Épargne salariale : le fonds monétaire, un choix mal adapté pour les épargnants

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Par Rémi Boeglin Publié le 25 octobre 2018 à 5h30
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10 milllionsEn France, 10 millions de salariés bénéficient d?un plan d?épargne salariale ouvert par leur entreprise.

Les fonds monétaires proposés dans les contrats d’épargne salariale sont associés depuis quelques années à des rendements négatifs. Pourtant, les épargnants sont encore nombreux à investir sur ces supports, souvent par méconnaissance. Davantage d’information et de pédagogie s’imposent auprès des épargnants.

En France, on estime que 10 millions de salariés bénéficient d’un plan d’épargne salariale ouvert par leur entreprise (PEE, PERCO). Dans ce cadre, environ un tiers des bénéficiaires choisissent d’investir leur épargne sur le fonds monétaire de leur contrat ou n’indiquent aucun choix de placement, ce qui aboutit automatiquement au même placement. Or, depuis déjà plusieurs années, les taux de rendement des fonds monétaires sont devenus négatifs et ces placements provoquent donc une érosion progressive du capital investi.

Ce phénomène est regrettable tant il est évident que cette situation tient à un manque d’information et de pédagogie auprès des épargnants, qui pourraient placer leur épargne salariale de manière plus adaptée en fonction de leurs projets.

Dans quel cas les fonds monétaires sont-ils adaptés ?

Les fonds monétaires ne s’adressent a priori qu’aux épargnants ayant un projet à court terme, comme par exemple l’acquisition de sa résidence principale, ou se trouvant dans un cas de déblocage anticipé de leur épargne salariale (mariage, naissance, création d’entreprise ou cessation du contrat de travail par exemple). Dans ces situations, le fait de placer son épargne sur un fonds monétaire se justifie pour préserver temporairement le capital versé d’une fluctuation de marché, juste avant de le récupérer.

Si l’on dispose en revanche d’un horizon d’investissement plus long, il est déconseillé de se tourner vers les fonds monétaires qui présentent peu d’intérêt du fait de leur rendement négatif, provoquant une diminution progressive du capital. Beaucoup de salariés n’y pensent pas car ils conservent un rapport distant à leur épargne salariale, et ne cherchent pas à placer cet argent de manière optimale.

Il n’est heureusement pas trop tard pour réagir : pour les personnes ayant déjà placé leur épargne salariale ou n’ayant pas indiqué leur choix d'allocation en temps voulu, il reste possible d’effectuer à tout moment une réallocation de son capital pour se tourner vers des placements mieux adaptés.

Les autres solutions pour un investissement à moyen-long terme

Plusieurs alternatives s’offrent aux épargnants disposant d’un horizon plus long, notamment de 5 ans ou plus, correspondant à la durée minimale de blocage des versements sur un PEE, hors cas de déblocage anticipé.

L’une des solutions qui s’offrent aux épargnants est de se tourner vers les fonds investis en actions. Les actions présentent, certes, un risque de perte en capital, mais ce risque est réduit sur un horizon de long terme et le potentiel de gains est alors significatif.

Les investisseurs ne souhaitant pas investir toute leur épargne salariale en actions peuvent faire le choix des fonds mixtes, investis partiellement en actions et partiellement en obligations et en monétaire, ce qui permet d’avoir un équilibre entre placements risqués qui sont potentiellement à haut rendement et placements prudents. Il reste en revanche peu conseillé d’investir l’ensemble de son épargne sur des fonds obligataires, dont le rendement restera faible tout en étant associé à un risque de perte en capital si la courbe des taux devait s’inverser. D'autres fonds existent, comme les fonds à coussin qui garantissent à tout moment la préservation de 90% du capital investi tout en captant une partie de la performance des marchés actions.

À noter que dans le cadre spécifique du PERCO, il est possible de déléguer la gestion de ses placements à travers l’option de gestion pilotée. Dans ce cas, des gérants professionnels font les choix de placements à la place de l’épargnant, en réduisant progressivement l’exposition aux marchés actions à l’approche du déblocage des fonds, c’est-à-dire à l’approche de l’âge de la retraite.

Une solution alternative : l’avance sur épargne salariale

Enfin, les épargnants savent rarement que lorsqu’ils ont un projet de court terme nécessitant un financement, il leur est également possible de demander une avance sur épargne salariale. Ce mécanisme consiste à contracter un prêt in fine dont le montant emprunté est adossé à l’épargne investie qui reste quant à elle placée au sein du PEE. Les épargnants ne paient que les intérêts pendant la durée du prêt et le capital est remboursé au bout de 5 ans grâce à leur épargne salariale ou par un remboursement anticipé classique.

Par ce moyen, les particuliers peuvent profiter de leur épargne salariale même dans des cas ne correspondant pas à un motif de déblocage anticipé (achat d’une voiture par exemple). Surtout, ils peuvent alors investir leur argent sereinement dans une optique de long terme, plus optimale pour eux, tout en bénéficiant d’un prêt à court terme peu coûteux.

Enfin, lorsque les épargnants recherchent des informations plus personnalisées, il leur est possible de s’adresser directement à l’organisme gérant leur épargne salariale, y compris en rencontrant un conseiller si cet organisme dispose d’agences physiques, comme le proposent le Crédit Mutuel et le CIC par exemple. Autant de raisons de s’intéresser davantage à son épargne salariale et d’en faire un véritable atout pour la réalisation de ses projets !

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Rémi Boeglin est Directeur Général de CIC Epargne Salariale.

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