Essence à prix coûtant chez E.Leclerc : c’est surtout du marketing

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 novembre 2022 à 9h22
Essence Prix Hausse Russie 1
30 CENTIMES d'eurosLe gouvernement veut instaurer une baisse de 30 centimes d'euro sur les carburants à la Rentrée 2022.

Michel-Edouard Leclerc, à la tête du distributeur E.Leclerc, a une nouvelle fois lancé son opération « essence à prix coûtant ». La date annoncée n’est pas anodine : dès jeudi 28 juillet 2022 et jusqu’au samedi 30 juillet 2022… soit au moment du chassé-croisé des vacances d’été lorsque Juillettistes et Aoûtiens se croisent sur les routes de toute la France. Mais l’opération n’est pas forcément avantageuse pour les automobilistes, malgré ce qu’elle semble dire…

Le prix coûtant n’est pas une ristourne à la pompe

Le groupe E.Leclerc tente de surfer sur la tendance des « ristournes à la pompe » : en France, il y a celle du gouvernement de 18 centimes d’euro en vigueur en ce mois de juillet 2022, mais aussi celle de TotalEnergies sur une partie des stations-essence situées sur les autoroutes. Mais ce n’est pas tout à fait la même chose que le carburant à prix coûtant de E.Leclerc.

Le gouvernement, lui, compense la baisse de prix à la pompe dans le cadre de sa ristourne directement au vendeur. TotalEnergies, de son côté, peut jouer sur tout la chaîne de production (le groupe extrait le pétrole, le transporte et le raffine) pour réduire ses marges et donc proposer le carburant un peu moins cher.

E.Leclerc ne fait rien de tout ça : il achète le carburant à une entreprise qui l’a raffiné pour le revendre avec une marge… dont on sait qu’elle est très basse. La majorité du prix des carburants pour l’automobiliste est en effet composée de taxes et du prix d’achat. Les distributeurs des grandes surfaces, comme E.Leclerc, ne réalisent qu’une marge infime de l’ordre d’un ou deux centimes le litre.

Se rendre chez E.Leclerc pourrait même coûter de l’argent

L’objectif de E.Leclerc lors de ces opérations (ce n’est pas la première) est surtout d’attirer de potentiels clients dans ses magasins attenants aux stations essence. Michel-Edouard Leclerc lui-même, en 2021, a affirmé que l’opération n’était qu’une « opération commerciale ». Rien à voir avec le pouvoir d’achat.

D’ailleurs, les automobilistes doivent faire leurs calculs : selon la distance qui les sépare de la station-essence E.Leclerc la plus proche, s’y rendre pourrait même coûter plus cher qu’aller chez la concurrence.

Avec une réduction d’un centime d’euro le litre, cela ne représente que 50 centimes pour un plein de 50 litres. Or, selon le gouvernement, on peut estimer en moyenne à 8,40 euros (en 2021, le montant est sans aucun doute plus élevé en 2022) le coût de parcourir 100 km avec une voiture roulant à l’essence SP95-E10. Avec 50 centimes, vous roulez donc 6 kilomètres, voire moins. Si la station-essence E.Leclerc est plus loin que cette distance, la baisse de prix s’annule par la seule consommation pour s’y rendre. Pour le peu qu’il y ait une autre station plus proche proposant le même prix au litre, se déplacer chez E.Leclerc ne vaut donc pas le coup sur le plan du pouvoir d’achat.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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