Epargne : les Français mettent de côté, le gouvernement s’inquiète

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 avril 2020 à 12h28
Livret A Epargne Baisse Taux 1
4,13 MILLIARDS €En janvier 2020 les Français ont déposé 4,13 milliards d'euros sur leurs livrets défiscalisés.

La situation du monde, qui fait face au « Grand Confinement » et va ensuite devoir survivre à une crise économique comme il n’y en a pas eue depuis 1929, inquiète. Les Français ont donc décidé d’épargner massivement, pour avoir de quoi encaisser les coups durs qui les attendent. Bruno Le Maire, lui, commence à s’inquiéter de cette épargne… car ce sera autant de consommation qui n’aura pas lieu.

Plus de trois milliards d’euros épargnés en mars 2020

Avec le confinement qui a commencé le 17 mars 2020, les Français n’ont plus l’occasion de dépenser : les magasins sont fermés, les cinémas aussi, les bars et les restaurants idem… Heureusement, et ce malgré le chômage partiel qui touche 8 millions de salariés, l’argent continue d’arriver sur leurs comptes, en tout cas pour une partie d’entre eux. Ne pouvant pas le dépenser, ils épargnent… et placent massivement leur argent sur le Livret A.

En mars 2020, 3,8 milliards d’euros ont ainsi été placés sur les Livret A et LDDS, 50% de plus qu’en mars 2019. En avril 2020, premier et peut-être seul mois intégralement passé en confinement pour les Français, si tout va bien, les sommes ainsi mises de côté devraient être encore supérieures.

La tendance paraît même logique : puisque l’avenir est incertain, on parle d’une récession en France de près de 8% (si ce n’est plus), les Français veulent avoir de quoi faire face à des possibles coups durs : reprise lente du travail, perte d’emploi, nécessité de payer certaines échéances…

Les Français pensent donc à plus tard, et pensent au pire. Et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, commence sérieusement à s’inquiéter de ces précautions !

De l’argent… qui ne sera pas dépensé dès le confinement

Interrogé par la commission des Finances de l’Assemblée nationale mercredi 15 avril 2020, Bruno Le Maire commence sérieusement à s’inquiéter de cette tendance à l’épargne des Français en confinement. « Ce n'est pas d'épargne dont nous avons besoin aujourd'hui pour notre économie, mais d'investissement », a-t-il déclaré. Mais comment empêcher les Français de prévoir le pire et de vouloir s’en sortir ? Même la baisse du taux d’intérêt du Livret A, passé de 0,75% à 0,50% en février 2020 n’y aura rien fait…

« L'épargne de précaution qui est en train d'être construite aujourd'hui [...] ne va pas se débloquer du jour au lendemain. Il est probable que les consommateurs auront des comportements attentistes et qu'il faudra donc inciter la demande ». Voilà le nœud du problème : le gouvernement s’attend à ce que les milliards déposés sur les livrets durant le confinement ne finissent finalement pas dans les caisses des entreprises rapidement après la fin de la période de fermeture.

Or, pour la France, c’est un véritable enjeu : la consommation est l’un des principaux moteurs de l’économie… si cette dernière ne repart pas rapidement après la fin du confinement, la crise économique risque de durer.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.