Défense : le successeur du FAMAS doit être français

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Par Philippe David Modifié le 7 mai 2015 à 11h38
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12 millions €La seule entreprise française capable de fabriquer le fusil d'assaut successeur du FAMAS a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros. Trop peu pour le gouvernement.

Dans les livres d’histoire, ou ce qu’il en reste, ou au cinéma dans les films de guerre, on reconnaît sous quel drapeau combattent les acteurs au fusil qu’ils portent.

Les poilus de la Grande Guerre étaient équipés du Lebel modèle 1886, qui était fabriqué à Châtellerault, Tulle et Saint-Etienne. Lors de la seconde guerre mondiale, c’est du MAS 36 fabriqué également à Saint-Etienne qu’étaient équipées nos troupes. Puis les MAT 49 fabriqués à Tulle et les FSA 49-56 fabriqués, une fois encore, à Saint-Etienne s’illustrèrent dans les rizières d’Indochine et les djebels d’Algérie. Puis à la fin des années 70 arriva le FAMAS, surnommé le clairon en raison de son anse, produit encore et toujours dans la capitale du Forez.

Le FAMAS prend sa retraite

Après près de 40 ans de bons et loyaux services, le FAMAS va devoir passer par la case réforme et l’armée va devoir lui trouver un remplaçant. Cependant, le risque est immense que celui-ci ne soit pas, pour la première fois de notre histoire, fabriqué en France. En effet, l’appel d’offre lancé par l’Etat impose que les sociétés candidates réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 80 millions d’euros, ce qu’aucune société française pouvant postuler ne réalise, la Manufacture d’armes de Saint-Etienne, qui fabriquait le FAMAS, ayant été fermée par GIAT industrie en 2001.

Ainsi, cinq sociétés sont aujourd’hui en pôle position pour rafler un contrat représentant 90000 fusils d’assaut en différentes versions. Il s’agit de l’allemande Heckler und Koch ; la belge Herstal ; l’italienne Beretta ; la suissesse Swiss Arms et l’autrichienne Steyr-Mannlicher. Une société française, Verney Carron, spécialisée dans les armes de chasse et basée à Saint-Etienne a proposé le modèle FAST (Fusil d’Assaut ST-Etienne) mais son chiffre d’affaires de 12 millions d’euros lui interdit d’entrer dans la compétition. Ainsi, l’Etat a lancé un appel d’offre dont il exclut par les conditions imposées les entreprises françaises dans un secteur aussi stratégique que celui de la défense. Bienvenue au Royaume du bon père Ubu…

Défense : la France ne peut être tributaire d'un pays étranger

Pourtant, et les évènements récents nous le prouvent, il faut absolument garder outre les moyens militaires, les moyens techniques et industriels d’assurer notre propre défense. Que ferons nous si, demain, un fournisseur étranger au motif que notre politique ne lui plait pas refusait de nous livrer des produits finis ou des pièces détachées comme nous le faisons aujourd’hui à la Russie avec les Mistral ? Devrons-nous accepter d’être tributaires d’un pays étranger pour assurer notre défense et nos ventes à l’étranger comme nous le sommes aujourd’hui de l’Allemagne qui a bloqué plusieurs de nos contrats d’armement à l’exportation en refusant de nous livrer des pièces fabriquées chez elle ( blindés Aravis en Arabie Saoudite ; missiles Milan au Qatar ; VAB au Liban) ?

La France a-t-elle abandonné son désir de grandeur et d’indépendance au point d’être retournée dans le giron américain via la réintégration dans l’OTAN sous Sarkozy, OTAN dont le Général de Gaulle nous avait sorti en pleine guerre froide, et de céder au diktat des mêmes américains sous Hollande en refusant d’honorer un contrat majeur avec la Russie ? Lorsque Airbus avait gagné le marché des avions ravitailleurs de l’US Air Force, qu’ont fait les américains ? Ils ont relancé un appel d’offre assurant le contrat à Boeing alors qu’Airbus s’était engagé à fabriquer les aéronefs aux Etats-Unis !

Des emplois à la clé

Enfin, vu la situation désastreuse de l’emploi en France où il y a aujourd’hui plus de cinq millions de chômeurs, ne serait-il pas intéressant d’étudier la faisabilité de fabriquer notre fusil d’assaut en France afin de démontrer que feu le « Ministère du redressement productif », était bien censé servir à quelque chose et que cela ne sert à rien de verser des larmes de crocodiles sur la désindustrialisation de la France quand l’Etat joue de facto la carte de la désindustrialisation dans le secteur le plus stratégique qui soit.

Devant l’incurie de l’impuissance publique française, et afin de tout faire pour préserver notre indépendance et relancer une filière pour qui la Banque Publique d’Investissement pourrait servir à quelque chose, il faut que toutes les forces du pays se mobilisent sans exclusive pour ne pas revoir, comme cette semaine, notre Armée et donc l’Etat préférer acheter des véhicules Ford fabriqués aux USA à des véhicules fabriqués en France.

Pour l’indépendance, pour l’emploi, pour l’industrie : Aux armes citoyens !

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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