Quelle est la valeur du travail ?

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Par Stéphane Geyres Modifié le 11 janvier 2013 à 6h08

Souvent sous l’influence de Karl Marx, beaucoup croient encore que le travail peut être une base valable pour l’estimation de la valeur des choses. Pourtant, il est facile de montrer qu’il n’en est rien. Et de plus, c’est un fait connu depuis longtemps – mais nombreux sont ceux qui veulent l’oublier.

Si le travail avait une valeur, notre société ne devrait pas connaître le chômage – et c’est d’ailleurs parce qu’il y en a que notre Président marxiste dit ne pas comprendre ce qui se passe. En effet, il suffirait de confier deux carrières de sable aux chômeurs. En creusant la première, ils pourraient boucher l’autre. Une fois fini, il suffirait d’inverser la manœuvre. Du travail pour l’éternité. Facile. On s’aperçoit ainsi que le travail n’est pas ce qui manque. Il est facile d’avoir l’idée de quelque chose à faire. Chacun de nous, s’il en avait les moyens, aurait vite fait d’avoir sa liste des travaux qu’il ferait ou ferait faire. Ce n’est pas le travail qui manque, ce n’est donc pas son déficit la cause du chômage.

On voit aussi sur l’exemple du tas de sable que le travail ne vaut rien dans l’absolu, s’il ne sert pas « à quelque chose ». Adam Smith, qu’on croit à tort fondateur de l’économie politique, avait pourtant adopté une théorie de la valeur des biens fondée sur la « valeur-travail » ; puis Ricardo, puis Marx.

Ces auteurs confondent donc le travail avec le service, l’utilité qui en sont tirés. Cela paraît incroyable, c’est pourtant la réalité. Ils n’ont pas vu que le même travail, selon qu’il sera apprécié ou non comme service, ou produit, aura de la valeur, ou pas du tout. Dans une carrière de sable, il peut être très utile de creuser si c’est pour rendre ledit sable accessible au maçon. Mais la danseuse de ballet a peu de chance d’y accorder la moindre importance. Et il n’y a rien à redire à cela.

La valeur du travail, ou d’un service ou d’un produit, dépend donc de qui l’apprécie. Elle n’est pas absolue. Le maçon verra de la valeur dans ce sable pour lequel pourtant l’immense majorité d’entre nous ne donnerait pas un centime. On dit que la valeur du travail n’est pas objective (absolue), mais au contraire subjective (elle dépend du point de vue de chacun).

De grands auteurs français, tels Turgot, Jean-Baptiste Say ou Frédéric Bastiat ont su voir la nature indubitablement subjective de la valeur du travail, et de la valeur en général en économie. Et bien d’autres depuis, comme par exemple Friedrich von Hayek, Prix Nobel d’économie en 1974.

Car comme pour la richesse, la valeur des choses, concrètes ou abstraites, n’est non seulement pas absolue, mais pas même mesurable. Comment savoir si un tas de sable a plus de valeur qu’une paire de ballerines ? Ca dépend de la taille du tas et de sa qualité ? Mais ça dépend aussi de la marque des chaussures voire même de leur histoire. Et ça dépend surtout de qui est prêt ou pas à payer.

Ce qui me semble de valeur peut vous sembler dérisoire et nous aurons tous deux raison. Il n’y a pas de vérité de la valeur du travail ou des biens qui s’impose à nous – sauf en régime totalitaire. Pour avoir une idée de la valeur relative de deux biens, il faut qu’intervienne l’échange, seule manière d’exprimer un aspect mesurable à la valeur économique dans ce monde.

Alors quand la valeur-travail tombe, bien des croyances de notre société tombent dans son sillage. Les 35 heures, par exemple, censées permettre de partager le travail, perdent soudain toute logique, puisque le travail est infini et n’est pas le frein au chômage. Le SMIC aussi se retrouve sur la sellette puisqu’il prétend valoriser de la même façon toutes les formes de travail. Mais arrêtons-nous là…

Cours économie Bac ES

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Simple citoyen viscéralement optimiste, consultant informatique, 25 ans d'expérience, bilingue, ayant vécu dans 5 pays sur 3 continents et connu l'aventure de la création d'entreprise - dans un pays ou c'est mal vu et très aléatoire. Libéral convaincu et même libertarien, venu au libéralisme après des années d'errance politique et une grande déception de la droite traditionnelle, de ses présidents de la 5eme république et de la "rupture" de 2007. Autodidacte et curieux, découvre l'école autrichienne d'économie et engloutit les opus magni de Mises, Rothbard et Hoppe en quelques mois, puis découvre le libéralisme en tant que doctrine et modèle social. La lecture de Salin, Ron Paul, Hazlitt, Ayn Rand et même Mandelbrot finit de me convaincre du bien fondé de l'analyse libérale. Commence alors le projet de contribuer à mieux faire connaître et comprendre le libéralisme, pour que nos enfants vivent dans un monde digne d'eux...

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