’Asterès, le taux d’insertion des jeunes en apprentissage et leurs salaires sont « plus élevés à la sortie des études » que ceux de leurs camarades ayant suivi une formation initiale sans apprentissage. Deuxième bénéficiaire : la collectivité. Grâce à ce taux d’insertion plus important, « un apprenti rapporte directement entre 2 000 et 5 000 euros de plus à la collectivité » qu’un jeune entrant sur le marché du travail sans apprentissage après une formation initiale.

Se basant sur les données du gouvernement et de l’Insee, le cabinet estime que « sur quatre années, l’apprentissage génère 425 000 emplois supplémentaires, 41 milliards d’euros de valeur ajoutée et rapporte 11 milliards d’euros aux finances publiques ». En bref, « pour chaque euro investi dans l’apprentissage plutôt que dans la formation initiale et dans les aides aux jeunes n’ayant pas trouvé d’emploi, la valeur ajoutée augmente de 17 % et les recettes publiques de 30 % ».

« Nous croyons à l’apprentissage »

Une fois n’est pas coutume, la crise sanitaire a eu un effet positif sur le dispositif. Certes, le nombre d’apprentis progresse depuis plusieurs années, mais il a enregistré un bond spectaculaire de 40 % en 2020 (495 000 contrats signés dans le secteur privé) par rapport à 2019 (353 000 contrats).

Les trois quarts des contrats signés en 2020 concernaient des jeunes ayant au moins le niveau du bac. D’après les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, l’apprentissage dans le cadre d’une formation post-bac concernait 203 800 jeunes durant l’année scolaire 2019-2020, soit 7 % des étudiants de l’enseignement supérieur. Mieux : le cabinet Asterès table sur une nouvelle progression en 2021 et 2022. Le gouvernement a en effet décidé de prolonger jusqu’au 30 juin 2022 les aides du plan France Relance pour l’apprentissage.

Dans le cadre du plan gouvernemental « Un jeune, une solution », l’État a lancé à l’été 2020 une aide exceptionnelle d’un montant de 5 000 euros pour le recrutement d’un alternant de moins de 18 ans et de 8 000 euros pour celui d’un alternant majeur. Un dispositif annulant quasiment le coût de l’apprenti la première année pour l’employeur.

« Nous croyons à l’apprentissage », a déclaré Jean Castex le 6 septembre dernier en annonçant le prolongement du dispositif. Les résultats en matière d’insertion professionnelle « sont là », a ajouté le Premier ministre, insistant sur le « record historique » de contrats signés en 2020. Pour Olivier Faron, administrateur général du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), l’engouement pour l’apprentissage est lié à l’acculturation professionnelle et à l’ouverture sur le monde qu’il favorise.

Evolution culturelle

En effet, « grâce à l’alternance, il est possible d’apprendre autrement, de mieux s’insérer dans le monde du travail ». Pour le spécialiste, le succès de l’alternance témoigne d’une évolution culturelle française. En effet, en matière de formation, la France a traditionnellement privilégié les connaissances stricto sensu par rapport au métier, contrairement à ce qui se passe en Allemagne ou dans les pays du Nord de l’Europe.

Aujourd’hui, « le passage par une alternance devient une ligne centrale des CV et souvent le gage d’une pré-embauche plus ou moins décalée dans le temps ». L’ouverture sur le monde est quant à elle favorisée par le développement de diverses formes de mobilité. « C’est bien l’enjeu des prochains mois, notamment à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne. Faire de la mobilité longue en Europe un enjeu pour tout le système d’apprentissage », explique Olivier Faron.

La France réussira-t-elle à enrichir et homogénéiser le socle des compétences de base au niveau européen ? Cela devrait en tout cas être sa priorité, ajoute Olivier Faron. En effet, « l’alternance est la solution de formation qui va progressivement permettre de multiplier les formes de compétences d’abord pour les jeunes et progressivement pour un public adulte en nombre croissant. Parmi ces nouvelles aptitudes professionnelles, figure à une bonne place le fait de se former hors de nos frontières ».

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