Écotaxe: tant qu’on y est, faisons un moratoire sur l’écologie!

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Par Jean-Jacob Bicep Publié le 29 octobre 2013 à 18h03

La polémique concernant l'écotaxe poids lourds appelait une réponse fondamentalement politique : celle de l'honnêteté, de la franchise, celle d'une vision systémique et de long terme. Ni le gouvernement, ni les transporteurs routiers bretons n'aurait dû oublier que la constitution d'une fiscalité à même de relocaliser les emplois et de réduire l'impact environnemental de nos activités économiques est l'affaire de la société dans son ensemble.

Je suis consterné par ce recul. Un moratoire sur l'écotaxe? Tant qu'à faire, faisons plutôt un moratoire sur l'écologie!. J'ai entendu les inquiétudes du secteur des transporteurs routiers breton, elles sont légitimes et la réponse à leur donner aurait dû être claire: l'écotaxe est partie d'un projet global, et c'est sur ce projet global qu'il faut construire un consensus. On ne crée pas une taxe simplement pour créer une recette. L'arme fiscale doit servir la transition écologique, et la transition écologique est la seule sortie de crise crédible.

Le fait qu'il y ait un transport routier de marchandise à grande échelle est à la fois la cause et la conséquence de différents mécanismes

C'est la cause de nuisances environnementales nous le savons, de nuisances sonores, mais c'est aussi la cause de délocalisation et de dumping social. C'est en même temps la conséquence d'une concurrence fiscale absolument déloyale, à la fois entre les pays européens et entre les modes de transport. Les transporteurs routiers français sont taxés en Allemagne et les allemands ne le sont pas en France, ce qui permet à la France d'être un réseau sur-emprunté pour aucune recette fiscale! C'est la conséquence d'une concurrence intermodale qui défavorise le transport ferroviaire, moins polluant, qui lui doit payer une redevance d'utilisation de l'infrastructure. C'est aussi la conséquence d'une concurrence sociale, qui incite à importer des produits à bas coûts produits ailleurs. L'écotaxe n'est pas un caprice d'écologistes. En incitant économiquement les circuits courts, la majoration du prix des transports routiers, notamment de longue distance, ne peut que privilégier la production locale.

Lorsque Marine le Pen ose nous expliquer qu'il faut revenir sur l'écotaxe pour lutter contre le dumping social, la mauvaise foi et l'amateurisme de tel raisonnement m'ulcèrent littéralement.

Maintenant, il faut être honnête, pour que cette taxe ait un sens, il faut qu'elle soit couplée avec un projet d'investissement dans les transports propres. Il faut qu'au lieu d'investir dans le Lyon-Turin, nous investissions dans des projets durables, à forte utilité sociale. Un cercle vertueux dans les transports peut exister, mettons-le en œuvre. Au lieu de mettre en place des moratoires, mettons en place des décisions courageuses.

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Jean-Jacob Bicep est membre d'Europe Écologie Les Verts.Conseiller d'arrondissement et adjoint au maire du 20e arrondissement de Paris, il devient député européen le 16 mai 2012.

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