Mise au point sur l’augmentation mammaire,trois ans après l’affaire des implants PIP

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Thierry Ktorza Modifié le 13 décembre 2022 à 20h40

Avec plus de 300 000 françaises porteuses d'implants mammaires, l'augmentation mammaire reste l'une des interventions les plus pratiquées en chirurgie esthétique selon l'ISAPS. Cependant, après l'affaire des implants PIP en 2010, les demandes d'implants mammaires par prothèses en gel de silicone sont en chute. Parallèlement, les demandes des techniques alternatives, que sont l'augmentation mammaire par injections d'acide hyaluronique et de graisse autologue (le lipofilling) font l'objet de nouvelles demandes. Qu'en est-il aujourd'hui des techniques alternatives ? Sont-elles plus fiables que la pose d'implants mammaires ?

Injections d'acide hyaluronique

Les injections d'acide hyaluronique dans les seins ont été interdites en France le 26 août 2011 par l'agence Française de sécurité sanitaire et sociale (l'AFSSAPS). Il s'agit d'une simple mesure de précaution prise dans le but de ne pas perturber le dépistage des tumeurs de la poitrine. Il faut rassurer cependant les 2500 femmes ayant subi des injections en France car à ce jour, aucun évènement indésirable grave n'a été recensé. Cette décision ne remet pas en cause par contre l'utilisation de produits injectables dans d'autres parties du corps (visage, fesses, mollets ou comblement des rides).

Lipofilling

Pour le lipofilling, qui consiste à prélever la propre graisse des patientes et à la réinjecter dans la poitrine, le problème se pose différemment. Le même principe de précaution s'impose mais l'AFFSAPS n'a pas tranché sur le sujet. Seule la société savante de chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique a donné les recommandations suivantes : Pas de lipofilling après 35 ans, et nécessité d'un suivi radiologique rigoureux avant et après les injections pour savoir ce que devient cette graisse injectée dans le sein en matière de dépistage du cancer du sein.

En outre, plusieurs problèmes se posent dans cette technique du lipofilling :
- Les patientes désireuse d'une augmentation mammaire sont souvent menues et ne possèdent pas assez de graisse pour être candidates à cette technique.
- On ne peut garantir un résultat pérenne dans le temps car il s'agit d'une véritable greffe de cellules graisseuses. Cette greffe peut ne pas « tenir » dans les seins avec un résultat qui ne peut jamais être garanti à coup sûr.
- Enfin, la quantité maximale de graisse injectée ne peut être supérieure à 200 ou 250ml, ce qui limite l'augmentation mammaire à la prise d'un bonnet maximum.

L'augmentation mammaire par prothèses mammaires

On s'aperçoit donc que l'augmentation mammaire traditionnelle par prothèses reste encore de nos jours l'indication de choix. Mais peut-on aujourd'hui faire encore confiance à cette technique ?

Des contrôles sanitaires renforcés

Oui, car les contrôles sanitaires se sont renforcés avec des normes de sécurité draconiennes de la part des organismes certificateurs. L'affaire PIP a créé une véritable prise de conscience collective et tous les acteurs , qu'ils soient laboratoires, chirurgiens ou organismes de santé œuvrent de concert pour que cela ne se reproduise plus. Tous les laboratoires certifiés offrent de nos jours des produits de qualité équivalente.

La demande d'implants mammaires a aujourd'hui repris une pente ascendante.

Quelles sont ses caractéristiques actuelles ?

Les implants mammaires demandés sont de nos jours de plus gros volume, 350ml en moyenne pour un volume de 250ml il y a dix ans. Cette augmentation reste modérée et ne présente pas de problèmes particuliers en terme de technique chirurgicale ou de complications post opératoires. Il reste cependant aux chirurgiens à décourager les patientes demandeuses du syndrome « Nabilla » avec de trop gros volumes
Contrairement aux idées véhiculées sur le net, ce n'est pas le profil de l'implant qui génère le naturel d'un résultat, mais son volume . L'adage suivant doit se répandre : plus l'implant est gros et moins le résultat sera naturel ! Le recours à des implants anatomiques comme garant d'un résultat naturel reste controversé du fait de leur risque de rotation.

La qualité des implants s'est améliorée avec un gel très cohésif permettant une sécurité en cas de rupture. Le gel étant contenu très longtemps dans la loge créée à cet effet. Il faut insister par contre sur la surveillance nécessaire des patientes porteuses d'implants. Il n'est pas question pour elles d' «oublier »les implants et ne revenir voir leur chirurgien qu'en cas de problème !

Il est actuellement recommandé de remplacer les implants tous les dix ans car le taux de rupture augmente après 10 ans. Cependant, une surveillance annuelle par des échographies réalisées par des radiologues spécialisés peut permettre de rassurer les patientes qui pour des raisons diverses souhaitent différer leur changement d'implants.

La technique du dual plan

La technique s'est également améliorée avec le développement du « dual plan ». Cette nouvelle technique (qui date dans sa version actuelle de 4 ans) consiste à placer l'implant en arrière du muscle dans sa partie haute et au contact de la glande mammaire dans sa partie basse. Elle a permis des résultats beaucoup plus naturels en terme de qualité cosmétique et également en terme de pérennité de la qualité du résultat.
Enfin, l'usage des implants recouverts de gel de polyuréthane (conçues en 1955, par pangman) a permis de solutionner de nombreux cas de patientes porteuse de "coques", cette complication classique des implants en gel de silicone (dont les premières apparitions datent de 1962).
Toutes ces notions font de l'augmentation mammaire par implants en gel de silicone la technique de référence actuelle. Bien réalisée, cette intervention possède un très haut indice de satisfaction et si la surveillance est menée de façon consciencieuse, les patientes peuvent être totalement rassurées sur leur avenir.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

      Le docteur Thierry Ktorza est un chirurgien reconnu par le conseil de l'ordre comme spécialiste exclusif en Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique depuis 1998. Il est ancien interne des hôpitaux de Paris, et également Ancien Chef de Clinique Assistant à la Faculté en 1995. Diplômé du Collège de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique et également de l'European Board of Plastic Surgery depuis 1999, il est aussi membre de la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique depuis 1998.Le docteur Thierry KTORZA, chirurgien plasticien, fait partie des 700 chirurgiens qualifiés en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique par le conseil de l'ordre des médecins. Il intervient principalement pour des augmentations mammaires, liposuccions et rhinoplasties.Le Docteur Thierry Ktorza, chirurgien esthétique, a créé le site www.lachirurgieesthetique.org en 1998 après avoir constaté le manque d'information disponible librement sur les interventions de chirurgie esthétique et l'opacité des praticiens à délivrer rapidement des informations sur les différentes interventions. Le site est aujourd'hui l'un des principaux moyen d'obtenir sous 24 heures les réponses que l'on se pose sur la chirurgie esthétique      

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Mise au point sur l’augmentation mammaire,trois ans après l’affaire des implants PIP»

Laisser un commentaire

* Champs requis