La France devra importer de l’électricité cet hiver

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 9 novembre 2012 à 6h22

On a beau avoir des centrales nucléaires, garantes de notre "indépendance énergétique", il faudra encore aller faire la manche cet hiver chez nos voisins pour leur quemander quelques mégawatts aux heures de pointe.

Plus précisément, 5400 mégawatts en moyenne, avec des pics qui pourraient atteindre les 10 000 mégawatts. Or, quand on sait qu'une tranche de centrale nucléaire produit entre 1000 et 1500 mégawatts, on voit bien qu'il y a un trou dans notre dispositif équivalent, en heure de pointe, à 4 à 7 réacteurs. Sauf qu'il n'y aurait pas de sens à construire des réacteurs nucléaires pour produire de l'énergie quelques jours par an, sachant en plus qu'une centrale nucléaire mets plusieurs heures à monter en puissance, avant de pouvoir être couplée au réseau. Ce n'est pas de centrales dont la France manque, mais de barrages hydroélectriques, qui ont besoin de quelques minutes pour se mettre à produire de l'énergie, ou encore de centrales électriques classiques au gaz par exemple. Pour les barrages, lacs et rivières étant exploités au maximum, ce sont les usines marémotrices comme celle de la Rance qui pourraient incarner l'avenir.

RTE, Réseau de Transport d'Electricité, filiale d'EDF, n'est pourtant pas inquiète pour cet hiver. Elle considère que les risques de coupures sont limités. Deux régions cependant, la Bretagne, et la Provence-Alpes-Côte d'Azur sont en situation plus délicate, éloignées des moyens de production d'énergie et dotées d'un réseau de transport haute tension sous dimensionné pour les jours de grands froid.

Le vrai problème en fait de la France avec l'électricité n'est évidemment pas la production mais la consommation. 31 % des ménages français se chauffent à l'électricité, qui est aussi l'énergie la plus chère pour se chauffer loin devant le fioul, le gaz ou le bois. Seul l'équipement est bon marché, un radiateur pour chauffer une pièce revenant à quelques dizaines d'euros à l'installation. Dans le même temps, d'autres pays ont décidé de bannir le chauffage éléctrique. En Suisse, il sera interdit d'ici 10 ans.

En attendant, pour cet hiver, RTE fait appel au sens du civisme de ses clients, les incitant à réduire leur consommation aux heures de pointe : utilisation du départ différé des appareils éléctroménagers (lave-linge, séche-linge, lave-vaisselle). Extinction d'un ou deux radiateurs électriques le soir entre 18h et 20h, au moment ou la France "tire" sur les prises électriques. Et pour ceux qui seraient tenter de repasser leurs chemises le soir en rentrant, il vaut mieux attendre pour le faire plus tard dans la soirée ou le lendemain matin !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.