Informatique : Et Michael Dell racheta… Dell, pour sortir l’entreprise de la Bourse

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Par Laure De Charette Modifié le 6 février 2013 à 13h02
Quitte ou double ? Le troisième fabricant mondial d'ordinateurs DELL (derrière Lenovo et HP) a confirmé hier qu’il allait bel et bien sortir de la bourse (« to go private » disent les Anglo-Saxons, une expression qui veut tout dire). Autrement dit, DELL disparaît des écrans de la Bourse, pour ne plus subir le diktat court-termiste des marchés et les bouderies trimestrielles des investisseurs.
Il faut dire que l’heure est sombre : l’an dernier, la société a encore perdu plus de 30 % de sa valeur, notamment parce qu’elle a un train de retard en matière de fabrication de tablettes (son seul essai, baptisé Streak 7, s'est soldé par un échec, au point que sa fabrication a vite été stoppée). Un sacré coup de poker, qui n’est pas sans risque, selon les analystes. Car si DELL sort des écrans radars –peut-être avant d’y revenir un jour ?-, c’est pour se transformer sur le long terme, opérer une mue importante, bref, se réinventer. Ce qui passera certainement par une restructuration massive, sans doute un recentrage sur certaines activités –le stockage de données, les solutions, au détriment des PC, dont le fabricant tire pourtant encore 70% de ses revenus. Les analystes voient déjà les plans sociaux poindre le bout de leur nez.

Concrètement, Michael Dell, 47 ans, self-made man texan qui a fondé l’entreprise éponyme il y a vingt-neuf ans depuis sa chambre d’université avec 1 000 dollars en poche, qui a ensuite démissionné en 2004 de son poste de PDG avant de le retrouver trois ans plus tard, entame là une nouvelle phase du développement de sa société. Alors qu’il possède seulement 16% des actions de l’entreprise, il va racheter d'ici le mois de juillet 2013 (soit avant la fin du second trimestre fiscal 2014 du groupe, l'année fiscale de DELL ayant un an de décalage avec l'année calendaire) à tous les actionnaires leurs titres, pour la somme de 13,65 dollars l’action (soit 25% de plus que son montant avant le début des rumeurs le 11 janvier… une aubaine pour ceux qui ont acheté des actions Dell à ce moment-là !), ce qui signifie que la société vaudrait en tout 24,4 milliards de dollars. Certes on est loin des 120 milliards auxquels DELL était estimée avant l’explosion de la bulle internet en 1999...

L’opération s’appelle un rachat par effet de levier (LBO : « leverage buy-out »), et ce serait l’un des plus importants jamais réalisés.

Michael Dell n’est pas seul dans cette opération colossale. Il est épaulé par Microsoft, dont il est l’un des principaux clients, et par Silver Lake, un fonds spécialisé dans les hautes technologies. Le premier va prêter deux milliards de dollars à DELL, tandis que le second va mettre sur la table la somme d’1 milliard de dollars en cash. Quelques emprunts auprès de plusieurs banques -Barclays, Credit Suisse, Bank of America et la Banque du Canada- et le tour est (presque) joué.

Tout cela signifie que Michael Dell, l'un des premiers grands entrepreneurs à tirer sa fortune des nouvelles technologies, croit plus que jamais en son entreprise, qu’il estime largement sous-évaluée. Il est prêt à engager, d'après ses conseillers, « une quantité substantielle d’argent » -certains parlent de plusieurs centaines de millions de dollars puisés dans sa fortune personnelle- pour relancer Dell et tenter d'en faire à nouveau un leader sur le marché mondial des nouvelles technologies. Yes, he can ?

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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