Viande de cheval : la PME française Spanghero est désignée coupable par le gouvernement

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Par Laure De Charette Modifié le 15 février 2013 à 7h22

L'entreprise « savait ». C'est du moins ce qu'a affirmé hier soir le ministre de la Consommation Benoît Hamon, sur la base des résultats de l'enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. D'après lui, l'entreprise française Spanghero, fournisseur en viande notamment de Findus (et de Picard), savait pertinemment qu'elle mettait dans les plats surgelés de la viande de cheval, et non de bœuf, puisque les morceaux qui lui parvenaient étaient estampillés comme tels. Le cheval étant moins cher à l'achat, la société aurait ainsi réalisé un profit estimé à au moins 500 000 euros. Des allégations que l'entreprise a aussitôt démenties.

Voilà donc le coupable désigné. Du coup, la société roumaine qui vend les carcasses chevalines et qui a un temps été montrée du doigt, serait exempte de toute responsabilité. Oui elle vendait bien du cheval, mais elle l'indiquait sur les étiquettes requises. Spanghero serait donc coupable de « tromperie économique », d'après les mots du ministre, qui promet de poursuivre en justice les responsables. Si la tromperie est avérée, ils risquent jusqu'à deux ans de prison et 180 000 euros d'amende. Dans l'immédiat, Spanghero va évidemment se voir retirer l'agrément sanitaire qui lui permet de traiter de la viande. Mais ce retrait n'est que provisoire : seules des expertises poussées menées par une brigade nationale de vétérinaires qui va rejoindre les locaux de l'entreprise à partir d'aujourd'hui décideront d'un éventuel retrait définitif.

Qui est Spanghero ? Il s'agit d'une PME française qui emploie actuellement 360 salariés, et dont le siège est situé à Castelnaudary, dans l'Aude. Spécialiste du steak haché frais, des saucisses de Toulouse, des plateaux de grillades, des confits et des cassoulets, elle a obtenu le certificat IFS (International Food Standard) en 2011. La société, fondée en 1970 par la famille des rugbymen Spanghero, a été reprise en 2009 par la coopérative basque Lur Berri, également propriétaire des foie gras et du saumon Labeyrie. En 2011, la société a déjà été prise dans la tourmente : elle a dû retirer de la vente 12 tonnes de steaks hachés frais suite à une suspicion de contamination à la bactérie E.Coli sur l'un de ses lots. Finalement, la viande ne contenait pas ladite bactérie. Mais l'affaire lui a coûté plusieurs centaines de milliers d'euros. Ce nouveau scandale risque de lui coûter bien plus...

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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