Surtaxer le commerce sur Internet : un contresens total ! (2/2)

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Par Anne-Laure Constanza Modifié le 10 juillet 2012 à 9h46

Hier, j’ai essayé de montrer pourquoi le projet « Marini », de sur-taxer les commerçants sur internet, était un contresens économique (Lire "Surtaxer le commerce sur internet 1/2"). C’est aussi un contresens politique.

De nombreux rapports et analyses se demandent: « Comment construire une Valley à la française ? » ou « Pourquoi n’y a-t-il pas de Google français ? ». Un tel projet de loi donne une réponse claire : c’est parce que nous ne le voulons pas. De l’avis de tous les professionnels, ici et à l’étranger, le principal ingrédient qui manque à la France, c’est un état d’esprit général favorable à l’entreprise, à l’investissement, à l’innovation.

Au contraire des industries traditionnelles, les entreprises du numérique ne demandent ni subventions, ni aides. En revanche, elles ont un besoin urgent que les politiques, dont la parole est forte, évangélisent cet état d’esprit. Nous sommes encore assourdis par le silence de la campagne électorale sur les technologies de l’information, qui sont pourtant au cœur de la création d’emploi durable en France. Nos politiques ont le devoir d’engendrer une France d’entrepreneurs innovants. Ils peuvent le faire, simplement, en valorisant, dans leur discours et leur action, la richesse que créent, pour le pays, les nouvelles entreprises. Si, au passage, la puissance publique travaillait à combler l’écart vertigineux qui nous sépare des meilleurs pays, dans la formation d’ingénieurs et de spécialistes des nouveaux secteurs… nous les embaucherons !

La croissance durable des emplois et des richesses est maintenant une question de survie. Mais la croissance ne se nourrit pas d’incantations. Elle ne récompense que les pays qui encouragent leurs industries de croissance. Elle tourne le dos à ceux qui les découragent, par exemple en les surtaxant à contretemps, alors qu’elles paient déjà TVA, impôts et charges sociales.

Un exemple parmi cent : chez Envie de Fraises, nous préparons une nouvelle activité, qui répondra à un besoin nouveau, avec des vêtements fabriqués à 100% en France. Comment dire à mes salariés et à mes investisseurs qu’une part notable de leur travail et de leur investissement sera brûlée pour ne pas créer des emplois et de la richesse ? Comment expliquer à nos clients pourquoi ils paieront plus cher pour leurs vêtements ?

Nous avons maintenant un ministère du Redressement Productif – une excellente idée. Je suis convaincue qu’après quelques semaines occupées à gérer l’urgence des entreprises qui ferment, notre ministre se penchera sur celles qui ouvrent !

Lire la première partie : Surtaxer le commerce sur internet : un contresens total ! (1/2)

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Anne-Laure Constanza est fondatrice et présidente d’Envie de Fraises, qui fabrique, et vend sur Internet, des vêtements pour les femmes enceintes, et membre du conseil d'administration de la FEVAD (fédération du e-commerce de la vente à distance).

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