Création d’entreprise : La franchise, une bonne solution pour convaincre son banquier ?

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Par Eric Villedieu Modifié le 13 décembre 2022 à 20h41

Depuis le début de la crise des « subprimes » aux USA en 2008, le système bancaire mondial a subi de lourdes pertes financières, et les banques françaises n’ont pas fait exception. Outre une situation économique mondiale qui n’a cessé de se dégrader, une des conséquences majeures de cette situation, a été la très forte réduction des prêts accordés par les banques, notamment françaises, aux entreprises et aux entrepreneurs.

En effet, soucieuses d’éviter de prendre de nouveaux risques, les banques sont devenues extrêmement frileuses dans la mise en place de financements pour les entrepreneurs, considérant que cette catégorie de clients présentait un risque élevé de non-remboursement des fonds prêtés, eu égard à la conjoncture. Cette situation est très pénalisante pour les entrepreneurs dans l’âme qui veulent se lancer dans l’aventure de l’entreprise ou du commerce, même avec de solides garanties. Dès lors, que faire lorsque l’on veut créer son entreprise ?

1ère solution : Etre l’héritier d’un milliardaire ! Malheureusement cela ne concerne que quelques personnes en France et c’est loin d’etre le cas de nombreux créateurs d’entreprise.

2e solution : Ne pas avoir besoin des banques ! Monsieur de La Palice n’aurait pas dit mieux.

Au-delà de la boutade, les entrepreneurs vont devoir se tourner vers leurs familles et leurs amis pour les inciter à leur prêter de l’argent pour financer leur projet. Les anglo-saxons appellent cela « la love money ». C’est toutefois difficile d’aller demander à ses proches de participer à un projet par nature risqué et, là aussi, tout dépend des capacités financières de la famille et des amis, mais aussi des bonnes relations familiales/amicales qui pourraient pâtir d’un échec.

3e solution : La franchise. Pourquoi la franchise est une bonne solution pour obtenir un prêt d’une banque ? Parce que les banquiers sont des gens qui connaissent les statistiques et savent que financer un futur franchisé présente, en moyenne, près de 2 fois moins de risques pour la banque que de financer un entrepreneur qui se lancerait seul dans la création d’un commerce. Dès lors, ils sont plus enclins à étudier la création d’un business en franchise.

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Quels sont les éléments de la franchise qui rassurent un banquier ? D’un point de vue business : le futur franchisé bénéficie du concept et du savoir-faire du franchiseur. Ainsi il gagne un temps précieux dans la création de son activité et profite de l’expérience de son franchiseur qui lui apporte son aide à toutes les étapes de la création : recherche du local, montage de la société, étude de marché, élaboration du business plan, suivi des travaux, négociation de conditions privilégiées avec les fournisseurs, campagne de publicité, etc. C’est ce suivi régulier du futur franchisé par le franchiseur, avant, pendant et après la création qui crédibilise le dossier de présentation du projet au banquier.

La création d’une entreprise reste, bien sûr, une « aventure », mais sérieusement encadrée durant sa phase préparatoire et de lancement, elle a toute les chances d’aboutir dans de bonnes conditions, réduisant d’autant les risques de perte de temps ou d’erreurs, toujours couteuses pour l’entrepreneur.

De plus, le franchiseur est en mesure de fournir les performances commerciales et financières réalisées par ses franchisés existants ou ses succursales. Cet élément est de nature à rassurer un banquier toujours soupçonneux sur la réalité d’un compte prévisionnel d’activité qui affiche des chiffres d’affaires ambitieux.

Par ailleurs, les réseaux de franchise sérieux mettent en place un processus de sélection des candidats qui s’attachera à vérifier les motivations et les qualités du futur chef d’entreprise qui, rappelons-le, devra aussi la plupart du temps, manager une équipe. Le banquier est sensible à cette approche car lui-même cherchera à vérifier les motivations d’un futur franchisé lors d’un ou plusieurs entretiens de présentation du projet.

D’un point de vue financier : très souvent, les réseaux de franchise ont des accords privilégiés avec les banques, permettant à leurs candidats d’etre certains que leurs dossiers seront étudiés rapidement par des chargés d’affaires qui connaissent le secteur d’activité. Préalablement à ces accords, les banquiers étudient tant les comptes du franchiseur, que son concept, son contrat de franchise ou la réussite des franchisés du réseau afin de s’assurer de sa crédibilité et de son expérience. C’est donc un gage de sérieux pour une future entrée en relation.

Pour les futurs franchisés comme pour ceux qui décident de créer leur entreprise seul, il est souvent nécessaire d’apporter 30 % de l’investissement total en fonds propres afin de respecter le sacro-saint ratio bancaire. Mais pour ceux qui choisissent la voie de la franchise, les banques, tout en exigeant un apport personnel conséquent, sont plus souples sur ce critère car, là encore, l’appartenance à un réseau de franchise permet au banquier de mieux apprécier l’ensemble des risques, et par voie de conséquence, de réduire l’importance du respect d’un ratio purement comptable.

Ainsi, un bon dossier pourra etre financé avec 20 ou 25 % de fonds propres. Enfin, de plus en plus de réseaux développent des outils financiers pour renforcer les fonds propres de leurs futurs franchisés, en participant au capital de leurs sociétés. Cette pratique, est appelée « la franchise participative ». Les franchiseurs, en participant au capital des sociétés de leurs franchisés de manière minoritaire, deviennent associés du projet.

Deux conséquences : le projet dispose de fonds propres plus importants mais surtout les banques voient, dans la présence du franchiseur au capital, un atout supplémentaire important et rassurant dans la réussite du projet.

Ainsi, la franchise apparait, non seulement comme une bonne solution pour convaincre un banquier mais aussi et surtout pour entreprendre en augmentant considérablement les chances de succès. Toutefois, il ne faut pas oublier que la création d’entreprise, même en franchise, exige un investissement personnel important et que le facteur clé de réussite reste l’entrepreneur lui-même.

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