Le vertige de la dette

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Par Jean-Pierre Olivero de Rubiana Publié le 26 juillet 2013 à 4h00

Les derniers chiffres publiés par l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) nous indiquent que la dette publique de la France continue de progresser pour atteindre 1870 milliards d'euros, soit 91,7 % du PIB (Produit intérieur brut). On se doutait bien que le subtil frémissement de reprise finement décelé par le Président ne modifierait pas la tendance.

Le budget 2013 prévoit 374 milliards d'euros de dépenses et ... 62 milliards d'euros de déficit. La Cour des Comptes, dans sa grande sagesse, nous annonce qu'il faudra bien prévoir un supplément de 7 Mds pour faire face au surplus de dépenses et aux recettes manquantes.

Malgré, ou à cause, du matraquage fiscal il faudra encore emprunter au moins 69 Mds cette année. Ainsi pour 50€ dépensés l'état en emprunte 10. Imaginez vous devant la pompe à gas-oil et téléphoner à votre banquier pour qu'il vous autorise à faire le plein ! Nous sommes encore loin du déficit à 3 % du PIB. Mais imaginons, ça ne coûte rien, que par miracle nos énarques gouvernants parviennent, au prix de nos efforts, à établir un budget équilibré. Gros soupir de soulagement devant ce cadeau des Dieux, l'emprunt c'est terminé, on peut faire le plein sans l'autorisation du banquier.

Ce rêve comporte une face obscure : l'ennemi invisible et sans nom rode encore. La finance est forte des intérêts qu'elle entend percevoir de ses prêts pour un montant de 47 Mds par an. Et oui, ne plus emprunter ne signifie pas que l'on a effacé la dette. Et comme un vulgaire crédit à la consommation il faudra bien verser les intérêts et rembourser le capital. En d'autres termes il faudra encore se serrer un plus la ceinture et/ou bénéficier d'une croissance impressionnante.

Le discours sur la croissance qui permettrait de sortir de nos difficultés nécessite une explication. La croissance signifie une augmentation du PIB et si la dette est stable le rapport dette sur PIB diminue à la satisfaction des amateurs de ratios. Mais comme à l'accoutumée le diable se cache dans les détails. Avec une dette presque égale au PIB la croissance sert tout juste à payer les intérêts des emprunts. Et pourtant nous serions bienheureux d'observer une croissance de 2,5 %

Continuons de rêver sur notre budget équilibré et envisageons de rembourser 23Mds par an de capital en plus des 47Mds d'intérêts. A vos calculettes, comme pour l'achat d'une voiture, combien de temps faut-il pour rembourser 1.870 Mds d'emprunts au taux de 2,5 % à raison de 70Mds par échéance annuelle ?
Réponse : 45 ans.

Faites comme les énarques qui ont bien réfléchi au problème, retroussez vos manches, bossez et n'oubliez pas de stimuler vos enfants et vos petits enfants.

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