Comment purger la bureaucratie d’État en douceur, sans mettre les fonctionnaires dans la rue ?

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Par Nicolas Nielsen Publié le 20 novembre 2014 à 3h55

Régulièrement les politiques en mal de résultats nous annoncent un prochain remaniement ministériel qui doit évidemment tout résoudre. Comme si cela pouvait changer quoi que ce soit (à part distraire l'opinion pendant quelques semaines ). On se moque évidemment complètement qu'il y ait deux ou trois ministres ou secrétaires d'Etat en plus. Ce qu'il faudrait, en fait, c'est supprimer carrément les trois quart des ministères : pour réduire les dépenses et mettre un coup d'arrêt à l'accroissement sans fin d'une bureaucratie inefficace …

Que ceux qui n'ont jamais vu un "bottin administratif" lèvent la main

Un bottin administratif c'est une énorme brique de plus de 1500 pages, avec des milliers de noms écrits en tellement petits caractères qu'il faut une loupe pour les lire. Et ça liste tous les noms de tous les gens qui sont dans la bureaucratie : les pouvoirs publics, le gouvernement, les ministères, les établissements publics, les organismes sous tutelle, les administrations territoriales et … tous les organismes que vous n'imaginez même pas tellement il y en a ! C'est plein de directions, sous-directions, bureaux, conseils, commissions, comités, hauts comités, conseils supérieurs… Et, bien évidemment, (ils prennent nos impôt pour ça) tout existe en double et en triple dans chaque ministère et aux niveaux national, régional, départemental… Vous n'imaginez même pas le taille du labyrinthe et la hauteur du mille feuille ! Quand je dis qu'il faudrait supprimer carrément les trois quart des ministères c'est un peu à ça que je pense. Et ceux qui ne veulent surtout rien changer à un système qui leur permet de continuer à faire leur petite tambouille bien pépères dans leur petit coin me disent aussitôt : "Oh mais ce n'est pas bien de dire ça !". Et j'ai alors inévitablement droit à deux critiques , toujours les mêmes, inlassablement les mêmes depuis des années !

"Tu veux donc moins de policiers ? moins d'infirmières ? moins de professeurs ?"

Réponse : bien sûr que non ! Et je vous explique pourquoi.

• L'idée n'est évidemment pas de s'attaquer aux fonctions régaliennes de l'État : je leur laisse les Affaires Étrangères (encore qu'ils ne soient pas très doués), je leur laisse aussi la Défense (il faut bien défendre le pays même quand le Gouvernement n'a plus d'argent pour entretenir les armées) ; je leur laisse aussi la Police (en espérant qu'ils feront mieux à Marseille et dans certaines zones de sécurité prioritaire où la sécurité, justement, n'est pas trop géniale). Donc tout ça je le laisse à l'État. Avant je leur laissait en premier l'Éducation, mais maintenant, vu l'effrayante déroute d'un système éducatif lourd comme l'Armée rouge et éjectant des jeunes sans aucune réelle formation, je me dis que ce serait finalement peut-être mieux si on confiait tout ça au privé avec des chèques-formation et des bourses. Mais enfin bon, ne nous attardons pas sur ce point qui n'est pas essentiel puisque, je vous l'ai dit, je conserve - provisoirement - l'Éducation dans les fonctions régaliennes 🙂

• Ce que je veux supprimer ce sont évidemment tous les échelons parasites qui dupliquent (triplent) au niveaux départemental, régional ou communal les "Directions" administratives du niveau national (vous savez les DDE et les DRE et les DDA et les DRA… etc). Mais ce que je veux surtout supprimer ce sont tous les organismes bidons qui entartrent le système : toutes les Commissions, Haut comités, Hauts Conseils, Délégations, Observatoires, Centres d'analyses sur ceci ou cela, tous les bidules administratifs qu'ils ont empilés pour placer des copains et aussi se dédouanner de ne pas savoir prendre de décisions en commandant des "rapports" à telle ou telle Mission théodule. Ces rapports ne servent strictement à rien et n'ont qu'un seul but : permettre au Gouvernement de gagner du temps et de multiplier les écrans de fumée. Les placards de la République sont pleins de ces rapports. La République est pleine de ces Missions et Comités. Donc on les supprime : couic, terminé, rayés de la carte administrative, tout comme Conseil économique et social que je supprime évidemment car il n'a jamais servi à rien… Si le Gouvernement se pose des questions, il les pose au Parlement qui a ses propres commissions. Ou au Conseil d'Etat et à la Cour des Comptes qui sont là pour ça. C'est bien suffisant. Donc point final. Et c'est là qu'arrive inévitablement la deuxième critique !

