Histoire de confiance

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Par Hugues de Vaulx Publié le 18 mai 2014 à 2h31

Selon les résultats d’un sondage récent d’Opinion Way pour les Apprentis d’Auteuil, pour 89% des chefs d’entreprises "accorder leur confiance aux jeunes fait partie des valeurs de leur entreprise.". Alors qu’un jeune actif sur quatre est au chômage et que plus d’un million d’entre eux est confronté en France à une situation de grande pauvreté, il n’est pas certain que la confiance des entreprises à l’égard des jeunes soit si élevée que cela dans la réalité. Or, dans toute vie collective, toute vie sociale, l’élément central qui fait la stabilité du système, c’est la confiance entre les acteurs. Le fait qu’on nous fasse confiance déculpe nos forces. De même, mieux vaut travailler avec un dirigeant en qui l’on a confiance.

L’Entreprise ne s’y trompe pas : jamais elle n’aura autant parlé de confiance, de responsabilité, d’éthique et de bien agir…

… et cependant, jamais la défiance à l’égard de l’Entreprise, des personnes ou des valeurs qu’elles sont censées représenter n’a été aussi criante. D’après le dernier Observatoire de la Confiance dans le Progrès de la Poste – TNS SOFRES, un Français sur trois seulement est confiant dans le développement économique et l’avenir des conditions de travail, et à peine plus d’un sur dix sur l’accès à l’emploi et la répartition des richesses.

Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer une telle crise de confiance ?

La défiance trouve sa source dans un système qui érige la course à la croissance et au profit comme seule finalité de l’Entreprise. Dans un tel système, pour citer Milton Friedman, "la seule responsabilité de l’entreprise, c’est de maximiser ses profits". La compétition est forte non seulement entre les entreprises, mais aussi au sein même des entreprises : l’opposition et le chacun pour soi polluent alors les relations. Le contrôle est omniprésent. Les fragilités n’ont pas de place.

La jalousie augmente entre les acteurs. Elle engendre des divisions. Les "apriori" et les jugements sont rapides et pas toujours fondés : il y a les "hauts potentiels" et les "low performers". Mieux vaut faire partie de la première catégorie.

Comment restaurer la confiance ?

Pour Michel de Certeau "la vérité ne peut pas se dire si elle n’est pas enracinée dans un terreau. " La parole, désincarnée de l’action, est dangereuse. Elle ne tient pas si elle n’est pas suivie d’effets.

Un changement de logique est à opérer : pour prendre une image, plutôt que de chercher à obtenir pour soi la plus grande part de gâteau, visons à augmenter ensemble la taille du gâteau ! Les rapports évolueront alors dans une optique de collaboration à long terme sur la connaissance des attentes et moyens spécifiques à chacun partagée dans un projet commun, porteur de sens et créateur de valeurs. Cela suppose du respect, de la reconnaissance, de prendre du temps pour s’écouter mutuellement et d’être prêt aussi à se remettre en question, à dialoguer et à coopérer.

La confiance engendre la confiance.

Il appartient donc à chacun de nous de prendre le temps de chercher et de repérer dans sa vie des signes concrets de confiance pour permettre à cette confiance de grandir sur un bon terreau :

  • Quels sont les événements marquants où j’ai fais confiance ?
  • A quels moments la confiance m’a-t-elle été accordée ?
  • Finalement, qu’est-ce qui pour moi est "non négociable" et m’enracine dans la vie ?

Tout comme le temps qui passe, la foi peut nous aider à passer de la défiance à la confiance. Osons faire vraiment confiance aux jeunes ! Osons nous laisser accompagner par quelqu’un d’autre, source de vie, qui nous dit tout simplement : "aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé."

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Membre des EDC et associé de Coop-Alternatives. 

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