Fibre optique et compétitivité : la France a du mal à passer la vitesse supérieure

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Par Jérôme Tullier Modifié le 12 novembre 2013 à 18h26

Le passage de l’ADSL à la fibre optique est inéluctable et a été pleinement intégré au plan gouvernemental en matière de très haut débit. La question est de savoir combien de temps va prendre cette transition. Le temps presse, car les entreprises françaises en ont besoin pour rester compétitives sur un marché mondial qui n’attend pas pour évoluer.

Garantir la compétitivité des entreprises est l’un des grands axes du Plan France Très Haut Débit défini par le Gouvernement au début de l’année 2013. Il est en effet essentiel qu’à l’heure de la crise, les entreprises disposent des meilleurs débits et donc des infrastructures FttH (Fiber To The Home) modernes et performantes pour être en mesure de peser sur le marché mondial. Il devient évident, avec l’évolution des nouvelles pratiques numériques, que l’ADSL va se révéler à terme insuffisant pour répondre aux nouveaux défis qui se posent en termes de compétitivité.

Les entreprises ont aujourd’hui besoin d’une part d’un très haut débit (débits quasi-illimités et très rapides), et d’autre part d’un débit de qualité. La fibre optique offre un débit beaucoup plus élevé que l’ADSL puisqu’il peut atteindre 1 Gbits/s contre 28 Mbits/s pour l’ADSL. Contrairement au réseau cuivre, la fibre est aussi plus fiable, car elle est insensible aux perturbations électromagnétiques extérieures.

Ces considérations techniques ont leur importance car elles répondent aux mutations des pratiques numériques des entreprises. Le cloud computing s’est démocratisé si bien que les applications utilisées en ligne et les espaces de stockages sont de plus en plus gourmands en débit. Le cloud est en effet devenu incontournable à double titre. Il soulage d’abord les entreprises des charges d’exploitations lourdes attachées à l’achat et à la maintenance d’un serveur. Il permet en outre d’avoir accès à des outils de gestion en ligne performants alors quand les entreprises devaient auparavant acheter des licences logicielles.

Mais le déploiement de cette technologie coûte cher et malgré des objectifs ambitieux, la France est devancée par de nombreux pays. Akamai, spécialiste de la mise à disposition de serveurs pour entreprises à travers le monde, a publié une étude en juillet 2013 relative aux débits internet fournis par les différents pays à travers le monde. La France est dans les choux puisqu’elle est classée 38e avec une moyenne de 5,2 Mb/s. Elle perd 8 places au classement par rapport à 2012.

Ce sont les pays asiatiques qui dominent le classement avec 14,2 Mb/s en moyenne pour la Corée du Sud, devant le Japon 11,7 Mb/s et Hong Kong 10.9 Mb/s. Sachant qu’en parallèle le marché du cloud computing est également en croissance dans les pays émergents, dont la Chine, l’Indonésie, l’Inde, l’Argentine, le Mexique ou encore le Brésil, il apparaît évident qu’en termes de nouvelles technologies numériques la France est en train de prendre un sérieux retard sur le reste du monde.

La Cour des comptes a en effet souligné « un rythme de déploiement par les opérateurs privés moins rapide que prévu » dans un « référé » adressé le 8 février 2013 au premier ministre Jean-Marc Ayrault. La question de la faisabilité et l’acceptabilité de l’extinction du réseau (de boucle locale en) cuivre reste « non tranchée », a-t-elle ajouté. La situation n’a pas vraiment été débloquée depuis.

Si le Gouvernement français semble avoir bien saisi l’importance de généraliser le réseau fibre pour la compétitivité de ses entreprises, la question du passage de réseaux (de boucle locale) en cuivre aux réseaux en fibre sur le territoire est en suspens. Le fait que le réseau cuivre appartienne à l’opérateur historique France Télécom ralentit la transition, ce qui risque de pénaliser la compétitivité des entreprises françaises sur le long terme.

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Jérôme Tullier est détenteur d’un Master 2 en Économie des Marchés et des organisations obtenu à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Toulouse. Il s’est ainsi intéressé à l’économie, l’économétrie, l’économie industrielle, la politique de la concurrence, la régulation et l’économie des réseaux. Il est aujourd’hui chargé de missions dans un cabinet réputé de conseil en stratégie concurrentielle et d’innovation.

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