Expulsions locatives : le record de 2019 pulvérisé en 2022 ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 2 novembre 2021 à 11h29
Treve Hivernale Fin Expulsions Locatives
73%73% des expulsions de juin 2021 ne proposaient pas de solution de logement.

Le 1er novembre 2021 entre en vigueur en France la « trêve hivernale » : c’est l’Abbé Pierre lui-même, en 1954, qui a été à l’origine de ce principe interdisant l’exécution des expulsions locatives durant l’hiver. Chaque année, sa fondation, qui poursuit son travail, alerte sur la situation des ménages en difficulté. Et 2022 pourrait tout simplement être dramatique.

Fin de la trêve hivernale, début d’une catastrophe sociale ?

L’entrée en vigueur de la trêve hivernale en France permet aux ménages en difficultés financières d’être tranquilles durant l’hiver. Inscrite dans la loi en 1956, la trêve hivernale interdit en effet d’expulser un ménage de son logement. Mais comme son nom l’indique, ce n’est qu’une trêve : l’expulsion n’est pas annulée, juste retardée. En l’occurrence, elle est retardée au 31 mars suivant, soit au 31 mars 2022 cette fois-ci.

Une fois la trêve levée, les opérations d’expulsion vont donc reprendre… et le printemps 2022 pourrait battre des records. C’est ce que craint la fondation Abbé Pierre qui tire la sonnette d’alarme le 1er novembre 2021 : en 2022, la France pourrait connaître un record d’expulsions. En cause : la crise sanitaire de la Covid-19… et les mesures prises par le gouvernement.

En 2020 et 2021, à la suite de la crise sanitaire, selon la fondation Abbé Pierre de nombreuses décisions d’expulsions n’ont pas été exécutées par les Préfectures. Entre les confinements et la tentative du gouvernement de protéger les plus faibles, les expulsions ont pris du retard… et la fondation Abbé Pierre estime que celui-ci sera rattrapé dès avril 2022.

Jusqu’à 40.000 expulsions en 2022 ?

Selon Manuel Domergue, directeur des études de la fondation Abbé Pierre interrogé par FranceInfo, le nombre d’expulsions qui pourraient survenir en France au printemps 2022 pourrait être un record. Jusqu’à 40.000, selon lui, alors qu’en comparaison en 2021 entre 6.000 et 8.000 expulsions ont été réalisées.

Un tel nombre représenterait un record absolu et pulvériserait le précédent qui date de 2019. Durant l’année qui a précédé la pandémie de la Covid-19, 16.700 ménages avaient été forcés de quitter leur logement pour des loyers impayés. Si les prévisions de la fondation Abbé Pierre se confirment, en 2022 le nombre de ménages expulsés pourraient tout simplement doubler.

Une crainte qui est loin d’être infondée : la fondation Abbé Pierre rappelle que la crise économique de 2008 avait conduit à une hausse de 57% des expulsions en 10 ans. La crise économique de 2020 ne devrait pas avoir de tels effets à long terme, mais dans les premières années qui la suivront c’est tout à fait possible.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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