Journal de guerre: le procès du déni commence

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 18 novembre 2015 à 10h39
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1,77 MILLIARDS €Le budget pour la lutte contre le terrorisme en France est de 1,77 milliards d'euros.

Les attentats de vendredi sont-ils la conséquence directe d’un long déni collectif sur la question de la radicalisation qui touche une partie de la communauté musulmane en Europe? La question fait son chemin dans les esprits, et les langues se délient.

Le déni à la RATP

Il y a quelques mois, en prenant le bus 96 avec ma fille, j’avais été frappé par une scène étonnante. Le bus était bondé et j’avais demandé à un quinquagénaire de me céder sa place pour éviter que ma fille ne tombe. Il se trouve que ce quinquagénaire avait un physique maghrébin. Il refusa catégoriquement de se lever en m’indiquant que les places pour handicapés, c’était plus loin dans le bus. Comme le bus était bondé je ne pouvais y accéder. Le ton est monté. Le chauffeur de bus, lui aussi maghrébin, a arrêté l’autobus pour m’interpeller en m’indiquant que le passager n’avait pas à me céder sa place.

Je découvre aujourd’hui que la RATP est l’entreprise de France qui emploie le plus grand nombre de « fiches S », selon l’expression désormais consacrée. Elle affecte ces profils aux quartiers difficiles, dont le mien. Je ne suis pas étonné…

Il semblerait que les signalements sur ce genre de cas aient fortement augmenté ces derniers mois. Mais la présidente de la RATP, Elisabeth Borne, ne voit rien, n’a rien vu, ne comprend pas où est le problème. Peut-être devrait-elle de temps à autre utiliser les transports publics à Paris.

La technostructure et le déni

Le déni d’Elisabeth Borne me paraît emblématique du mal français. Issue des grandes écoles d’ingénieurs, elle a été directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Ecologie. Elle appartient à cette caste de bourgeois de gauche qui vivent dans les beaux quartiers, tous ces petits marquis qui donnent des leçons de mixité sociale à tout va mais se gardent bien de les mettre en pratique. Cette caste fonctionne sur un schéma économique simple: ne jamais s’avouer à soi-même que l’on vit à rebours des principes que l’on défend. Le déni est le maître mot de l’existence.

Lorsqu’un membre de la caste rencontre quelqu’un qui lui parle de la vraie vie des quartiers, il répond forcément: c’est du populisme, vous faites le jeu du Front National, etc. Cette dialectique bien rodée, imperméable à la raison, a coûté des centaines de vie cette semaine.

La SNCF et le déni

Il n’y a pas qu’à la RATP où le déni triomphe. La SNCF, pour des raisons encore plus coupables, n’échappe pas à ce scandale. Ce matin, j’ai pris le TGV pour me rendre à Grenoble. Ensuite, je l’ai pris au retour de Lyon à Paris. Je l’ai vu: la SNCF s’offre le luxe de n’organiser aucun contrôle des voyageurs avant le départ, alors qu’une tentative de massacre a eu lieu dans le Thalys il y a quelques mois. Pour des raisons budgétaires et de paix sociale (surtout ne pas mettre les contrôleurs au travail), Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, a décidé que ces contrôles ne se feraient pas.

Qui peut affronter Guillaume Pépy dans l’appareil d’Etat? Le bonhomme mériterait cent fois son départ de l’entreprise, dans des conditions plus ou moins bonnes. Entre le déraillement d’un TGV d’essai rempli d’enfants du personnel ce week-end, les catastrophes ferroviaires jamais expliquées, les déficits de l’entreprise, son manque de rentabilité, il est évident que ce grand commis empêche la modernisation du rail français.

Mais il est au Siècle, il fait partie des puissants réseaux homosexuels, il est influent à gauche, il dispose d’un trésor de guerre pour assurer sa promotion personnelle. La France est malade de ces combinazioni où les influences passent avant la compétence, où une élite avaricieuse vit dans un entre-soi dont elle tire un profit égoïste, dans l’oubli total de l’intérêt général.

Puissions-nous gagner le droit de le dire et de le faire entendre avant que d’autres morts n’en soient victimes!

