Bientôt une tempête sur les taux ?

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Par Simone Wapler Publié le 23 septembre 2016 à 5h00
Marches Obligations Negatives Obligations
34 %34 % des obligations en circulation sont négatives.

Les rendements obligataires remontent un peu partout dans le monde depuis deux semaines. Si ce mouvement s’intensifie, les intérêts des dettes deviendraient vite insupportables. Les Allemands se préparent au pire et préparent un Gold-euro.

La quantité d’obligations à rendement négatif diminue. En juin 40% des obligations émises par les pays étaient dans ce cas. Aujourd’hui ce n’est que 34% selon le Financial Times. Mais ce niveau est encore le double de celui du début de l’année. La marée ne monte plus (elle avait atteint 12 600 milliards de dollars) mais va-t-elle maintenant descendre vite ?

Sur ce graphe du Financial Times, en rouge les obligations à rendement négatif. En rose celles qui ne rapporte rien et en vert celles qui offrent un rendement positif.

Comme vous le voyez, la proportion du marché obligataire souverain en rendement négatif reste encore importante. Et comme vous le savez, dans le créditisme, les obligations souveraines sont le pivot du système monétaire. Les titres en dollar, yen, euro, livre et franc suisse sont les « monnaies » les plus sûres, le dollar étant le maître. Pour expliquer ce mystère moderne, que des investisseurs puissent vouloir payer pour prêter, deux explications sont habituellement avancées : le pessimisme quant à l’avenir et la réglementation. Cette dernière pousse les institutionnels à investir leurs fonds propres (l’argent qui leur sert de garantie) dans les actifs sûrs que sont supposés être les emprunts d’État.

Ajoutons aussi qu’acheter une obligation souveraine est un moyen de spéculer sur les variations monétaires. Par exemple, un investisseur admet de parquer son argent en euros en payant 1% par an s’il pense que sa monnaie d’origine peut se déprécier par rapport à l’euro de plus de 1%. Mais depuis juin, donc, la gangrène des taux négatif semble vouloir reculer et les rendements remontent à nouveau. La normalisation se ferait-elle sans que Janet Yellen de la Fed, Shinzo Abe au Japon ou Mario Draghi ait leur mot à dire ? Le marché serait-il toujours vivant ?

Le monde ne peut supporter une tempête sur les taux

Pour Jens Weidmann, le président de la Bundesbank allemande, « si les taux remontent, les dettes ne seront plus supportables ». Les contribuables ne pourront pas payer les intérêts dus sur la dette publique. Les banques qui se sont lestées d’emprunts de leurs propres pays seront à nouveau en difficulté. Que vont faire nos banquiers centraux ? Vont-ils tout racheter ? Mais dans ce cas, les peuples conserveraient-ils leur confiance dans la monnaie qu’on leur impose ?

Est-ce pour cela que l’Allemagne prépare un « euro-or » comme le révélait le journal Handesblatt la semaine dernière ? Les Allemands n’entendent pas se faire “japoniser” ni par les taux négatifs ni par une inflation provoquée par le décollage des helicopters money. Leur plan A consiste donc à créer une monnaie, pour l’instant privée, utilisable en paiement et unité de compte. Cet euro-or aurait pour objectif de protéger les épargnants allemands contre l’inflation ou les taux négatifs. Ils pourraient ouvrir des comptes Gold-euro adossé à de l’or physique. En cas d’explosion de l’inflation ou d’implosion de l’euro : basculement vers le Gold-euro qui deviendrait une monnaie officielle, contenant 1 gramme d’or et frappée du sceau allemand. C’est le plan B. Oui, il semble bien que les Allemands se préparent à une tempête sur les taux.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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