"Mais tu veux mettre au chômage tous ces fonctionnaires dévoués ? ces magnifiques agents de la fonction publique ?"

Réponse : évidemment non ! Et je vous explique aussi pourquoi. Je ne vide personne ! Parce que je sais que ce ne serait pas gentil. Et que — bien qu'on m'assure que ce sont de brillantissimes fonctionnaires aux compétences éblouissantes que le monde entier nous envie — je sais que Pôle emploi n'arrivera jamais à les caser nulle part. Ils sont trop nombreux et en plus leur facilité à pondre des textes ou à construire des usines à gaz n'est pas une priorité d'embauche pour les entreprises. Et donc, dans ma grande et généreuse bonté, je les garde : oui, je les garde à leur poste, là où ils sont. Je ne change rien à leurs habitudes. Je continue à les payer, ils restent sur l'organigramme, il continuent à être chauffés près du radiateur mais je leur coupe simplement leurs crédits d'action.

On continue à payer leurs salaires, mais on coupe les crédits de leurs projets fumeux !

Actuellement on les paye, ce qui coûte évidemment cher dans le budget de fonctionnement de la Nation, mais ce n'est rien à côté de ce qu'ils nous coûtent quand ils agissent. Car alors ils bloquent et entartrent la France avec leurs montages fumeux, leurs circulaires, leurs textes illisibles, sans parler du temps qu'ils nous font perdre avec leur paperasse à remplir ou leurs guichets etc.

• Avec mon système ils continuent d'être payés MAIS ils n'ont plus d'argent pour faire quoi que ce soit : ils ne montent plus d'usines à gaz, n'inventent plus de projets foireux, n'empêchent plus les entreprises de vivre et la société Française de respirer. Et voilà comment résoudre — en douceur et sans grèves — la question qui paraissait insoluble en faisant d'une pierre trois coups : d'abord empêcher la Bureaucratie de continuer à bloquer la France, ensuite enrayer le développement infini des "politiques publiques" qui étouffent le pays, et enfin réduire massivement le coût budgétaire de leur action ! Tout cela nous fera des impôts en moins, des taxes en moins et des contributions en moins ! Bref, que du bonheur 🙂 Et eux continueront d'être payés (mais on le fait déjà) donc où est le problème ? C'est la solution gagnant-gagnantcomme ils disent maintenant.

Vous pensez peut-être que c'est inimaginable ?

Réfléchissez : puisque n'importe comment on doit les payer (sinon ils font la révolution), qu'est ce qui est le mieux finalement ?

• Les payer pour avoir une bureaucratie qui encalamine la France ?

• ou les payer et ne pas avoir en plus toutes leurs "politiques publiques" et leurs usines à gaz ?

Réfléchissez bien, et si vous avez le moindre doute : regardez votre feuille d'impôts et aussi le montant de la dette ! La réponse devrait alors vous paraître évidente.

Sur le même sujet :
Et si on supprimait quelques ministères au lieu de rançonner les Français ? https://www.economiematin.fr/news-et-si-on-supprimait-quelques-ministeres-au-lieu-de-ranconner-les-francais

Article initialement publié sur le blog Switchie5 et reproduit ici avec l'aimable autorisation de son auteur

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Pendant 35 ans, Nicolas Nilsen a participé à la mise en oeuvre de la communication Gouvernementale.Il décortique l'actualité politique sur son blog "Switchie5"

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