Le réseau social le plus utilisé du monde, Facebook, n’est en théorie accessible qu’aux plus de 13 ans (bien que Facebook ne procède à aucun contrôle à ce sujet a priori). Dans ces conditions, mais également pour plaire au plus grand nombre d’annonceurs, il se doit de modérer toute publication problématique. Les utilisateurs, eux, ne voient rien… mais en réalité des centaines de milliers de photos et vidéos traumatisantes sont postées chaque jour sur Facebook.
Pour que les utilisateurs soient protégés, c’est une véritable armée de modérateurs que le groupe emploie, directement ou en sous-traitance. Ces derniers développent régulièrement des syndromes de stress post-traumatique (« Post Traumatic Stress Disorder » en anglais, plus connu sous l’acronyme PTSD).
Le coût humain d’un réseau social « sans danger »
Facebook est loin d’être le seul réseau social concerné par la nécessité de modérer les contenus : Google, que ce soit pour le moteur de recherche ou pour sa plateforme Youtube, emploie également des modérateurs et ces derniers aussi développent des PTSD. Et, d’une manière générale, c’est pareil pour tous les réseaux sociaux et même des sites plus petits du moment où la publication de contenus est « libre ».
Dans le cas de Facebook, toutefois, l’affaire a été portée devant les tribunaux : Selena Scola, ancienne modératrice du géant fondé par Mark Zuckerberg, a déposé une plainte en 2018 devant un tribunal californien. Elle déclarait avoir développé un PTSD après seulement 9 mois passés à modérer des contenus. « Tous les jours, les utilisateurs de Facebook diffusent des millions d'images ou de vidéos en direct d'abus sexuels sur des enfants, de viols, de torture, de bestialité, de décapitations, de suicides et de meurtres », décrit la plainte.
Autant d’images violentes qui jouent sur le cerveau et la santé mentale : leur modération, qui permet aux utilisateurs "lambda" du site de naviguer sans inquiétudes, a un coût humain considérable. Un coût qui est surtout méconnu des plus de 2 milliards de personnes actives sur le réseau social de Menlo Park.
Jusqu’à 50.000 dollars pour les cas les plus graves
La plainte de Mme Scola a abouti non pas à un jugement, mais, comme c’est souvent le cas aux États-Unis, à un accord à l’amiable. Pas moins de 11.000 modérateurs se sont associés à cette action de groupe pour laquelle un accord à 52 millions de dollars a été trouvé. Facebook versera à chaque personne nommée dans la plainte collective 1.000 dollars. Soit 11 millions de dollars au total.
Pour les cas les plus graves nécessitant des soins médicaux, ce sont jusqu’à 50.000 dollars de soins qui seront pris en charge par le géant de Menlo Park. Si on retire les 11 millions de dollars versés aux plaignants, cela représente la coquette somme de 41 millions de dollars réservés aux soins médicaux pour les personnes diagnostiquées avec des troubles spécifiques.