La grenouille qui voulait être aussi grosse que le boeuf (1/2)

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Par Thibault Lanxade Modifié le 6 août 2012 à 7h09

Les nombres parlent d’eux-mêmes : avec un déficit commercial de 73 milliards d’euros en 2011, la France est loin derrière l’Allemagne, qui affiche un excédent de 15 milliards d’euros.

L’euro fort pénalise nos exportations ; mais cela ne suffit pas pour analyser les deux situations économiques, car l’Allemagne a aussi dû faire avec la hausse de l’euro. Dès lors, il faut examiner la structure des deux économies.

L’Allemagne a profité d’un coût du travail bas et à privilégié les produits haut de gamme. Parfaite illustration de cela, le poncif de la voiture allemande et le retour à la langue de Goethe dans les publicités – « made in Germany » est désormais directement traductible par « deutsche Qualität ». C’est précisément là que se trouve l’impact de la hausse monétaire : avec une production de qualité, l’industrie allemande augmente ses prix pour conserver ses marges, ce qui est impossible en France – où les marges sur la valeur ajoutée ont considérablement diminuées. L’industrie allemande reste alors l’éternel modèle de nos PME. Beaucoup d’économistes se sont déjà intéressés à la « Mittelstand » et aux « géants cachés » qui font la fortune de la Fédération, et qui manquent à la France.

Outre-Rhin, les trois mots d’ordre sont : innover, exporter, investir.

Cela contraste avec la situation des PME françaises, qui souffrent d’un manque de visibilité internationale, et d’un trop fort éparpillement local.

La France n’est-elle pas le pays aux trois cents fromages ? – à titre d’exemple, même si ce n’est pas comparable, 43 % des exploitations agricoles font moins de 20 hectares, tandis qu’en Ukraine, 11 % d’entre elles font moins de 100 hectares. De la même façon, nos PME se distinguent par une majorité de TPE et un faible nombre d’ETI (1500), tandis que les Allemands ont réussi à hisser 4600 de leurs entreprises familiales à ce rang. Enfin, ne pourrait-on pas dire, que l’engouement des Français pour l’autoentreprenariat n’est que le symptôme de cette dislocation de l’activité ?

Mais l’heure n’est plus au constat. Il faut être force de proposition, pour rattraper ce retard, sans toutefois calquer le modèle de développement allemand ; il faut tenir compte des spécificités françaises. Un moyen serait de consolider le tissu des PME-PMI en regroupant des cellules de production ou d’innovation isolées, pour atteindre rapidement une taille critique.

Comme l’administration a réformé la carte hospitalière, juridique, universitaire ou militaire, les entrepreneurs doivent avoir l’audace de proposer une refonte de la carte économique. Dans la « vallée de la chimie » (Lyon), sur les onze PME fabriquant des produits chimiques adhérentes à l’UIC, huit produisent des produits nettoyants. La fusion de ces huit entités aurait trois avantages. Cela favoriserait l’innovation par le regroupement et l’harmonisation des R&D. L’exportation serait accrue par l’acquisition d’une meilleure représentativité, d’un plus grand poids de négociation. Les fonds propres seraient renforcés, rendant les PME moins dépendantes des banques.

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Thibault Lanxade est PDG d'Aqoba, société leader dans les solutions de paiement électronique. Il est également président de Positive Entreprise.  Précédemment Secrétaire Général puis Directeur des Opérations de  la filiale ESR du groupe Shell, puis Président-Directeur Général de la société Gazinox (Groupe Shell/Butagaz), Thibault Lanxade préside également l’AFEPAME – Association Française des Établissements de Paiement et de monnaie Électronique. Thibault LANXADE est Titulaire d’un Master ESCP.

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