Molenbeek et le déni

La France n’est pas la seule à souffrir de ce déni imposé par les puissants. En Belgique, le fils du ministre Charles Moureaux, Philippe Moureaux, fut bourgmestre de Molenbeek, désormais surnommé Molenbeekistan, tout en enchaînant des postes de ministres comme la Belgique peut en avoir le secret. Pendant 20 ans, il va s’employer, pour des raisons électoralistes, à transformer sa commune en ghetto arabo-musulman, finançant au passage des associations qui ont fait le jeu de la radicalisation.

Aucun des terroristes qui a frappé en France depuis plusieurs années n’a échappé à un petit stage préalable à Molenbeek. Mais aborder le sujet était interdit, sauf à être taxé de racisme ou d’islamophobie.

Là encore, le déni a tué, en nourrissant une hydre dont nous n’arrivons pas à couper toutes les têtes.

Zemmour et le déni

Assez absurdement, Eric Zemmour a suggéré de bombarder Molenbeek. Le trait d’humour vaut ce qu’il vaut et il suscite une polémique. Au-delà de la boutade, Zemmour ne semble pas avoir compris que le problème n’est pas la présence de musulmans à Molenbeek, mais l’absence de Molenbeek à la France. La Belgique est une imposture. Son territoire est un élément indispensable à la sécurité nationale française. Les coalisés le savaient en 1815: c’est pour cette raison qu’ils ont imposé la partition belgo-hollandaise à la France.

La France ne retrouvera sa pleine sécurité qu’en réparant cette usurpation historique et en reprenant ses droits sur ses fiefs fondateurs, et singulièrement sur la Flandre, à laquelle Molenbeek appartient géographiquement.

Démonstration est faite, en tout cas, que les Belges, et tout spécialement les Flamands, ne sont pas capables d’être indépendants.

Le parti socialiste et le déni

Ce que le sénateur Destexhe reproche à Philippe Moureaux est simple: avoir préparé sa réélection par une paupérisation de sa commune sous égide musulmane. Les socialistes bruxellois ont préféré encourager une immigration de masse qui leur assurait leur réélection plutôt que de défendre l’intérêt général au péril de leur carrière politique individuelle.

Voici une description qui pourrait s’appliquer à bien des élus français. On pourrait interroger, par exemple, Claude Bartolone, sur son action en Seine-Saint-Denis. On n’y trouverait pas un autre carburant que celui-là. Et au-delà, la politique fiscale de Manuel Valls participe de la même logique: encourager les pauvres à rester pauvres, pour conserver les meilleures chances de se maintenir au pouvoir.

Dans ce système, le déni est essentiel: toujours parler de solidarité mais n’y jamais penser, toujours penser à sa réélection mais n’en jamais parler.

Le déni et les fiches S

Le blabla politique est revenu et Laurent Wauquiez préconise d’interner ceux qui sont « fichés S ». Sa détermination m’étonne. J’entends la question posée depuis plusieurs mois. Pour être exact, lors d’un déjeuner avec JB, début août, le sujet est venu sur le tapis. Il m’était présenté comme une question posée dans une loge du Grand Orient composée de policiers. Manifestement, dans la police, le principe de l’internement est acquis. Il est amusant de voir Laurent Wauquiez agiter une idée qui vient de la gauche mais que la gauche n’a pas officiellement développée.

Pour l’instant, le déni règne sur ce sujet. Mais il est manifeste que la décision d’interner les suspects est déjà prise. Tout ne sera que question de temps et de méthode pour y arriver.

Le déni et la démocratie

La démocratie française fonctionne aujourd’hui sur le déni. Il ne faut jamais parler des problèmes, et il faut les régler sans le dire, ou les laisser péricliter en affirmant qu’on les règle.

Cette méthode du déni s’appelle le mal governo et la saine réaction populaire à l’issue des attentats consistent à refuser l’hypocrisie généralisée. Pourvu que le peuple français tienne bon et parvienne à restaurer la transparence politique, dans les discours et dans les actes, dont nous avons besoin.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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