Eolien offshore : droit dans le mur en klaxonnant

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Par Ludovic Grangeon Publié le 11 juin 2022 à 9h12
Eolien Solaire Manne Etat 1
27%La production éolienne en Europe a chuté de 27% en 2021.

A quoi bon construire des éoliennes offshore puisque leur courant n’arrivera jamais à terre ? et qu’on le sait déjà ? Une étrange surdité frappe le Gouvernement à ce sujet.

Cette absurdité fait partie des grandes erreurs stratégiques que l’on croit impossibles. Et pourtant c’est exactement ce qui est en train de se révéler. D'une part le vent est en train de chuter sur toute l'Europe suite au changement climatique. D'autre part, le transport de courant électrique depuis la mer ou les gros sites terrestres pose des problèmes résolus pour de petites quantités mais insolubles pour de tels volumes. Ça ne marchera pas du tout, très mal, ou tellement cher que ce sera impossible. Les industriels font semblant d’y croire mais les études techniques et les premiers essais dressent le constat d’un désastre annoncé. Tout est fait pour dissimuler ce qui menace d'être aussi un désastre financier et industriel.

L'éolien offshore arrive au moment où le vent s'effondre en Europe

Le programme spatial Copernicus est pourtant très clair et confirme ce que pressentait le GIEC. En 2021, les vents européens n’ont jamais été aussi faibles depuis 40 ans. Le secteur des énergies renouvelables est très concerné par le changement climatique. La chute de production éolienne est énorme : diminuée de 27%. En une seule annnée en 2021, l'Allemagne ou l'Irlande ont connu une chute des vents de 15 %. La zone européenne où la concentration d’éoliennes est la plus importante a été particulièrement touchée: Allemagne, République tchèque, Danemark et toutes les installations de la Mer du Nord. On ne peut imaginer avoir de l’électricité seulement 3/4 jours sur 5 avec un risque de panne à tout moment, surtout avec des éoliennes soumises au bon vouloir du vent quand il y en a.

Un peu de technique électrique pour comprendre le désastre annoncé de l’offshore éolien.

Pourquoi ? Le transport traditionnel d’électricité se fait en courant alternatif, technologie fiable et peu chère. L’éloignement des éoliennes des sites de consommation multiplie les problèmes de pertes. Pour les limiter, il faut passer au courant continu. Mais plus on augmente la distance, plus le coût augmente, jusqu’à trois fois. Malgré cela, le résultat est instable ou médiocre et nécessite plusieurs technologies. La complexité est telle que les réseaux connaissent de multiples incidents ou des court circuits fréquents. Il faut alors passer au courant alternatif à basse fréquence à 16.66 Hz, ou au courant continu grande distance. Mais dans ce cas le taux d’erreur est de 20%, incompatible avec un projet industriel.

La répartition des transits d’énergie dans les réseaux suit les lois physiques. Les réglages de la fréquence et de la phase des alternateurs et des composants doivent tous être parfaitement coordonnés. Le risque de panne en est multiplié par plus de dix fois. Le courant continu pose de multiples problèmes : redressement des ondes de courant alternatif et changement de tension. Ces dispositifs sont complexes et instables. Une électronique de puissance très coûteuse et plus fragile s’avère nécessaire. Le problème de la coupure du courant continu est partiellement résolu mais au prix de procédés sophistiqués et chers. Au-delà des puissances des parcs offshore envisagés, les pannes deviennent multiples : explosions de composants, coupures inexpliquées, fréquences anormales endommageant le réseau et les appareils des consommateurs et des entreprises, avec un énorme risque de trou noir général comme le Royaume uni en connait régulièrement avec l'importance de l'éolien offshore..

Preuve par l’exemple : En 2019, la totalité de Londres, de ses transports et de sa desserte électrique a été plongée dans le noir pendant une journée entière. Au Royaume Uni, les deux tiers des 40 industriels de l'énergie sont précaires et déjà 7 d'entre eux ont fait faillite en 2021. Depuis dix ans en 2012, l’Allemagne se débat dans des difficultés de plus en plus graves de gestion de l’instabilité de son réseau électrique en raison du mélange de différents types de courant dans le Nord, et du transport Nord Sud. Ces incidents coûtent plus cher que le courant électrique transporté. Les sites offshore de Ventus, Bard, Riffgat, Nordsee et d’autres ont tous connu de graves difficultés ou de monumentaux courts circuits et des arrêts prolongés.

Les constructeurs d’éoliennes offshore se gardent bien d’en parler. Leurs éoliennes construites et payées, ils feront semblant de découvrir le problème. Déjà le plus gros des fonds d’investissement, Black Rock, sent le vent tourner puisqu’il annonce dans sa lettre 2022 aux actionnaires que l’avenir n’est plus dans les projets verts actuels parce qu’ils ne sont pas efficaces et ne répondent pas aux changements climatiques. Qui se retrouvera avec la patate chaude ? Malgré 600 milliards injectés dans les renouvelables pour éviter l’achat de combustibles fossiles, l’Allemagne va faire l’inverse et importer massivement du gaz de schistes américain au prix fort !!! dans une double calamité écologique. Le lithium voit son prix multiplié par 7 en quelques mois et remet en cause l'ensemble de la filière batteries en ignorant en plus les centaines de morts par empoisonnement sur les sites miniers. En France, plusieurs enfants sont morts après ingestion d'une minuscule pile de montre, ce qui en illustre la toxicité létale.

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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