Naviguer à vue dans une zone euro en pleine évolution

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Par John Bennett Modifié le 17 mai 2013 à 4h20

Vu de l'extérieur les membres de l'Euro ont toujours été perçus comme un assortiment d'économies divergentes et variées.

Les pays les plus solides, tels que l'Allemagne, la France et les Pays-Bas, connus comme les « pays core », disposaient d'un avantage concurrentiel au niveau des exportations.

Les pays moins fortunés tels que l'Espagne, le Portugal, la Grèce et l'Irlande, dits « pays périphériques », ont profité de la convergence économique, du lancement de l'Euro leur permettant d'abaisser les coûts de financement et de mettre en place les conditions nécessaires à un boom de la consommation.

On a assisté, pendant un certain temps, à une relation symbiotique forte dans laquelle les pays périphériques empruntaient pour consommer ce qui était produit dans les pays « core », ce qui a créé une période de prospérité et permit de masquer des déséquilibres structurels de plus en plus importants.

Cependant, cette évolution a été interrompue par l'arrivée de la crise financière dans les années 2008-2009. Des plans de sauvetage ont dû être mis en place en Grèce, au Portugal et en Irlande, ces pays ont dû assainir leurs finances publiques, désendetter le secteur privé et mettre en place précipitamment des réformes structurelles.

Une crise qui ne cesse d'évoluer
Au cours du quatrième trimestre 2012, la récession de la zone Euro s'est accélérée, entraînée par la France, l'Italie et par la locomotive économique Allemande. Au cours de la même période, la production allemande a fortement chuté et s'est retrouvée à son rythme le plus bas depuis 2009.

La France continue de faire partie d'un point de vue politique des pays « core » mais d'un point de vue économique elle aurait plutôt tendance à être classée parmi les pays périphériques. Son ratio dette/ PIB est supérieur à 90% et l'industrie française est en train de perdre sa compétitivité sur le plan international, ses coûts de main d'oeuvre ne cessant d'augmenter, alors que les différents impôts mis en place par le Président Hollande ne font qu'aggraver la situation.

D'un autre côté, le statut de l'Italie est sujet à débat. Ce dernier doit-il faire partie des pays périphériques ou des pays « core » ? L'Italie est la troisième puissance économique de la région mais sa production reste inférieure à son niveau pré-crise de 2007, les écarts socio-économiques entre le nord et le sud se maintiennent et les résultats de la dernière élection générale confirment que le pays est fortement divisé.

Fin de la division entre les pays « core » et les pays périphériques?
Cependant, un vent d'optimisme est en train de souffler. Certains signes prouvent que le processus de rééquilibrage entre les pays « core » et les pays périphériques est de nouveau en marche. Le déficit de la balance courante des pays périphériques a chuté de 6.7% du PIB en 2008 à 1.7% en 2012 selon les prévisions de la Commission Européenne, poussé par des prix plus compétitifs dans les pays périphériques et par une meilleure diversification des exportations.

Si l'on analyse les coûts de financement des pays périphériques, les rendements des obligations d'Etat à 10 ans ont fortement chuté par rapport aux niveaux insoutenables qu'ils avaient atteints l'an passé, alors que les rendements des principaux pays tels que la France et l'Allemagne ont augmenté.

Le retour de l'Espagne?
Lors de ses récentes prévisions économiques la Commission Européenne a déclaré qu'elle s'attendait à ce que le PIB de l'Espagne atteigne son plus bas niveau vers la fin de l'année. Afin de stimuler son économie, l'Espagne a mis en place des mesures d'austérité et des réformes structurelles fortement critiquées mais cela semble porter ses fruits : l'excédent de la balance courante n'a cessé d'augmenter et les investissements étrangers reviennent.

Le gouvernement a déclaré un déficit budgétaire inférieur à 7% pour 2012, en nette amélioration par rapport au 9.4% de 2011. Les dépôts des particuliers et des entreprises dans les banques espagnoles sont en hausse, ce qui signifie que le pays devrait être de moins en moins dépendant de la BCE. En février, le premier ministre Mariano Rajoy s'est engagé à effectuer une deuxième série de réformes y compris des baisses de TVA et la mise en place d'aides pour les « start up » et les travailleurs indépendants.

L'Irlande sur la voie de la guérison
Les perspectives s'améliorent également pour l'Irlande. La balance courante du pays est de nouveau en excédent et l'Irlande a commencé d'effectuer son retour sur les marchés de capitaux ce qui pourrait lui permettre de sortir du plan de sauvetage de l'Union Européenne et du FMI. Ceci a conduit Citi Research à revoir complètement son point de vue sur l'Irlande : les prévisions fiscales du pays semblant s'améliorer, le pays ne devrait pas sous-performer cette année.

La croissance du PIB au cours du second et du troisième trimestre 2012 a été positive et les créanciers ont fait preuve de flexibilité pour restructurer sa dette.

Pays périphériques européens: progrès en termes de rééquilibrage de la balance courante
Selon les prévisions de la Commission Européenne, le déficit de la balance courante des pays périphériques a chuté de 6.7% du PIB en 2008 et à 1.7% en 2012.

La patience peut porter ses fruits
Pour nous, la reprise de la zone Euro s'est enclenchée au cours de l'été dernier lorsque les indicateurs PMI ont atteints leurs plus bas niveaux, indiquant que la récession devenait plus modérée. L'amélioration des conditions de financement et les mesures mises en place par la BCE ont permis à la zone Euro de retrouver sa crédibilité.

Toutes les mesures de soutien mises en places (Fonds européen de stabilité financière, opérations de refinancement à long terme, programmes OMT) signifient que les marchés actions européens devraient être mieux à même de faire face à d'éventuelles nouvelles perturbations. Alors que la Commission Européenne prévoie un lent retour vers la croissance, la production devrait se stabiliser au cours du premier semestre 2013.

Les investisseurs souhaitant récolter les fruits de leur investissement en Europe devraient surmonter leur obsession pour les girations à court-terme, les machinations macro-économiques et politiques. Les facteurs intrinsèques viennent confirmer ce que nous considérons comme un avenir exceptionnel à long-terme pour les valeurs européennes : ces dernières continuent de disposer de bilans sains et sont capables de générer de fortes liquidités tout en offrant des valorisations attractives.

Nous avons provisoirement identifié certaines opportunités et attendons que les valorisations soient attractives pour investir dans des zones périphériques européennes, dans des secteurs telles que les banques domestiques. Nous avons initié une faible position sur la Banco Popular espagnole de même que sur la Bank of Ireland, l'Irlande améliorant sa compétitivité et sa situation commerciale.

Nous mettons également l'accent sur les entreprises présentes sur les marchés diversifiés telles que le groupe irlandais C&C, les brasseurs de cidre Magners et Bulmers et Luxottica ainsi que l'entreprise italienne fabriquant de lunettes pour Ray-Ban et Oakley.

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Directeur Actions Europe

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